La Petite maison dans la prairie : la face sombre et oubliée de la plus cucul des séries

Déborah Lechner | 25 novembre 2023
Déborah Lechner | 25 novembre 2023

On parle plus souvent des excès de nunucherie de La Petite maison dans la prairie que de ses facettes les plus sombres, en particulier son grand final, qui est l'un des plus nihilistes de l'histoire des séries télé.

Qu'on la voie comme une Madeleine de Proust ou une hostie au cyanure, force est de constater que La Petite maison dans la prairie n'a rien à envier à Game of Thrones, Friends ou Stranger Things en termes de renommée. La création de Michael Landon (papa Ingalls en personne) fait aujourd'hui encore partie des séries les plus cultes de tous les temps, reconnaissable dès les premières notes de son générique bucolique tout aussi culte. 

Mais pour beaucoup, c'est aussi et surtout une oeuvre qui sent moins la fleur que la naphtaline, avec une solide réputation de feuilleton niais pour les culs bénis qui lui a valu son lot de moqueries et parodies au fil des années ("La Petite Maison dans la niaiserie" des Nuls, pour ne citer qu'elle). 

Difficile en effet de ne pas reconnaître la nunucherie ambiante et les innombrables prêches moralisateurs qui virent à la crise de foi(e), notamment avec son patriarche auréolé et canonisé. Pourtant, entre les bêtises de Laura, les allers-retours à l'école et les tirages de couettes de Nellie se cachent des épisodes bien plus graves et cruels, jusqu'au dénouement d'un nihilisme inattendu.

 

 

Dur, dur d'être pionnier 

À l'origine déjà, La Petite maison dans la prairie n'avait rien de très lisse ou insupportablement candide. La série télé commencée en 1974 est l'adaptation idéalisée, voire même idyllique, des huit romans autobiographiques de Laura Ingalls Wilder, tous devenus des classiques de la littérature jeunesse aux États-Unis.

Mais cette histoire couchée sur papier est elle-même une version tronquée et romancée de la vie de l'écrivaine et de sa famille de pionniers, qui n'a pas grand-chose d'un conte pour enfants. Tout le monde n'était donc pas aussi gentil et bienveillant à Plum Creek et Walnut Grove, notamment Caroline Ingalls, qui pouvait être raciste sur les bords, et Charles, qui occupait illégalement des terres Osages en plus de participer à des milices pour dérouiller du "voyou". 

 

La Petite maison dans la prairie : photoAu loin, des Indiens qui se font massacrer

 

Au départ, Laura avait pourtant rédigé un premier manuscrit bien plus authentique, intitulé Pioneer Girl. Celui-ci n'a cependant pas trouvé preneur dans les maisons d'édition qui le jugeaient trop sombre et désagréable, avant qu'il soit finalement édité en 2014 aux États-Unis. Laura Ingalls Wilder, avec le soutien de sa fille Rose, a donc commencé à réécrire son enfance, laissant de côté les événements les plus dérangeants pour ne garder qu'un récit ampoulé valorisant le dur travail, l'endurance et la solidarité des pionniers américains du 19e siècle. Son histoire se déroulant durant la Conquête de l'Ouest, les conditions de vie étaient en effet bien plus rudes, désespérées et parfois humiliantes que ce que la série ou les livres le laissaient croire. 

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commentaires
Haaton1er
28/11/2023 à 23:11

Quand je vois les références en cliquant sur le nom de la jeune femme qui a écrit l'article je comprends mieux
Nan un bac L ne te permet pas de changer la réalité/te sortir de toutes les situations avec une phrase bien tournée

Franken
28/11/2023 à 20:00

..... Nekromantik....

Et en passant, je me souvient avoir découvert cette fin sur la tard, par hasard. Avec quelques années de recul, comme souvent avec les programmes de notre enfance.
Une fin tonitruante qui résume la serie. Finalement, qu'importe les bons sentiments et les prêches, tout finira mal ! :D

Franken
28/11/2023 à 19:44

C'était finalement une bonne série pour l'enfance.
Avec suffisamment de bons sentiments pour rassurer les morveux que nous étions tous, mais cruel et violent comme un conte. Ce qui faisait dailleurs que le public y revenait.

Évidemment, d'un point de vue adulte, tout cet enrobage de mièvrerie et de bigoterie est affreusement ecoeurant.

Mais tout adulte normalement constitué préfèrera boire du vin, citer Nietzsche et s'amuser d'un joyeux petit Nekromentik que de se refarcir un épisode avec les Ingalls...
Ouf !

alulu
28/11/2023 à 15:50

@rientintinchti2

C'est vrai qu'elle véhicule des valeurs nobles mais ça reste cucul. Un sermon du pasteur et tout roule, si tout pouvait être aussi simple dans la vie comme dans cette série. Arnold et Willy, prêche aussi les mêmes valeurs mais je trouve que la série s'en sort un peu mieux ce coté-ci. Et puis accepter, qu'une série puisse éduquer me pose problème pour plusieurs raisons mais je ne vais pas m'attarder dessus. Et puis, je ne vais pas t'apprendre que c'est aux parents de faire le taf. Après pour la question du cynisme, si beaucoup sont friands de séries ou de films que tu qualifies d'outranciers, je suppose qu'il est plus intéressant pour un adulte de visionner un tel programme que des téléfilms de Noël qui sont en quelque sorte les héritiers de La petite maison dans la prairie. Ou, ça dégouline aussi de bons sentiments. Je serais un auteur, je crois que j'aurais plus de plaisir à fignoler un perso avec des travers qu'un perso tout lisse à la Ingalls. Après pour la coupe de BHL, du fromage et tout le tralala......qu'est ce que tu peux faire dans le fond, rien. Un truc que tu ne peux maîtriser. Plus à espérer pour toi, pour les autres, je ne sais pas, que tu te réincarnes en dictateur de la pensée et des modes vestimentaires dans une prochaine vie. Mais, comme on dit, l'enfer est pavé de bonnes intentions.

rientintinchti2
27/11/2023 à 20:02

Excellente série humaniste qui véhicule des valeurs fortes. Famille, entraide, solidarité, respect etc.
Aujourd'hui certains disent que c'est niais juste pour suivre la conjoncture et la jouer sex, drug and rockn'roll avec une pointe de Nietzche etc. Ils ont canonisé le cynisme et jouent les blasés.
Beaucoup accusent la série d'être niaise mais en même temps ils canonisent des films outranciers juste parce qu'ils sont outranciers alors que ce sont des daubes infectes.
Puis en plus ils leur trouvent toutes les justifications artificielles à la mode genre esthétique baroque, lumières néons, référence à Cioran ou autre bidule machin chose, symbolisme greco-romano sumérien.
Le genre intello branché parisien avec jean, blazer et richelieues, coiffure branchée d'inspiration 19ème siècle/BHL (puisqu'on parle d'imposture je ne pouvais pas ne pas le citer). Le genre à se lancer dans de grandes tirades pompeuses en mangeant du manchego sur une table haute dans un bar branché tout en buvant un bon ptit verre de vin pour aller avec la panoplie et pour se la jouer connoisseur épicurien.
Et vas-y qu'ils te citent des scènes de films stériles en y allant de tous les adjectifs mélioratifs.
Des trucs genre:
Exemples: La filmo de Gaspard Noé, Claire Denis, La chasse (avec Pacino), Nekromantik (il y a un article que je viens de lire au sujet de ce film sur le site) etc.

alulu
27/11/2023 à 18:12

Toujours mieux que la série avec la femme médecin....je me souviens plus du titre. Ils étaient tellement pauvre qu'ils payaient le docteur avec des œufs dans mes souvenirs. C'était cucul la praline mais le casting était top, Nelly, tu savais direct que c'était une chieuse, idem, pour la mère. Un cast parfait.

Barnabé Scherelle
26/11/2023 à 11:12

"voire même" -> pléonasme, "voire" signifiant "et même"

Anderton
26/11/2023 à 01:14

@Victor French : sans compter l'alcoolisme d'Edwards et la perte de son fils aîné, la mort des parents de James (joué par Jason Bateman) et Cassie sous leurs yeux... Finalement pas si niais, hein EL ?! Il y avait un peu de tout dans cette série, ce qui permettait de rassembler toute la famille devant le poste de TV à tube cathodique dans les années 80, 90, à des heures de grande écoute sur M6 !

Victor French( Victor Français)
25/11/2023 à 20:21

Pas abonné aux articles. Donc j'ignore la suite de l'article.

Attention spoil:

Le meurtre incestueux de la copine d'Albert, Albert qui finit drogué et qui meurt d'une leucémie. Marie qui perd la vue, son bébé meurt dans un incendie avec Alice Garvey. Laura qui perd également son bébé. Adam (Linwood Boomer le papa de la série malcolm) qui recouvre la vue, sa femme Marie le prend mal. Nelly et Nancy Oleson symboles du harcèlement et fondatrices de la racaille attitude. Sans oublier Walnot Grove enterré grâce à la dynamite. Certes niais par moment , mais avec le recul certains épisodes étaient Hardcore et nihilistes effectivement. Bon c'était une série par moment ultra réac. Mais comme on se fait vieux on le devient tous un petit peu .

Choupette
25/11/2023 à 20:20

Écran Large ou rétréci à une vision qui correspond au monde actuel....acide, dépourvu de toute conscience morale, individualiste et violent !....je préfére voir et revoir la saga d une d' une famille et d 'une societe qui paraît bien ringarde aux yeux de cette" journaliste", qui,du haut de sa culture éclairée,démonte un monde que nous regrettons par rapport à la violence et à l' 'égocentrisme et la destruction du respect de soi et des valeurs qui nous permettaient de vivre en société...mais il faudrait des lunettes à certains pour remettre une vision affinée au lieu de déverser de la bile....

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