Episodes Saison The Last of Us saison 1 épisode 9 : pourquoi le final est (presque) à la hauteur

Est enfin arrivé le tant attendu épisode final de la première saison de The Last of Us, qui adapte très fidèlement le dernier et déchirant segment du jeu.

Pourquoi la série The Last of Us a t-elle répondu à cette grande question des jeux ?

ATTENTION SPOILERS

L’épisode 8 de The Last of Us avait laissé les spectateurs sur les retrouvailles dans la douleur de Joel et Ellie, après que celle-ci ait été enlevée par un groupe de cannibales qui avaient la ferme intention d’en faire, au choix, une poule pondeuse ou des brochettes. Après un affrontement spectaculaire où Ellie laissait exploser toute sa violence, elle retrouvait enfin Joel, paniqué à l’idée d’avoir failli la perdre.

Suite à ça, le dernier épisode se devait d’opérer comme un feu d’artifice final, poussant à son paroxysme la relation fusionnelle entre les deux héros que la série a si minutieusement élaborée au cours de la saison. Objectif atteint ?

Les 5 problèmes de la série The Last of Us, qui l'empêchent d'être entièrement réussie.

vague à larmes

Dans un épisode construit en deux segments principaux dont chacun correspond à un pôle de la relation entre Joel et Ellie (la tendresse et la violence), une retranscription extrêmement fidèle du jeu vidéo conclue la saison en beauté. Un flashback d’introduction commence par nous révéler les circonstances de la naissance d’Ellie.

On y voit une femme enceinte incarnée par Ashley Johnson, qui interprète Ellie dans les jeux, accoucher dans la panique au moment où elle est mordue (et donc condamnée) par un infecté. La série choisit ainsi d'expliquer cette immunité, qui était seulement évoquée dans un document du premier jeu.

La lettre laissée par Anna à sa fille Ellie

S’il peut sembler dommage d’enlever cette part de mystère et de hasard à l’histoire originale, la séquence est trop réussie et désarmante pour qu’on s’en plaigne. D’autant que, en conclusion de la scène, Marlene (qui avait initialement confié Ellie à Joel et Tess) prend en charge le bébé et met un terme aux souffrances de la mère. Insister sur l'événement et l'expliciter à l'image permet d'enrichir le personnage de Marlene en vue du dénouement : Joel n'est pas le seul à se sentir parent d'Ellie.

Après ce flashback, l’épisode entre dans le vif du sujet : la partie “tendresse”, dont tout le monde avait bien besoin après la violence de l’épisode précédent et l’introduction de celui-ci.

Ellie : mise en cloque et en abyme

C’est là que survient l’adaptation d’un des plus beaux moments du jeu : la rencontre d’Ellie et Joel avec une girafe venue tranquillement mâchonner des feuilles à leur hauteur. La mise en scène favorise le regard de Joel qui couve Ellie. Alors que l’adolescente s’amuse, pleine d’insouciance, à donner à manger à la girafe, Joel la regarde en silence incarner tout ce qu’il pensait avoir perdu. Par la simple prestation de Pedro Pascal et les angles de caméra qui guettent ses réactions à la dérobée, la séquence offre toute l’émotion qu’on pouvait en attendre, et fait comprendre au spectateur l’importance qu’Ellie occupe désormais dans la vie de son protecteur.

Si le spectateur a compris, encore faut-il qu’Ellie le comprenne aussi, et une fois la girafe partie, un dialogue extrêmement émouvant survient entre les deux héros. Joel révèle à Ellie que, suite à la mort de sa fille, il a tenté de se suicider. Avec quelques sous-entendus, il ajoute ensuite qu’aujourd’hui, s’il n’a plus envie de mourir, c’est grâce à Ellie. Là aussi, la séquence est remarquablement interprétée par les deux acteurs et écrite de manière à donner un maximum d’intensité au climax. En conclusion de cette scène arrive la bascule de l’épisode, quand Joel propose à Ellie d’oublier la possibilité d’un vaccin et de rentrer tranquillement à Jackson.

Ellie a du coffre

Le choix de la guerre

La jeune fille refuse car elle veut donner un sens à tout ce qu’ils ont affrontés. Qu’à cela ne tienne : puisqu’elle choisit le risque, arrive désormais la deuxième dimension de l’épisode, celle de la violence. Joel est mis KO lors d’une embuscade des Lucioles et se retrouve prisonnier à leur hôpital, où Marlene lui apprend qu’Ellie est sur le point d’être anesthésiée pour une opération de chirurgie nécessaire au vaccin... qui entraînera sa mort. Joel trouve le moyen de se soustraire à ses gardes et part en quête d’Ellie : la tuerie qui s’en suit, beaucoup plus courte que dans le jeu, joue sur un entre-deux dérangeant.

Les sons sont atténués et une musique mélancolique recouvre les images, dont beaucoup sont des ralentis sur les horreurs que Joel perpètre. La scène est un résumé parfait de la tension présente dans toute la série, en posant la question du regard qu’on peut porter sur des actes extrêmement violents quand ils sont commis au nom d’une cause qui nous est chère. Si elle peut sembler trop rapide pour un climax, et presque passée sous “silence” grâce à cette fameuse musique plaintive, elle n’en reste pas moins très juste dans son intention.

Pascal et l'agneau

Il en va de même lorsque Joel finit par reprendre Ellie aux mains du chirurgien qu’il abat, avec un gros plan sur la tête transpercée du médecin qui indique déjà que cet acte ne sera peut-être pas sans conséquences. Durant tout ce segment filmé du point de vue de Joel, le spectateur est torturé sur la nature du choix qu’il fait : n’agit-il qu’en meurtrier égoïste qui veut sauver sa propre vie en sauvant Ellie (puisqu’il a précisé plus tôt qu’elle était la seule chose qui lui avait redonné l’envie de vivre), ou est-il un héros aimant prêt à tout pour sauver sa (presque) fille ?

Ci-dessus, un très gros suçon

Dilemme idem

Après une courte ellipse, revoilà Joel et Ellie en voiture. Dans un montage alterné redoutable dans sa narration, Joel répond aux questions d’Ellie en lui mentant sur ce qui est arrivé. En parallèle et entre chacune de ses réponses, un flashback montre son dernier dialogue avec Marlene, qui apparaît comme la voix de raison. En écho à la scène d’introduction, elle explique que pour elle aussi, la vie d’Ellie est très importante, mais qu’il est nécessaire de faire passer le bien commun avant ses sentiments. Ce sur quoi Joel l’abat froidement. Le montage, dont on redoute chaque étape, permet de faire ressentir toute l’ampleur du problème philosophique posé par ce dilemme final qui a fait la renommée du jeu.

La toute dernière séquence oppose les gros plans sur le visage d’Ellie qui doute et les plans plus larges sur un Joel reparti sur ses considérations égoïstes (comparer Ellie à sa fille), jusqu’au moment où les deux sont réconciliés dans le mensonge quand Joel promet à Ellie qu’il ne lui a pas menti, et qu’elle décide de le croire. Comme le jeu, la saison s’achève sur ce malentendu tragique, une parodie de happy end qui laisse envisager le pire pour la suite de cette relation pourtant si étroitement nouée au cours de la saison.

Ellie coopère

En somme, un final très fidèle et parfaitement écrit, mais qui reste un peu rapide et sobre pour la conclusion d’une histoire si déchirante. La perfection des performances des acteurs offre de grands moments d’émotion qui font oublier l’absence quasi-totale d’infectés (encore), et la première saison s’achève sur un goût d’excellence inaboutie, comme si toute la matière et tout le potentiel étaient là, mais qu’ils avaient à peine le temps d’éclore et de faire réellement leur chemin.

En tous les cas, The Last of Us saison 1 multiplie les raisons d’attendre impatiemment la deuxième saison qui, si elle est aussi bien écrite que celle-ci, risque de faire un malheur, au propre comme au figuré.

Un nouvel épisode de The Last of Us est disponible chaque lundi sur Amazon Prime Video depuis le 16 janvier 2023 en France.