Episodes Saison The Last of Us saison 1 épisode 8 : pas d’infectés, mais d’abominables hommes des neiges

Antoine Desrues | 6 mars 2023 - MAJ : 06/03/2023 18:32
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L’épisode 8 de The Last of Us débarque, et propulse Pedro Pascal et Bella Ramsey dans l’un des meilleurs passages du jeu vidéo.

ATTENTION SPOILERS

Si l’épisode 7 de The Last of Us a implémenté de manière organique et maline un flash-back nécessaire sur le passé d’Ellie (directement inspiré du DLC Left Behind), l’auteur de ces lignes en a été un peu frustré. Pourquoi ? Parce que depuis le lancement de la série The Last of Us, on attend de pied ferme de savoir comment le passage de l’hiver (le jeu étant chapitré par les quatre saisons) allait être transposé, étant donné qu’il s’agit de l’un des meilleurs passages du bijou de Naughty Dog.

Sans doute d’ailleurs que Craig Mazin et Neil Druckmann en ont pris conscience, et qu’il était important de faire monter la sauce en retardant d’un petit épisode ce couperet dans la narration. Car si The Last of Us prend globalement la forme d’une escort mission géante, le jeu a su décontenancer en bouleversant son équilibre par la blessure de Joel. Ellie fait à ce moment-là figure de protectrice, le temps que son compagnon de route se remette. Pour autant, le fait d’incarner et de contrôler le personnage n’est pas des plus rassurants, tant il met en exergue sa solitude dans un monde plus que jamais hostile.

A lire aussi la preuve définitive que Bella Ramsey est une parfaite Ellie

 

 

Marcheurs blancs

Cette idée, la série la traduit à la fois sobrement et avec habileté, en filmant ce quartier abandonné dans lequel Ellie et Joel ont trouvé refuge comme une rue de western, qui ne peut qu’entraver et emprisonner la jeune héroïne. Alors qu’elle sort en quête de nourriture dans cette neige immaculée, la mise en scène renforce le chemin tout tracé qui propulse l’adolescente vers l’une des épreuves les plus dures de sa vie, au cœur même du point de non-retour traumatisant qui va redéfinir le personnage.

D’un côté, on pourrait reprocher à cet épisode (comme à d’autres chapitres avant lui) d’avoir un tel matériau de base à disposition qu’il peut presque le reproduire sans efforts. De l’autre, on ne change pas une équipe qui gagne, mais on lui fait de petits rajouts nécessaires. La série s’en amuse d’ailleurs en détournant l’une de ses cinématiques les plus connues, où l’on voyait un lapin blanc, symbole d’innocence par excellence, se manger une flèche d’Ellie. Ici, l’animal échappe à l’héroïne, sans pour autant que ce pied de nez au destin ne soit un effet papillon. Ellie croise inévitablement David et James, les décisionnaires d’une communauté tendance secte, qui ne tarde pas à révéler ses lourds secrets.

 

The Last of Us : photo, Bella Ramsey, Pedro PascalLendemain de soirée

 

Depuis ses premiers épisodes, The Last of Us s’amuse à recaster les acteurs des jeux pour leur offrir un nouveau rôle. Au-delà du clin d’œil à voir les responsables de performances numériques prendre corps dans cet univers, la série se plaît à leur faire incarner l’antithèse de leur personnage originel, ou plutôt le pendant sombre de ces mêmes personnages. Avec cet épisode, Troy Baker (l’interprète de Joel) se retrouve dans la peau de James, le second du psychopathe David (brillamment incarné par Scott Shepherd).

L’idée est belle parce que James est tellement dévoué à son groupe de survivants qu’il accepte de se laisser embarquer dans les pires situations par David. Il a la même détermination et le même dévouement que Joel, mais le désespoir l’a déjà amené à abandonner le peu de morale qu’il lui reste, et à s’écraser. Et pour autant, force est de constater qu’un contexte un tant soit peu différent aurait pu amener Joel à devenir à son tour ce même personnage.

 

The Last of Us : photo, Troy BakerL'ode à la Joel

 

Cannibal Holocaust

De cette façon, The Last of Us continue d’imposer des points de vue alternatifs, de s’éloigner de sa caméra de third-person shooter collée aux corps de Joel et Ellie pour explorer d’autres conditions de survie. L’ajout principal de cet épisode consiste ainsi à montrer le fonctionnement de cette communauté isolée, son rapport à la religion tout comme son besoin d’une autorité qui en profite pour en abuser. On assiste alors, impuissants mais fascinés, au déraillement progressif d’un système qui dévoile ses pires travers... jusqu’à celui, tabou, du cannibalisme.

Par rapport au jeu qui profitait de son effet de surprise, les showrunners ont privilégié une montée en tension particulièrement efficace, qui repositionne le spectateur dans cet univers impitoyable. Après avoir croisé le chemin de nombreux survivants au travers des yeux de Joel et Ellie, cette pause enneigée pousse à s’interroger sur la place que nous aurions si l’on était à leur place. Par extension, on en vient à remettre en question le bien-fondé des actions de Joel et Ellie, qui eux aussi ont commis (et continueront de commettre) des actes inhumains depuis le début de l’aventure.

 

The Last of Us : photo, Scott ShepherdDavid, cet ami qui vous veut du bien

 

David a beau être l’un des antagonistes les plus tarés de l’œuvre (quel que soit son support), il ne reste qu’un miroir déformant de nos héros, celui qui a osé franchir une barrière qui ne semble malheureusement pas si lointaine. C’est presque cet élément qui traumatise le plus avec ce passage culte : il renvoie autant à la face d’Ellie l’horreur de ce monde que la manière dont chaque individu encapsule cette horreur.

Tout ce crescendo est d’ailleurs admirablement pensé pour reproduire la scène où Ellie se laisse aller à une violence barbare par peur, haine, colère, et soif de survie. Chaque coup de machette marque un peu plus l’impossibilité d’un retour en arrière, et la trace indélébile qu’il va laisser sur l’héroïne. Dès lors, le fameux montage alterné du jeu, qui nous obligeait à incarner tour à tour Joel et Ellie dans l’espoir de les rassembler, prend une tournure différente.

L’urgence qui passait par la manette est contrecarrée par la prise de distance de la caméra, pour mieux accentuer la violence qui les relie. Ils ne sont pas ensemble, mais ils sont connectés. La peur de perdre l’autre et l’expérience de la cruauté de ce monde à la dérive les poussent dans leurs retranchements. Les voilà prêts à tout, quitte à annihiler le reste de l’univers. Il ne reste déjà plus qu’eux, ce qui pave la voie pour le final de la saison de la plus belle et tragique des manières.

Un nouvel épisode de The Last of Us est disponible chaque lundi sur Amazon Prime Video depuis le 16 janvier 2023 en France.

 

The Last of Us : Affiche française

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commentaires lecteurs votre commentaire !
jerome69
10/03/2023 à 15:33

cet episode n est pas sans rappeler certains épisodes sur les cannibales de Walking Dead

Prometheus
08/03/2023 à 12:17

Épisode plutôt bien équilibré, et plus intéressant que les autres.

Ce qui me vient à l'esprit en regardant la série c'est la qualité du jeu. L'univers était bien retranscrit, tangible, et l'histoire adoptait un pt de vue original à l'époque.

La série s'en inspire bien, mais bon, l'intrigue paraît plus creuse, plus étirée. Peut être qu'un format mini série aurait donné plus d'impact à l'histoire. Au lieu de ça, il y a quand même des longueurs récurrentes. Le dernier épisode aura l'enjeu de donner un sens à tous les épisodes, autant qu'une forme de mini conclusion (csr on sait qu'une saison 2 est actée).

Plus que quelques jours à tenir pour se faire une idée plus précise de ce que la série a à dire par rapport au jeu

youl
08/03/2023 à 09:51

En ce moment je ne vois aucune série meilleure que Last of us.....
Même si cet épisode a qq faiblesses scénaristiques (réveil de Joel trop rapide, ou secte disparue à la fin), ca se regarde très bien. Les acteurs sont très bons, après c'est une série de zombie donc les limites sont posées.

Sur certains épisodes ca rappelle le meilleur de The Walking dead (saisons 4-5-6).

On peut jouer aux 7 différences avec le jeu, mais c'est perdre son temps. The Expanse qui était géniale sur les 2 premières saisons, était-elle aussi fidèle aux livres ??
Le film Dune de Villeneuve veut coller au livre, et pourtant il y a un gouffre qui les sépare !!

La ballade de Joel et Ellie me font passer de bon moments, on ne sait pas ou on va et ca fait du bien.

Lougnar
07/03/2023 à 14:42

Cette série = presque aussi mauvais que Les anneaux de pouvoir ! Il ne ce passe pas grand chose, pas de peur, pas d'attachement aux personnages, Ramsey qui joue mal ect...

Lougnar
07/03/2023 à 14:06

@La Classe Américaine : "Un épisode tout simplement monstrueux, démentiel et d'une violence inouïe"
Violent !!?? Heu il n'y a rien de bien violent ^^. Tu n'as jamais regardé de films d'horreur ou psychologique ? Car la il y a vraiment pas grand chose !

Hellcow
07/03/2023 à 13:08

Je n'ai pas joué aux jeux The Last of Us. Et plus je regarde les épisodes et les commentaires qui suivent, plus je me dis qu'il m'en a bien pris de ne pas y jouer.

Le débat sur le respect de l'oeuvre originale n'a pas lieu d'être. Si des scènes sont copié-collé du jeu, alors on peut voir ça comme un hommage qui prouve que le jeu est une oeuvre majeure. Et si du contenu est rajouté ou modifié, ce n'est pas pour dénaturer l'oeuvre originale mais pour s'en détacher. Quel est l'intêret de refaire la même chose ?

Suivre Joel et Ellie "ne rien faire" pendant 8 épisodes, c'est accompagner une bulle d'humanité dans un monde déshumanisé à l'extrème, pas parce que tout le monde a été remplacé par des mutants champignonnés qui débarquent à la pelle à chaque coin de rue, mais parce que tout ce qui a été humain auparavant a perdu ce qui fait son humanité.
Cette série, c'est une réflexion sur l'Homme, sa nature, celle des relations humaines et familiales.
Cette série, ce N'EST PAS une série sur des Zombies.
Hurler sur les réalisateurs parce qu'ils n'ont pas mis d'infectés c'est ne pas comprendre ce que veulent faire les showrunners de cette série.

Et Bella Ramsay, en plus d'être excellente, est magnifiée par le talent de mise en scène dont font preuve les showrunners (cf la scène du déferlement de violence d'Ellie entourée par les flammes de l'enfer).

Épisode décevant
07/03/2023 à 11:24

Le problème c'est que tout d'un coup on passe de 7 épisodes fondés sur le rapport entre Ellie et Joel bien mis en scène, à un épisode bourrin aux antagonises écrits sur un post-il au gros marqueur qui n'a aucun sens sur le plan narratif. Alors oui, il y a de la violence extrême, du gore et... c'est tout. Il reste un épisode et on ne comprend toujours pas où va la série.

Franchement, nous sortir un gourou cannibale, pédophile et méchant comme un poux à ce stade de la série, je ne suis pas sûr que ce soit un gage de qualité. En tous cas, si l'on juge la série à son épisode le plus faible, celui-ci donc, ben cette série c'est de la merde. Une de plus.

Dans l'ordre des aberrations. Joel est en train de crever d'un infection. Le mec ne peux plus parler, il est en quasi-coma.
Une injection de péniciline plus tard, soit à peu-près trois jours après l'épisode 7 - on n'est pas sûr parce que l'unité de temps, le réal il s'en tape, mais le cheval est toujours sellé, donc... bref - le Joel se lève et désoude trois mecs en pleine forme comme s'il était sous crack.
Ensuite, il se rend au camp de vacances où, pour une raison non expliquée, il n'y a plus que le méchant. Où sont passés tous les habitants ? Il les a tous mangé ?

Épisode con, débilement violent, sans queue ni tête, toujours pas d'infectés - j'aurais préféré à ce stade -, le jeu d'acteur est d'un coup moins bon et surtout, un épisode qui ne raconte rien. Un épisode pour rien, donc, à un épisode de la fin.

ttopaloff2
07/03/2023 à 09:39

Les choix d'adaptation sont sympas, mais le truc un peu décevant c'est que le jeu The Last Of Us est plus émouvant, mieux interprété et réalisé que la série The Last Of Us.

Brie Jitte
06/03/2023 à 22:54

Ah, un épisode qui fait du bien, parce qu'on s'emmerde tellement au fil des épisodes ! Il faut reconnaître que c'est le vide sidéral cette série, il ne se passe jamais rien, c'est que des balades en forêt, du camping, des treks, mais bordel où sont les milliards d’humains infectés ? En Chine, en Inde ? Une série pas terrible mais avec 2, 3 épisodes sympa, pas plus..

Zapan
06/03/2023 à 21:32

Et bien moi j'ai regardé ça après le finale de la saison 2 de Gangs of London et résultat: j'ai passé une très bonne soirée avec des patates plein la gueule.

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