Taxi Driver : retour sur les trois meilleures vengeances du thriller coréen Netflix

Axelle Vacher | 19 juin 2022
Axelle Vacher | 19 juin 2022

Alors que la série coréenne Taxi Driver a débarqué sur Netflix, on revient sur les trois meilleures vengeances qui donnent envie de grimper dans le taxi deluxe.

« Ne vous suicidez pas, vengez-vous. Nous le ferons pour vous ». Telle est la promesse engagée par la compagnie de taxi Arc-en-Ciel, couverture dissimulant les expéditions punitives d’une société chargée d’obtenir justice à ses clients éconduits par les retors d’un système légal et judiciaire trop méticuleux. Inspiré du webtoon The Deluxe Taxi écrit et illustré par CARLOS et Lee Jae-jin, Taxi Driver s’articule autour de Kim Do-gi (Lee Je-hoon), ancien agent de l’UDT (Underwater Demolition Team), que le meurtre impuni de sa mère pousse à rejoindre Jang Sung-chul (Eui-sung Kim), instigateur et propriétaire de l’entreprise vengeresse Arc-en-Ciel.

  

Taxi Driver : photo, Lee Je-hoonEn route pour la vengeance  

 

Loin de se répondre de la figure trop convenue du justicier solitaire, Kim Do-gi opère également aux côtés de l’informaticienne de génie Ahn Go Eun (Pyo Ye-jin), ainsi que deux ingénieurs de maintenance prodigieusement burlesques, Choi Kyung-goo (Jang Hyuk-jin) et Park Jin-mon (Bae Yoo-ram).

Portée par une action détonante, et des thématiques plus délicates les unes que les autres, la première saison de Taxi Driver explore plusieurs intrigues, chacune se déroulant sur deux à cinq épisodes, à découvrir depuis le 26 avril sur la plateforme Netflix. On revient donc ici sur les trois meilleures vengeances opérées par la série, parce que quoi de plus satisfaisant que d’observer une poignée d’anti-héros imposer leur châtiment là où la justice a failli ? Attention, spoilers !

 

  

DES JOIES DE L’ESCLAVAGISME MODERNE 

Épisodes 1 & 2

Un soir, l’équipe Arc-en-Ciel reçoit l’appel de Maria Kang, une jeune femme souffrant d’un important retard mental tout juste réchappée d’une usine de fermentation où elle y était réduite en esclavage. Plutôt que de se suicider, cette dernière choisit d'obtenir justice grâce aux vengeurs.

Avec ces deux premiers épisodes, Do you want to take revenge et Do-gi meets Ju Chan, Taxi Driver frappe fort et annonce la couleur : infiltrations sous couverture, machineries rondement menées et autres gadgets à faire pâlir de jalousie n’importe quel James Bond. La fine équipe de la société Arc-en-Ciel ne manque ni d’ingéniosité ni de moyens, en vue de rendre justice à sa clientèle abandonnée du système judiciaire. 

  

Taxi Driver : photo, Lee Je-hoonTaxi Driver de Scorsese ou Drive de Winding Refn ?

 

Portée par la mise en scène franche et sans ambages de Park Joon-woo (Doctor Detective), Taxi Driver se répond d'une qualité plastique indéniable sans toutefois jamais tomber dans la surstylisation. Investissant plutôt la fougue de son personnage avec une fluidité organique, le réalisateur souligne ainsi avec une agilité jubilatoire les nombreuses scènes de pugilat auxquelles se livre Kim Do-gi.

Affublé du masque cauchemardesque de Jason Voorhees, le justicier ne retient nullement ses coups, et, dans une rixe orgastique au possible, use gaillardement des objets contondants à sa portée pour mieux régler son compte à Park Joo Chan, l’impudent président de l’usine où Maria était retenue prisonnière. L'action est limpide, le rythme impeccable. La caméra de Joon-woo ne semble par ailleurs pas tant filmer ses interprètes qu'elle ne les accompagne, chaque mouvement étant intelligemment pensé afin de faire monter l'adrénaline du spectateur. Une première affaire à la conclusion jouissive, laquelle établit avec une efficacité redoutable le concept et l'atmosphère générale du récit.

 

Taxi Driver : photo, Lee Je-hoon Une résolution des plus cathartiques

 

BUSINESS IS BUSINESS

Épisodes 5 à 8

Le procureur adjoint Cho-jin Woo informe Kang Ha-na que les charges du procès à l’encontre de la société informatique UData ont été abandonnées par le plaignant. Alors que le dossier se retrouve entre les mains de Jang Sung-chul et Kim Do-Gi, l’équipe Arc-en-Ciel prend le relais afin de mettre le président de l’entreprise, Park Yang-jin, hors d’état de nuire.

Porté par une nouvelle intrigue aux multiples antagonistes, Taxi Driver gagne sensiblement, tout au long de ces quatre épisodes, en complexité et en noirceur. Et si l’aisance avec laquelle les cinq justiciers parvenaient à rattraper les criminels pouvait, à la longue, avoir quelque chose de lassant, les horreurs auxquelles seront ici confrontés certains des personnages injectent finalement au récit la vulnérabilité qui lui faisait jusque là défaut.

 

Taxi Driver : photo, Pyo Ye-jin Toujours compter sur sa "fille dans la chaise"

 

Infiltré sous couverture au sein de l’entreprise, Kim Do-gi découvre avec répulsion que UData doit en réalité son énorme fortune non pas à ses services de stockage en ligne, mais aux revenus que génère la vente en masse de vidéos pornographiques, tournées et obtenues à l’insu des jeunes femmes impliquées. Cette nouvelle affaire (inspirée de faits réels) transcende donc amplement le cas du patron abusif, tandis que l’équipe Arc-en-Ciel s'embourbe, bon gré mal gré, dans les affres visqueuses d'un trafic sexuel organisé.

Une intrigue délicate aux doux relents de sexisme, de violence et d'abus qui ne cède toutefois ni au voyeurisme ni à la facilité, et axe plutôt son récit autour des effets que ces thématiques auront sur les personnages pour mieux approfondir et humaniser ces derniers.

De l’hystérie à laquelle s’abandonne Ahn Go Eun, forcée de revivre un abominable traumatisme (Pio Ye-jin livre là une performance déchirante), au passage à tabac qu’endure Kim Do-gi aux mains du président Park, l’invincibilité manifeste de l’équipe Arc-en-Ciel vacille dangereusement et ne regagnera que difficilement son équilibre. La résolution finale en sera de fait moins cathartique que douce-amère, en dépit d’une victoire indéniable sur le président Park. 

 

Taxi Driver : photo, Lee Je-hoonChangement de dynamique pour les justiciers...

  

kim do-wick

Épisodes 11 à 14

Le fils d’un pasteur a disparu, mais sans cadavre, impossible pour la procureure Kang Ha-na d’inculper le coupable présumé. Désemparé par l’incapacité policière à trouver la moindre preuve qui débloquerait l’enquête, le père du disparu se résigne à recourir aux services que proposent les taxis Arc-en-Ciel.

Après le point de bascule de l’affaire UData, Taxi Driver interroge plus en profondeur sa double vision de la justice. Après tout, la justice peut-elle réellement exister en dehors de la loi ? Et la fin justifie-t-elle les moyens ? La logique très manichéenne à laquelle se réduisait jusque là le conflit moral opposant la procureure aux vengeurs gagne ainsi considérablement en nuance dans ce nouvel arc narratif, pour mieux en sonder les subtilités.

 

Taxi Driver : photo, EsomFaire justice ou se faire justice ?

 

D’une part, la foi légale de la procureure Kang chancèle alors qu’elle éprouve personnellement les failles du système judiciaire qu’elle représente. De l’autre, Jang Sung-chul remet en question le bien-fondé de sa discipline après en avoir découvert les revers. Si comme le prône la plaque murale au mur de son salon, combattre le mal par le bien est une chose, les personnages découvrent bien vite au fil de ces trois épisodes que l’enfer est bel et bien pavé de bonnes intentions.

Ponctué de courses poursuites, prises d’otages et autres séances de torture, cet avant-dernier segment narratif de la série explore les retors d’un inévitable cycle vicieux, pour mieux rendre honneur à un système juridique certes faillible, mais régulé. Et si les séquences d’action toujours  impeccablement chorégraphiées sont toujours aussi jouissives, le spectateur jubilera peut-être ici davantage à voir la procureure Kang sauver le personnage de Lee Je-hoon d'un corps à corps perdu d'avance, et passer les menottes aux ravisseurs de Jang Sung-chul et Choi Kyung-goo.

Une résolution poussant le directeur de la fondation Arc-en-Ciel à mettre fin aux activités de la société. Mais le fera-t-il vraiment ?

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commentaires
Mokuren
20/06/2022 à 11:35

Juste une petite remarque linguistique : en coréen comme dans beaucoup de langues asiatiques, la première particule du nom est le nom de famille. Exemples pour Bong Joon-Ho, Park Chan-Wook et Kim Jee-Woon : Bong, Park et Kim sont les noms de famille et Joon-Ho, Chan-Wook et Jee-Woon les prénoms. Donc quand vous dites "La caméra de Joon-Woo", vous appelez le réalisateur de Taxi Driver par son prénom, ce qui est très malpoli! :)))
Certains journaux américains s'amusent à inverser les noms, mais ils mettent toujours un tiret entre les deux particules du prénom. De manière générale, quand vous voyez Park, Kim ou Lee, c'est un nom de famille.

Mokuren
20/06/2022 à 11:18

Super article ! Une saison 2 est prévue pour bientôt.

Pi
20/06/2022 à 09:14

Ça m'a rappelé les séries allemandes du genre Le Clown ou l'autre dont je ne me rappelle plus le nom, à base de poursuites sur l'autoroute.

Je m'attendais à une variation autour du film de Scorceses et au final c'est plus une variation autour de Taxi.

Si on aime les situations invraisemblabes, les scènes d'action sur méga découpées, les acteurs K-Pop qui sur-jouent, les histoires sans queue ni tête, oui, c'est un bon divertissement. Mais on n'est plus dans les années 90 du 20ème siècle, on sait faire beaucoup mieux aujourd'hui.

MystereK
19/06/2022 à 17:11

Une série que j'aime beaucoup, il ne me reste qu'un seul épisode à voir.