Veronica Mars - Saison 1

Vincent Julé | 9 mars 2007
Vincent Julé | 9 mars 2007

« A long time ago, we used to be… » Si vous ne connaissez pas la suite du tube pop (acidulée) des Dandy Warhols, le générique de Veronica Mars vous le rappellera volontiers, avant de vous trotter dans la tête pour le reste de la journée. Un peu à l'image de la série et de son héroïne, à vrai dire. Lancée confidentiellement entre les mastodontes Lost et Desperate housewives en 2004 sur une chaîne mineure, UPN, la série a rapidement convaincu les critiques, avant de rassembler un public large et fidèle. En France, les présentations ont eu lieu mercredi 8 mars 2006, à 20h50 sur 13e Rue, avant une diffusion prévue sur France 2 et finalement concrétisée sur M6 en quotidienne à partir du 19 février 2007.

 

 

Si son générique est direct, sommaire, rafraîchissant, rien ne laissait présager que Veronica Mars fut LA surprise télévisuelle de la saison 2004-2005 aux États-Unis. Le premier épisode, « Mars Investigations », rend compte d'une écriture irréprochable mais d'une narration dense, laborieuse. Cette première photographie de la faune de Neptune (la ville où se déroule l'action de la série) aux travers des yeux de Veronica et du petit nouveau Wallace est séduisante, grâce entre autres à ce soupçon de Twin Peaks lié au meurtre de Lilly Kane, la meilleure amie de Veronica. Mais les connections entre les différents personnages semblent si complexes, que quarante petites minutes ne suffisent pas à happer complètement le spectateur. Presque une dizaine d'épisodes seront nécessaires pour que l'univers de Neptune soit complètement connu, reconnu et compréhensible.

 

 

En jouant la carte du mystère de la semaine à l'image de X-Files ou Smallville, la série prend son temps pour installer les différents tenants et aboutissants de l'arc couvrant toute la saison, le meurtre de Lilly, et ainsi ne grille pas toutes ses cartouches d'un coup, ou à moitié de saison (qui a dit Lost ? Mais qui a dit Desperate housewives ?). Car la grande force de la série est ne pas faire avancer son intrigue principale par à-coups, mais bien de manière diffuse. Le mystère de la saison parasite ainsi tous les épisodes, et se décline même en plusieurs autres, comme autant de pièces d'un même puzzle. Pour une fois, le spectateur n'est pas pris pour un imbécile, et même si les plus attentifs auront peut-être trouvé l'identité du vrai coupable avant le sprint final, ils devront attendre le tout dernier épisode pour en avoir la confirmation à l'écran.

 

 

La série offre donc du temps, mais pas de l'ennui, à ses intrigues pour se développer, et à ses personnages pour s'épanouir. Il ne faut pas oublier que Veronica Mars reste un « teen show », et donc que les relations entre les personnages prédominent. Et nouveau coup d'éclat, car si la plupart des « teen shows » rentabilisent les valses-hésitations et autres échanges de partenaires, la série économise ses personnages. À part Veronica, omniprésente, les autres sont toujours utilisés à bon escient, et peuvent ne faire qu'une courte apparition dans un épisode si nécessaire. Oubliées, les sous-intrigues indigestes de Dawson's Creek ou The O.C. / Newport Beach, dont l'unique raison d'exister est de donner du temps d'antenne aux acteurs crédités au générique. Ne croyez pourtant pas que vous échapperez à l'incontournable triangle amoureux. Heureusement, le créateur de la série, Rob Thomas, sait où il met les pieds. Il a fait ses gammes sur Dawson's Creek, où le triangle amoureux entre Dawson, Joey et Pacey a plus ou moins signé l'arrêt de mort de la série, d'un point de vue scénaristique du moins.



 

Mais le passé télévisuel de Rob Thomas ne se résume pas à la série adolescente, aussi réussie soit-elle. Il se trimballe en effet une réputation de surdoué de la plume, et s'est vu offrir par David E. Kelley (The Practice, Ally McBeal, Boston legal) les rennes de sa série Snoops. Cette collaboration ne se fera finalement pas, pour cause de « divergences artistiques » et, à la vue du résultat (catastrophique), il n'est pas difficile de se faire une idée de ces fameuses « divergences ». C'est l'arrivée providentielle de Joel Silver, The Joel Silver, dans la carrière de Rob Thomas et sur le projet Veronica Mars, qui permettra à un pari audacieux (une série adolescente policière signée par un quasi-inconnu et diffusée sur la moins connue des chaînes) de connaître un tel destin. Un histoire de confiance et de talent.

 

 

Ne commençons pas à crier à tue-tête que Veronica Mars est une série instantanément culte. Ne la comparons pas non plus trop à Buffy, malgré des liens évidents dans le fond ou à l'écran (Alyson Hannigan en première saison et Charisma Carpenter en seconde). Concluons juste en disant que Veronica Mars est une série hautement fréquentable, hautement fréquentée et qu'elle est l'une des rares à avoir relevé le défi de la seconde saison. De quoi donner envie d'engloutir la première, non ?

 

 

 

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Les personnages

 

Veronica Mars (Kristin Bell)
Du haut de ses 17 ans et de son mètre cinquante-cinq, Veronica avait tout pour être la reine du lycée. Belle, intelligente, pom-pom girl, petite amie du garçon le plus populaire du lycée, et fille du shérif. Malheureusement, cette réputation est totalement remise en cause par le meurtre de sa meilleure amie Lilly, et l'entêtement de son père à vouloir accuser Jake Kane, le propre père de Lilly et homme très influent à Neptune. Les conséquences sont dramatiques : son père est forcé de quitter la police, son petit ami Duncan, et accessoirement frère de Lilly, la quitte, ainsi que sa mère. Un véritable drame familial. Et comme si cela ne suffisait pas, elle vit avec le douloureux souvenir, ou plutôt son absence, d'une soirée arrosée. Mise au banc de la communauté avec son père Keith, elle s'est en apparence accommodée de sa nouvelle étiquette de paria, et n'hésite pas à profiter du nouveau boulot de son père pour jouer aux détectives en herbe dans les couloirs du lycée.

Que dire sur Veronica, si ce n'est que l'actrice Kristin Bell EST Veronica Mars, le personnage mais aussi la série. De mémoire de spectateur averti, rarement une héroïne n'avait paru aussi charismatique. Notre blondinette dévore littéralement l'écran et porte chaque épisode sur ses frêles épaules. Malicieuse, sexy, « caméléonne », fragile, débrouillarde, tête de mule, coeur d'artichaut… Veronica est tout ça, et un peu plus. Un grand personnage, une grande actrice.

Révélation de Veronica Mars, Kristin Bell était déjà un peu celle du film Reefer madness, où elle reprenait son rôle de Mary Lane, interprété sur scène dans la comédie musicale éponyme. Après des débuts à Broadway en 2001, elle apparaît dans plusieurs séries (The Shield, American dreams, Everwood, Deadwood), et devrait faire reparler d'elle dans Pulse, le remake américain de Kaïro.

 

 

Wallace Fennel (Percy Daggs III)
Fraîchement débarqué à Neptune High, Wallace peut être considéré comme un guide pour le spectateur. Élément introducteur plus que perturbateur, il se lie très vite d'amitié avec Veronica et découvre peu à peu l'univers et les secrets de Neptune. Malgré son dynamisme et sa bonne humeur, l'empathie ne sera jamais totale, et glissera doucement mais sûrement sur Veronica. Il n'en reste pas moins un pilier de la série, et son amitié sans ambiguïté avec Veronica est indéniablement l'une des qualités précieuses de cette première saison.

Percy Daggs décroche avec Veronica Mars son premier vrai rôle dans une série, après plusieurs apparitions dans d'autres : NYPD Blue, Boston public, Freeks & Geeks

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Duncan Kane (Teddy Dunn)
Fils de Jake et Celeste Kane, et donc frère de Lilly, Duncan est l'ancien petit ami de Veronica. D'apparence calme et effacée, voire superficielle, il cache en fait une personnalité dérangée se manifestant par desvexplosions de violence. Conséquences directes du meurtre de sa sœur, auquel il aurait assisté… mais black-out total. Estampillé « boulet » de par son rôle d'insensible, et un peu à cause du jeu monolithique de son acteur, Duncan prend heureusement de la saveur dans la deuxième partie de la saison.

Très courte filmographie que celle de Terry Dunn, où se battent en duel un guest dans Gilmore girls et une apparition dans Un crime dans la tête.

 

Logan Echolls (Jason Dohring)
Fils du célèbre acteur hollywoodien Aaron Ecchols, Logan est le meilleur ami de Duncan, et surtout le petit ami de Lilly. Traumatisé par la mort de celle-ci, il entre dans une spirale autodestructrice et revancharde, au détriment de sa famille et de ses amis. Veronica est d'ailleurs vite devenue la cible préférée des attaques de sa bande. À l'inverse de Terry Dunn, il faut accorder un certain crédit au jeune acteur Jason Dohring, qui fait de Logan un salopard de première. Du moins a priori, car derrière cette cruauté se cache en fait un cœur gros comme… Afin d'éviter les clichés éculés sur la figue du faux bad boy (Watcha gonna do ?), disons plutôt qu'il dissimule une certaine complexité, derrière son insolence élevée au rang d'art.

Jason Dohring a roulé sa bosse à la télévision avec quelques films obscurs et surtout une multitude d'apparitions dans autant de séries : Alerte à Malibu, Once & Again, Roswell, JAG, Boston public, Cold Case

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Eli « Weevil » Navarro (Francis Capra)
Leader d'un gang de motards latinos, Weevil est un peu la caution « racaille » de Neptune. Il cherche surtout le respect pour lui et les siens, ce qui lui vaudra quelques échauffourées avec les gosses de riches, et plus particulièrement Logan. De quoi le rapprocher de la cause de Veronica à travers des échanges de bons procédés. A priori à l'écart, se pourrait-il qu'il ait une connexion avec la grande famille « neptunienne » ?

Il s'agit bien d'un descendant du célèbre Frank Capra (son arrière-petit-fils pour être exact), et c'est en toute logique qu'il traîne depuis près de dix ans sur les plateaux, des produits DVD aux séries, avec cette fois-ci : Walker Texas Ranger, The O.C., Les Experts, F.B.I Portés disparus, Blind justice.

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Keith Mars (Enrico Colantoni)
Ancien shérif de la ville, Keith Mars a été gentiment invité à démissionner de son poste après l'affaire Lilly Kane. Il ouvre alors sa propre agence de détective, Mars Investigations, et avec l'aide de sa fille essaie tant bien que mal de survivre dans la jungle « neptunienne » (quel joli barbarisme, encore une fois ?!). Et malgré la fermeture de l'enquête, il est déterminé à trouver le véritable meurtrier de Lilly. Connu comme « The Best Dad on TV » outre-Atlantique, Keith Mars détonne dans cet univers a priori plutôt adolescent « a priori », car à la manière d'un The O.C. / Newport Beach, la série accorde une importance équivalente aux adultes. Il trimballe ainsi un mélange de gravité et de nonchalance du meilleur effet. Sa relation avec Veronica et l'alchimie entre les deux acteurs réservent souvent les scènes les plus poignantes des épisodes.

Puisqu'il est question de séries télévisées, s'il fallait faire un choix dans la longue filmo du canadien Enrico Colantino, retenons son interprétation du photographe Elliot pendant les sept saison de la sitcom Voilà ! (Just shoot me en VO).

 

 

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