Lost - Saison 5

Jonathan Deladerriere | 29 juin 2009
Jonathan Deladerriere | 29 juin 2009

Trois ans après les événements qui marquèrent la fin de la quatrième saison, Lost est de retour sur les écrans pour ce qui s'annonce comme l'un des plus beau casse-tête télévisuel de l'Histoire.

Diffusée entre le 21 janvier et le 13 mai 2009, la cinquième et avant-dernière saison de la série multi-récompensées (Golden Globes, Emmy...) fait un retour fracassant, tant au niveau du changement de cap qu'elle opère qu'aux nouvelles problématiques qu'elle développe.

 

La cinquième saison de la série crée par Jeffrey Lieber , J.J. Abrams et Damon Lindelof narre donc les aventures des rescapés du vol 815 d'Oceanic Airlines en 17 épisodes, compensant les 14 de la saison précédente, grève des scénaristes oblige. Se déroulant trois ans plus tard, celle-ci demande au téléspectateur un effort et une concentration plus que nécessaire sous peine de se retrouver totalement largué par les intrigues à tiroirs entremêlées de caméos et autres flash-forwards qui auront sûrement raison des moins assidus.

 

                    

 

 

Les analepses sont donc de retour, en parallèle de flashes temporels dont les conséquences  sur certains personnages seront autant de nouvelles énigmes s'ajoutant à un scénario diabolique.

Le formidablement interprété Benjamin Linus doit donc ramener sur l'île Jack, Kate, Sayid, Sun et Hurley, alors que sur celle-ci certains ont trouvé un semblant de normalité dans leur existence. Par ailleurs, depuis que le mécanisme de l'île a été endommagé, celle-ci effectue des bonds temporels dangereux pour certains protagonistes. Enfin, tandis que certains, de retour sur le continent tentent de redonner un sens à leur vie (Kate, Sayid, Hurley.) d'autres ne sont animés que par la vengeance ou totalement anéantis par l'île, persuadés d'avoir inachevé une mission qui les dépasse. À ce titre, le retour d'un des meilleurs personnages de la série va changer la donne...

Force est de constater que le but affiché de la série fonctionne toujours, à savoir rendre le spectateur accro et que celui-ci continue à suivre les aventures de ses personnages favoris.

Dans cette saison, certains personnages comme Sawyer prennent de plus en plus d'importance tandis que des épisodes font d'autres protagonistes des personnages plus transparents qu'à l'accoutumée, tels Jack ou Kate. L'enjeu dramatique et l'empathie pour les acteurs de ce grand échiquier machiavélique emportent l'adhésion dès le départ tant leur jeu et le développement de leur psyché sont ici efficacement mis en scène.

On pense également à certaines rencontres au sommet ou à un scénario qui, bien qu'alimentant certaines informations jusqu'à l'écœurement, distille parfois de vraies surprises.

Ainsi, on se prend au jeu à imaginer si nos personnages, en tentant de modifier le futur en interagissant dans le passé ne vont pas provoquer ce qu'ils cherchaient à éviter !

Ajoutez à cela certaines réponses très attendues, notamment sur l'identité de Jacob, certains thèmes récurrents de la série comme le rapport au père toujours aussi présent ou le sacerdoce que vivent certains dans leur rencontre avec l'île et vous ne pouvez être entièrement déçu par cette nouvelle saison. Ceci étant, cette nouvelle mouture n'est pas exempte de défauts.

     

              

 

On pourrait tout d'abord lui reprocher un rythme effréné qui, bien que salutaire à certains moments (on pense au sublime dernier épisode), peut parfois jouer en sa défaveur tant il jure avec le reste de la série.

L'hécatombe de certains personnages importants, la résurrection d'autres, sont une manœuvre scénaristique un peu trop facile pour alimenter de façon continue le show en twists en tous genres.

De plus, le concept de synchronicité (relier l'occurrence de certains événements par le sens et non la cause) : par exemple l'ours polaire qui attaque les rescapés lorsque Walt lit une BD avec un ours polaire, ajouté aux bonds temporels éparpillant l'intrigue à des époques différentes, provoque une certaine confusion chez le téléspectateur. Celui-ci doit en effet garder la mémoire fraîche sur tout ce qui s'est passé précédemment s'il veut plonger au cœur du récit sans avoir l'impression qu'on le prend pour une vache à lait. On a donc parfois le sentiment qu'on étire délibérément la durée de la série en l'alimentant de concepts compliqués et de retournements de situations inutiles. C'est le principal reproche que l'on peut faire à cette cinquième saison qui ne s'adresse donc plus aux néophytes mais aux vrais initiés.

 

           

 

Car en effet la musique de Michael Giacchino qui n'a rien à envier à une vrai partition de cinéma, un dernier épisode dantesque, les intrigues entremêlées à la Collision, un rythme effréné ou des clins d'oeils à répétition à quelques grands classiques du 7ème art (La Planète des Singes, Retour Vers le Futur...), sont autant de morceaux de choix pour une série réalisée de main de maître

 

Malgré cela, il est possible que le soufflet déjà sérieusement retombé (à l'instar de Heroes ou Prison Break) ne s'essouffle totalement si l'ultime saison n'apporte pas de réponses claires et définitives, à moins que les créateurs ne veuillent un final dans l'esprit de celui du Prisonnier.

 

             

 

Lost saison 5 fait donc un vrai plongeon dans le fantastique, met en place certaines pièces de son puzzle, celles-ci étant autant les personnages que certains lieux ou époques. Le temps est loin où l'on se demandait où ils étaient, quelle était cette fumée noire ou la raison de l'improbable présence de ce fameux ours polaire. Sans y avoir donné de réponses Lost a continué à asséner deux nouveaux questionnements pour une révélation et cela commence à devenir réellement frustrant. Le scénario s'en ressent et le parti pris de cette cinquième saison révèle que les scénaristes commencent à prendre en considération le fait que la série n'est pas que leur jouet mais aussi un feuilleton destiné a des millions de personnes. Dans une récente interview, ceux-ci annonçaient que le final qui clôturerait le show serait déstabilisant et inattendu. Espérons que celui-ci ne soit pas une vulgaire farce sous peine de réduire la portée émotionnelle d'un des show les plus malins de ces dix dernières années.

 
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