Obi-Wan Kenobi : le retour (sans effort) du Jedi sur Disney+

Antoine Desrues | 30 mai 2022 - MAJ : 30/05/2022 18:12
Antoine Desrues | 30 mai 2022 - MAJ : 30/05/2022 18:12

Attendu comme le retour littéral du Messie, Obi-Wan Kenobi permet à Ewan McGregor de revenir dans la peau du célèbre Jedi. Critique des deux premiers épisodes.

ATTENTION : légers spoilers !

Osons le dire tout de suite : le début d’Obi-Wan Kenobi a des airs de petite déception. Passée la peinture volontairement répétitive du quotidien lénifiant du Jedi déchu, exilé sur Tatooine après les événements de La Revanche des Sith, le pilote traîne sérieusement la patte. On a fini par prendre l’habitude avec les séries Disney+, mais ce cas précis paraît d’autant plus problématique que le projet a longtemps été pensé comme un long-métrage.

Il faut donc une heure à Deborah Chow (réalisatrice de plusieurs épisodes de The Mandalorian) pour simplement retracer les premières étapes du parcours héroïque campbellien, et plus particulièrement le refus de l’appel à l’aventure, puis son acceptation. Alors certes, il faut saluer ce retour aux origines lancinantes du premier film de George Lucas, mais le sentiment de réchauffé l’emporte sur cette introduction laborieuse.

 

Star Wars : Obi-Wan Kenobi : photoSe retenir d'écrire "Hello there !" à chaque légende

 

Obi-One More Time

Cela étant dit, il faut bien reconnaître que l’auteur de ces lignes a fléchi le genou avant même d’appuyer sur le bouton "play" de sa télécommande. Au-delà de la nostalgie évidente d’une prélogie enfin investie par Disney, Obi-Wan Kenobi a pour elle le retour d’Ewan McGregor dans le rôle du maître Jedi. L’intelligence de la série, c’est qu’elle a conscience de ce cadeau, et privilégie un postulat anti-spectaculaire, pour mieux faire de son comédien l’attraction principale et le centre de gravité de la mise en scène.

À ce titre, Obi-Wan enterre sans aucune difficulté Le Livre de Boba Fett, notamment dans sa gestion du StageCraft, le fameux studio recouvert de LED, et donc de décors en images de synthèse pour remplacer les fonds verts. Là où le spin-off de The Mandalorian se perdait dans une série d’aplats chiants comme la mort, où les corps agissaient dans l’espace comme des pantins désarticulés (ou des figurines sans âme, au choix), Deborah Chow tridimensionnalise la solitude de son héros rongé par la culpabilité. La réalisatrice s’accapare le désert de Tatooine pour souligner à chaque instant le désarroi de son héros esseulé, et raccorde toujours au bon moment pour tirer le meilleur de ses gros plans.

 

Obi-Wan Kenobi : Photo Ewan McGregorObi le hobo

 

Dès lors, les plus beaux moments de la série ne proviennent jamais de ses moments attendus ou de ses révélations, mais de ses détails. Avec une simplicité qui n’en est que plus touchante, la caméra est inspirée par la moindre micro-expression d’Ewan McGregor, et par ses rides qui incitent à voir que le temps a passé.

Par rapport aux trois quarts des legacyquels qui refusent de voir les héros d’antan grandir ou vieillir, Obi-Wan a quelque chose de l’ordre de la pulsion de mort, du regard sur un personnage qui n’est plus rendu immortel. Au contraire, en réinvestissant le corps de McGregor, l’icône perd de sa permanence, et la troque contre la possibilité de faire de son comédien l’interprète définitif du maître Jedi, en lui offrant le plus beau des masques funéraires.

 

Star Wars : Obi-Wan Kenobi : photoNobody expects the Sith Inquisition !

 

High and Low grounds

Il y a dans cette démarche un joli retour de Star Wars à une donnée organique, alors même que ses productions se battent depuis un moment contre un effacement total du corps au profit du numérique. Si la mise en scène de Deborah Chow est en la matière assez solide (bien que handicapée dans des scènes d’action mal montées), elle est surtout épaulée par le talent du chef opérateur Chung Chung-hoon (collaborateur fétiche de Park Chan-Wook, qui a travaillé récemment sur Last Night in Soho) qui fait des merveilles lorsqu’il s’amuse avec les néons de la planète Daiyu.

Pour autant, cela n’excuse pas tout, et Obi-Wan Kenobi ne peut pas s’empêcher de suivre un chemin tout tracé assez rigide, reposant intégralement sur son fan-service et la réiconisation progressive de son protagoniste. En ramenant une jeune Leia dans l’équation, Star Wars perpétue son ancrage dans une trilogie originale dont il lui est impossible de se détacher.

 

Obi-Wan Kenobi : Photo , Moses IngramInquisitrice au bord de la crise de nerfs

 

C’est là que son découpage programmatique en six chapitres peut effrayer, tant il semble façonné sur le modèle d’une rétention aujourd’hui institutionnalisée dans les productions Disney. À force de créer l’attente d’un caméo, d’un twist ou d’une rencontre majeure, les récits s’étendent plus que de raison, en espérant juste relier artificiellement leurs points de jonction.

En tout cas, c’est la sensation douce-amère que laisse en bouche ce premier tiers, qui peine pour le moment à donner une véritable importance aux Inquisiteurs, et plus particulièrement à la quête vengeresse de l’impétueuse Reva (Moses Ingram). Nul doute que les fans nostalgiques auront la mâchoire décrochée face aux promesses à peine dissimulées de la série, du retour de Liam Neeson en Qui-Gon Jinn fantôme au duel tant espéré entre McGregor et Hayden Christensen. Mais derrière le réconfort, on aimerait qu’il y ait un peu d’effort… histoire de raconter quelque chose.

Les deux premiers épisodes d'Obi-Wan Kenobi sont disponibles sur Disney+ depuis le 27 mai 2022.

 

Star Wars : Obi-Wan Kenobi : Affiche officielle

Tout savoir sur Obi-Wan Kenobi

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commentaires
Kikibrestois
22/06/2022 à 16:08

Contrairement à nombre d'entre vous je ne suis ni réalisateur, ni monteur, ni scénariste, ni spécialiste FHX, donc je trouve que la série se laisse bien regarder (mais j'ai tiqué aussi sur la capture dans la forêt quand même), en même temps le simple de revoir obi wan en chair et en os me satisfait, ils auraient pu le filmer 15 épisodes en train de méditer j'aurai regardé (vous me direz que c'eût peut être été plus intéressant car on peut regretter le peu d'exploration de la force de sa part).
Il y avait plusieurs choix possible pour la personnalité d'obi wan à ce stade et la dépression en est un tout à fait plausible, quant au scénario il est contraint, quoi d'autre qu'un événement touchant les petits auraient pu le faire sortir de sa tanière, je m'attendais pas vraiment à un truc incroyable non plus.
Quant à Leia, ils étaient bien obligés de faire correspondre sa personnalité à celle de l'adulte.

Myst
02/06/2022 à 22:07

A mon avis il faut etre un enorme fan et etre tres tres bon public et ne rien connaitre a la réalisation pour apprécier une seconde de cette série... Je m'attendais a rien mais c'est vraiment d'une nullité sans nom. Mou, tout fait faux, les acteurs sont mauvais (a part McGregor), sans rythme, visuellement et artisitiquement pauvre et un scénario banale.

Geoffrey Crété - Rédaction
01/06/2022 à 22:03

@Vulfi

Si je trouve le temps et l'énergie, je fouillerai et partagerai avec plaisir les preuves de ces mea culpa (à peu près sûr que je le reconnaissais déjà volontiers lors de la récente longue discussion), qui ont été eu lieu dans les commentaires depuis un paquet d'années.

Et oui, très chouette idée, avec un principe à l'origine qui l'est encore plus... mais comme souvent, elle doit prendre en compte de nombreux facteurs, avec le réel (de notre côté et du côté des commentaires), comme évoqué lors de précédents échanges. Et je pense que le désarroi est des deux côtés, je peux vous l'assurer, avec quelques années d'expérience Ecran Large dans la panse.

Vulfi
01/06/2022 à 21:54

@Geoffrey Crété - Rédaction

J'informais juste @Pi de mon expérience sur Ecran Large, basée oui en partie sur des échanges avec vous. Echanges avec vous qui ont permis de mettre en lumière vos réalités, vos impératifs, vos enjeux et, de fait, de mieux comprendre votre politique de suppression des commentaires.

Mais ces échanges n'ont pas suffi à justifier pour autant les suppressions abusives qui existent à Ecran Large et ils n'ont pas suffi non plus à les rendre moins "graves" à mes yeux. Dès lors, quand je vois d'autres internautes vivre les mêmes choses pour les mêmes raisons, il y a un partage d'expérience qui s'impose.

Et mon expérience à Ecran Large ne se base pas que sur les échanges avec vous, sinon elle serait bien moins mitigée tant j'apprécie votre travail personnel et votre bienveillance. Elle se base aussi sur des suppressions d'autres commentaires que les miens que je ne cautionne pas, elle se base sur des réponses qui ressemblent bien plus souvent à des attaques qu'à des mea culpa.

Pour le dire autrement, je n'ai jamais lu le moindre mea culpa lié à la suppression d'un commentaire critique à votre endroit mais totalement dénué d'insulte. Là dessus, il ne peut y a avoir que désaccord et c'est effectivement très dommage. Parce que la possibilité d'échanger sur ce site avec d'autres passionné.es, tout comme avec vous, que ce soit des oeuvres culturelles mais aussi du traitement de l'info, est une vraie chouette idée à la base.

Geoffrey Crété - Rédaction
01/06/2022 à 18:44

@Vulfi

On a déjà longuement, très longuement discuté de ça sur le site il y a encore quelques semaines, avec pas mal de temps, de détails et d'échanges pour aborder ce problème sous plusieurs angles, en essayant d'avoir une vue globale et pas au cas par cas - comme vous l'évoquez un peu, il est vrai.

Permettez-moi tout de même de trouver votre résumé un peu simpliste au final, sachant que, encore une fois, si on supprimait les commentaires critiquant l'équipe, on aurait dégagé celui du monsieur plus bas au lieu d'y répondre. On fermerait l'accès sans inscription, on ne répondrait pas, on bloquerait toute critique. On aurait 20 fois mois de commentaires, et on serait comme à peu près la plupart des sites de cinéma.

La condescendance ? Je ne dis pas que nous sommes irréprochables, loin de là (et on a déjà plein de fois fait des mea culpa ou reconnu ça, en rappelant qu'on peut nous aussi être fatigués ou touchés par des insultes à répétition), mais on consacre énormément de temps et d'énergie à échanger avec les lecteurs et lectrices, au quotidien (je vous avais d'ailleurs répondu tard en soirée la dernière fois, pour rappel). Tout ça, la plupart du temps, de manière très sympa, d'où pas mal de fidèles dans nos pages (et pas du tout des gens qui disent amen sur chaque article). Et parfois, en employant le même ton que la personne en face.

Mais j'ai déjà écrit plusieurs longs pavés sur ce sujet, notamment avec vous, donc je ne vais pas tout répéter. Il me semble qu'il y a eu un "gros" incident sur un article, avec pas mal de problèmes et de modération, visiblement des dégâts collatéraux... dont j'expliquais plus généralement les raisons probables en vous parlant de notre quotidien, comme vous l'évoquez. Un cas exceptionnel perçu comme une référence depuis dans vos messages, j'ai l'impression, et je trouve ça très dommage (après, je ne sais pas depuis combien de temps vous nous lisez, peut-être que vous venez d'arriver et que c'était l'un de vos premiers contacts avec l'équipe).
Je rappelle toute fois un "détail" assez important : j'ai déjà dit à de multiples reprises, notamment avec vous il me semble, à quel point on essayait toujours de faire au mieux, de gérer au mieux notre vrai job (les articles) à côté du sale boulot (gérer les commentaires en partie ingérables), de jongler à peu près dignement en apprenant de nos erreurs, manquements et fautes (parce que je rappelais à quel point on nous reprochait à la fois de trop modérer... et pas assez modérer). Je trouve qu'on reste tout de même très présents, très réactifs, alors que je vous assure que ce serait plus simple et même conseillé par la profession d'arrêter, et gérer tout l'espace commentaire comme les autres. Encore une fois, on n'est pas irréprochables, je dis juste : voilà ce que je ressens, de notre côté. Bref, on compte dans tous les cas sur la sympathie et la bienveillance des gens qui veulent que cet espace soit/reste/devienne cool et intéressant, et c'est très largement ce que font les lecteurs et lectrices. Heureusement.

Vulfi
01/06/2022 à 18:34

@Pi

Les suppressions de commentaires sont fréquentes à Ecran Large et la rédaction doit apparemment modérer des propos haineux (racisme, homophobie, misogynie) à longueur de temps : mission ultra énergivore qui, il est vrai, est délaissée par bon nombre d'autres forums internet.

La politique de suppression à Ecran Large étant ce qu'elle est, certaines disparitions peuvent paraître, sinon étonnantes, assez choquantes oui. Elles seraient a priori rares mais les suppressions des commentaires qui critiquent le travail d'un journaliste, quand bien même écrits de manière argumentée et sans insulte, ont effectivement de quoi mettre en colère. Qui plus est quand, en simple internaute, t'es soumis impuissant au pouvoir du censeur.

Si tu fais l'effort de re-poster, re-poster, re-poster le même commentaire non insultant, il finira très probablement par être validé, à l'usure, mais tu recevras le cas échéant ta dose de condescendance oui. Et ça en profitera pour jurer qu'il n'y a donc pas de suppression abusive (en oubliant évidemment que le commentaire en question avait été supprimé les 20 fois précédentes).

Bref, rien de nouveau sous le soleil malheureusement.

Geoffrey Crété - Rédaction
01/06/2022 à 14:47

@Pi

Et vos autres commentaires sont là. Grimlin défaillant, on va mieux l'apprivoiser.
Au plaisir de vous regarder vous passer les nerfs sur nous ou les lecteurs, parce que c'est extrêmement rare et précieux.

Pi
01/06/2022 à 14:36

@Geoffrey Crété - Rédaction

¯\_(ツ)_/¯

Il doit donc y avoir un Grimlin dans vos serveur car ma réponse a bel et bien disparu et c'est la faute à personne d'après ce que vous me dites.
Tant pis.

Au plaisir de continuer à vous énerver.

3.14

Oliver
01/06/2022 à 14:33

Disney est une industrie. L'époque est à l'optimisation pour "temps de cerveaux disponibles" quand leurs séries passeront sur les canaux mainstream TV..
Dixit les fondus au noir pour cette malbouffe ciné trop réchauffée...

Corine
01/06/2022 à 14:33

Aie ! Aie ! Aie !
Catastrophe industrielle, Tchernobyl cosmique, je viens de terminer l'épisode 3, mais j'ai déjà une certitude : le côté obscur de la force a fait chuter toute l'équipe de production dans la fosse septique !!
Mais c'est d'un mauvais, mais mauvais, y a rien à sauver, l'histoire est insipide, c'est le vide sidéral, il se passe 3 actions en 1H, ils ne créent rien de nouveau, ils ne savent pas faire, ils ne savent pas utiliser le matériel originel pour le dépasser comme l'avait fait l'équipe sur rogue one, le visionnage est d'un ennuie c'est affolant, j'ai passé en accéléré la moitié de l'épisode 3 tellement c'est médiocre.
Plus les épisodes s'enchainent plus c'est mauvais, d'ailleurs j'arrête de perdre mon temps à suivre cette arnaque télévisuelle, Star Wars ne devrait pas faire partie de la licence Disney, ils sont incapables de gérer ce genre de production, c'est grave, professionnellement ils sont justes nuls, complètement à côté de la plaque, qu'ils restent à leurs dessins animés !!!
Quelle honte de visionner pareille mascarade..

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