House of Cards : que valent les premiers épisodes de la saison 5 ?

Geoffrey Crété | 1 juin 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 1 juin 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Bilan des cinq premiers épisodes de la saison 5 de House of Cards, disponible sur Netflix depuis le 30 mai.

La brillante saison 4 s'était terminée avec une image glaçante : Claire pénétrait l'espace privilégié installé entre Frank et le spectateur, en lui adressant pour la première fois un regard complice. Coincé, désarmé, asphyxié, le couple présidentiel refusait de mourir. A la place, les Underwood décidaient de survivre, à n'importe quel prix - la vie d'un prisonnier décapité par des terroristes, ou celle d'une nation entière. Ils déclaraient ouvertement la guerre à un ennemi terrifiant pour reconquérir et anesthésier le pays, rallonger leur espérance de vie et protéger leurs ambitions.

Une conclusion d'une violence inouïe, qui annonçait une cinquième saison brutale et palpitante, notamment marquée par le départ du créateur et showrunner de la série, Beau Willimon, remplacé par Frank Pugliese. Mission accomplie ? Premiers éléments de réponse dans les cinq premiers épisodes. 

ATTENTION SPOILERS SUR LES CINQ PREMIERS EPISODES

 

Photo Robin Wright, Kevin Spacey

 Kevin Spacey et Robin Wright : roi et reine de House of Cards

 

L'ART DE LA GUERRE 

Dès les premières minutes, difficile de ne pas trembler face à la dimension terrifiante car de moins en moins surréaliste de House of Cards. Menacés par un scandale qui risque de révéler leurs vrais et monstrueux visages aux Américains, poussés vers la sortie par des élections face à un adversaire retors, les Underwood ont abattu leurs dernières cartes sauvages.

D'un côté, il y a Tom Hammerschmid, journaliste du Washington Herald déterminé à révéler les crimes et délits de Frank Underwood, aidé par ses anciens sous-fifres Jackie Sharp et Remy Danton. De l'autre, il y a Aidan Macallan, un analyste qui a mis les données de surveillance des citoyens au service de leur campagne, mais qui perd le contrôle des opérations lorsque le FBI et le département de la Sécurité intérieure des États-Unis en prennent le contrôle pour traquer les terrorites. Sans oublier Will Conway, candidat républicain vorace qui affronte Underwood aux élections. Toute ressemblance avec une quelconque réalité, aux Etats-Unis ou ailleurs, n'est pas fortuite.

 

Photo Kevin Spacey

 

Animaux blessés mais pas apeurés, Frank et Claire sont désormais lancés dans la course à la terreur pour endormir le peuple. Une manoeuvre désespérée mais une diversion monumentale orchestrée par le couple, plus déterminé que jamais. De l'opinion publique que Claire essaie de terrifier pour mieux charmer, au Capitole où Frank s'impose avec un odieux sens de la mise en scène ("Je ne me rendrai pas !", suivi d'un regard caméra évocateur), la mission est simple : utiliser le monstre terroriste (appelé ICO dans la série) pour prendre l'Amérique en otage.

Les attaques contre "une presse bruyante", les tentatives de diversion immondes, l'utilisation grotesque des médias dans la dernière ligne droite de la campagne, les cyber-attaques, les attentats sur le sol américain : difficile de ne pas trembler face au miroir de moins en moins déformant tendu par House of Cards.

 

Photo Kevin Spacey

Le Frank de Kevin Spacey serait-il en train de perdre la bataille ?

 

NO FUTURE

Si le début de cette cinquième saison souffre de quelques baisses de rythme et d'une passion moins dévorante que l'année précédente, elle n'en demeure pas moins passionnante. Peut-être parce que la guerre des Underwood est désormais publique et ouverte, plus concrète et grandiloquente, House of Cards perd de son charme vénéveux, nourri par des messes basses et des manipulations silencieuses. Les manigances dans les couloirs et les affrontements derrière les portes ont laissé place à un champ de bataille plus global et donc, moins envoûtant et mystérieux.

En cinq épisodes, le couple déplace étale ainsi cette terreur cynique sur tout le paysage. Dans les médias, dans les couloirs de la Maison blanche, dans les bureaux de vote, dans le coeur des citoyens. Peut-être au prix d'une certaine finesse, la série laisse les Underwood déballer le chaos avec une froideur néanmoins proche de l'hystérie. Le scandale sera étouffé, la guerre sera déclarée, les élections seront sabotées. La victoire s'éloigne peu à peu, les rats quittent le navire, la forteresse se fissure, mais Frank et Claire s'accrochent au pouvoir avec une ténacité pathologique.

 

Photo Neve Campbell, Michael Kelly

Neve Campbell et Michael Kelly, au premier plan dans la saison 5

 

Mais cette énergie déployée au service de leur ambition a heureusement des conséquences noires. Au détour d'une scène, Doug pose un regard nouveau sur son cher Frank. Au contact de Macallan, LeAnne (Neve Campbell, qui tient un rôle plus important cette saison) exprime une peur d'autant plus intéressante qu'elle est cachée derrière sa mauvaise foi. Les barrières du couple tombent ou tremblent les unes après les autres.

Lorsqu'un plan montre les visages de Frank et Claire sculptés dans une citrouille d'Halloween, il y a cette idée qu'ils sont deux fantômes destinés à hanter le pays de l'oncle Sam, à nourrir l'inconscient collectif comme deux ogres tapis dans l'ombre de la Maison blanche (la scène folle où ils contemplent l'idée des 15 prochaines années au pouvoir), à l'abri des soupçons de la grande démocratie occidentale. L'anecdote sur l'ancêtre de Frank, qui a survécu à sa manière, insiste sur le caractère presque mythologique de ces monstres, qui semblent déjà être de l'ordre du fantasmagorique lorsqu'ils se lancent dans un numéro de doublage en direct d'Assurance sur la mort de Billy Wilder.

 

Photo Robin Wright, Kevin Spacey

Le couple Underwood va t-il imploser ?

 

ÉCLAIRE DE GÉNIE

Ce n'est certainement pas anodin si c'est le visage de Claire, face caméra, qui ouvre cette saison 5. Devenue farouche rivale de son époux dans la saison précédente avec ses ambitions politiques, elle a négocié dans la douleur une place sur le ticket des élections comme vice-présidente. Le couple s'est reformé, certes, mais la séparation a semble t-il créé une véritable et profonde brèche dans la citadelle Underwood.

En cinq épisodes, House of Cards place Claire comme le futur des Underwood. La fille de la victime du terroriste qui chuchotte à l'oreille de Frank qu'elle souhaite sa mort pour que son épouse le remplace, le regret des ses larmes pour son image à l'église, sa place dans les sondages d'opinion publique et aux yeux des politiciens : alors que le chaos se répand au-delà du contrôle et ronge leur équilibre, Claire se présente comme la seule issue possible pour la survie du virus Underwood. L'image du morphing des deux visages, où les traits de l'un disparaissent dans ceux de l'autre, suggère habilement ce glissement qui semble inéluctable, et terriblement excitant.

 

Photo Robin Wright

Robin Wright vole encore une fois la vedette 

 

Amusant d'ailleurs de noter les parallèles entre House of Cards et Veep, l'autre grande série politique de l'époque, qui met elle aussi en avant une figure féminine odieuse et une grotesque histoire d'égalités dans les votes qui plonge les élections dans un tunnel d'incertitudes dans sa cinquième saison. Lorsque dans une scène, Claire entend qu'elle représente l'avenir politique souhaitable, notamment parce qu'elle est une femme, la série évoque de grandes questions posées à répétition lors des dernières élections américaines et françaises.

Après cinq épisodes, Claire Underwoord semble plus que jamais présidentiable, prête à dévorer le pays, à commencer par son mari. L'échec de son attaque frontale dans la saison 4 lui a certainement servi de leçon, et sa prochaine frappe pourrait être bien plus sournoise et lourde. Le personnage de Robin Wright serait donc l'avenir des Underwood mais également de la série elle-même, qui a redémarré de manière plus sage avec cette cinquième saison. La machine s'est doucement remise en route après quelques heures, et Claire pourrait bien être le grand joker attendu dans House of Cards, qui mérite mieux que de se répéter et ronronner. 

Réponse dans les prochains épisodes, et prochainement dans un dossier sur l'intégralité de la saison 5.

 

Affiche

 

Poster

 

 

Tout savoir sur House of Cards

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
rene
03/06/2017 à 17:25

c est mon tour prononcé par claire à la fin de la saison 5 laisse la porte ouverte à une saison 6 excellent

ATS
02/06/2017 à 09:41

j'adore house of cards mais la saison 5 ou peux être la 4 serait pas la saison de trop ?
les acteurs sont toujours parfait.
le scénario actuelle
la réal au oignions

mais il manque un petit truc qu'il été la au début.

Finnigan
01/06/2017 à 19:40

Bah faut pas s'exciter p'ti Jean marc. T'aimes pas, c'est bien ton droit. Mais je vois pas en quoi c'est constructif de venir déballer ton agacement comme ça, surtout que réduire à "oh qu'ils sont méchants", ça me ferait bien dire que tu ne vois que la lecture simpliste.

Jean marc tout court
01/06/2017 à 19:34

Série qui était bien partie (quoi que) mais qui en a trop fait, on tombe dans le cliché, le ridicule et le n'importe quoi

Bouhouhou qu'ils sont méchants Franck et Claire, ça vous plait n'est-ce pas ?