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Jack Ryan : suite et fin d’une première saison terrorisante

Par Simon Riaux
6 septembre 2018
MAJ : 21 mai 2024
8 commentaires
Affiche officielle

À mi-parcours, Jack Ryan nous avait fait l’impression d’un spectaculaire ratage. La deuxième moitié de la saison, si elle ne redresse pas la barre à proprement parler, nuance toutefois ce constat.

ATTENTION SPOILERS !

 

photo« Je vous préviens, Riaux va encore dire des conneries. »

 

24 MILLIONS CHRONO

Nous avions laissé ce bon Jacquouille endeuillé par la mort de Sandrine (Marie-Josée Croze), la policière française chaude comme une baraque à frites, toujours prête à lui prodiguer des conseils pour pécho Abbie Cornish. C’est que la grivoiserie des femmes françaises, même flics expertes des vilains islamistes, ne paie pas au pays du puritanisme guerrier.

Après un quatrième épisode d’une grande mollesse, on n’attendait franchement plus rien du scénario de la série de Carlton Cuse (Nash Bridges). Et contre toute attente, c’est plutôt du côté de ses multiples rebondissements que le show tire son épingle du jeu. En effet, après une phase de digestion, puis éructation de l’actualité française (pastiche de l’assaut sur Saint-Denis, prêtre tué à l’arme blanche)Jack Ryan décide d’abandonner toute velléité réaliste pour verser dans le gros complot à deux balles, et cela lui réussit nettement mieux.

 

photo« sa neuh you déranje paw si jou foume, big wolfeu ? »

 

Gros badaboum, flingages en lieux publics, camions qui pètent, otages, attaque à coup d’Ebola, bombe au Césium… Absolument tout y passe, et si cela n’a aucun sens, c’est finalement assez réjouissant. En effet, Amazon n’a pas fait les choses à moitié, et a de quoi se payer de beaux effets pyrotechniques, quelques figurants, et des décors un peu amples. Réparti sur 8 épisodes, cela fait bien peu, mais pour qui a tenu jusque là et cherche uniquement de l’action correctement emballée, la dernière moitié de cette saison 1 de Jack Ryan pourra faire l’affaire.

 

HUNTER DUMBER

Curieusement, le centre de gravité du show se modifie radicalement au fur et à mesure de sa progression. Atone et lymphatique dans son premier mouvement, malgré quelques excellents personnages secondaires, l’ensemble devient progressivement un actioner passable… Porté par une armada de tanches.

Passons sur notre héros interprété par John Krasinski, bien à la peine depuis qu’il a éternué son charisme, pour évoquer le reste des personnages qui l’entourent. Dina Shihabi est progressivement transformée en personnage de mère éplorée, vidée de toute substance, tandis que son fils se voit privé de nuance (un gros problème étant donné la conclusion de la série).

 

photoMon fils, ma bataille

 

Mais plus révélateur, et sans doute plus problématique, c’est l’utilisation faite de certains protagonistes secondaires initialement intéressants. En témoigne le sort du pilote de drones. Si les remords de ce genre de porteur de mort constituent une forme de stéréotype, ce dernier était bienvenu en cela qu’il permettait de nuancer et d’apporter un contrepoint au positivisme forcené de Ryan, dont le trauma est – tenez-vous bien – d’avoir été trop compassionnel, trop bon.

Notre ami droneur est donné comme souffrant de la mort d’innocents qu’il ne manque pas de provoquer. Point de départ passionnant, mais qui aboutit à voir les parents d’une de ses victimes l’absoudre, comme pour mieux nous rassurer et nous dire, in fine, que tuer pour l’Amérique, ce n’est pas tout à fait tuer. Ou comment annuler une tentative de nuance, de sensibilité, pour la subvertir en un pur soutien à l’assassinat politique (aveugle, qui plus est).

 

photo, John KrasinskiJohn Krasinski

 

ESPRIT ES-TU LÀ ?

Finalement, ce qui achève de rendre Jack Ryan dispensable, c’est son incapacité à trouver une tonalité propre. Bien trop sérieuse et bavarde pour être un simple divertissement, trop gavée de références à l’actualité, trop mal écrite, incapable d’envisager le suspense au sein de sa structure et pourtant désireuse d’accumuler les rebondissements, voilà une production dont on peine à discerner l’identité.

Pire, en comparaison de la concurrence, Jack Ryan fait figure de vestige fraîchement sorti d’une tourbière et passé à la javel pour la forme. Le show n’est jamais crédible, a fortiori à côté d’une création brillante comme Berlin Station. Presque 20 ans plus tard, 24 heures chrono le met à l’amende en matière d’action sans se fatiguer. Et en matière de présentation d’autres cultures ou pays, rien qu’en termes d’écriture (pour ne pas comparer des budgets incomparables), Mission : Impossible – Fallout plie ce pauvre Jacquot.

 

photo, John Krasinski« Air France, c’plus ce que c’était »

 

Reste un seul espoir : en se frottant à la Russie en saison 2, la narration pourrait être tenue d’engager de véritables choix, voire d’adapter véritablement les œuvres de Tom Clancy, notamment À la poursuite d’octobre rouge. C’est peut-être là, la direction la plus évidente pour la série. A savoir : assumer véritablement son héritage et les textes qu’elle prétend retranscrire, afin de bénéficier au moins du talent largement reconnu du conteur Clancy.

La saison 1 de Jack Ryan est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video en France depuis le 31 août.

 

Affiche

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Hungry

La fin de cette série est bâclée, la scène aurait pu avoir lieu, bien avant, vu la situation, comparable à la séquence de Saint-Denis.
On reste sur sa fin, beaucoup de pub pour une série, qui manque de souffle.

donbuba

surtout l’acteur principal a le charisme d’un poulpe…. et l’intrigue …. st denis il ne part pas aux trousses d’un terroriste parce qu’il est en ville, il y a du monde alors c’est dangereux…… LOOOOL

Decoy

« La saison 1 de Jack Ryan est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video en France depuis le 31 août. »

Peut-on suggérer de voir tous les épisodes d’une saison avant de parler de diarrhée ?

Rogue

J’ai fini la saison 1, c’est vraiment la pire série de la décennie… Turbo débile…

MacReady

@Decoy

Où est le problème dans un avis qui explique dès le début qu’il est basé sur les premiers épisodes ?
La prochaine étape c’est de dire que c’est pas possible et acceptable de dire que la saison 1 est nulle parce que la saison 2 on l’a pas vue et elle expliquera peut-être tout ? Et qu’il faut voir les 35 saisons de Grey’s Anatomy pour émettre une opinion ?
Peut-on suggérer que le problème c’est juste ceux qui ne digèrent pas que la série qu’ils aiment/trouvent sympa, soit qualifiée de médiocre par d’autres ?