Episodes Saison House of the Dragon saison 1 épisode 2 : le ver est dans le trône de fer

Antoine Desrues | 29 août 2022
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House of the Dragon, le prequel de Game of Thrones, continue d'impressionner avec son deuxième épisode, plus introspectif.

ATTENTION, SPOILERS !

 

 

Retour de flamme

Si le générique de Game of Thrones est aussi culte, c'est peut-être moins pour le thème musical flamboyant de Ramin Djawadi (bien que vous le fredonniez sans doute à la simple lecture de cette phrase) que pour son design. Avec ses rouages faisant émerger des maquettes des diverses villes et cités de Westeros, cette introduction a pu poser des enjeux spatiaux clairs pour les spectateurs, et lui donner des repères. En bref, toute la soif de conquête de Game of Thrones pouvait se résumer dans ce générique, et épauler le plongeon du public dans cet univers riche et complexe.

Assez intelligemment, House of the Dragon se réapproprie cette donnée au sein même de sa diégèse. Dans une immense pièce du château de Port-Réal trône une sculpture de forteresse, qu'on devine conçue par le roi Viserys Ier (Paddy Considine). L'énorme reproduction n'est pas seulement le signe de sa profonde solitude, mais aussi le reflet d'une douce ironie. La salle n'est plus qu'une poupée gigogne, accueillant un royaume fantasmé, qui prouve à quel point le souverain n'a que peu d'emprise sur ce monde réduit à l'état de décoration.

 

House of the Dragon : Photo Paddy Considine"J'aime les maquettes"

 

Là où le premier épisode de cette série spin-off a retrouvé les fondamentaux de Game of Thrones et de sa brutalité, son deuxième chapitre se veut plus doux, du moins en apparence. Point de grande trahison ou de mort ultraviolente, mais l'enclenchement inévitable d'une descente aux enfers plus insidieuse et shakespearienne.

Dès lors, cet épisode 2 marque plus frontalement la réelle intention de cette première saison. House of the Dragon est une série sur l'autodestruction d'une lignée aveuglée par sa propre paranoïa. Chaque dialogue ciselé, et chaque scène parfaitement découpée sont autant de clous dans le cercueil des Targaryen, renforçant la méfiance des personnages les uns envers les autres. Et le meilleur, c'est que le spectateur se retrouve lui aussi à douter des intentions de chacun.

 

House of the Dragon : Photo Rhys IfansAir suffisant depuis une haute tour d'ivoire

 

Mêches blanches

"Vous êtes le Roi, mais je ne vous envie pas", déclare Otto Hightower (Rhys Ifans), la Main de Viserys. La phrase est forte, mais à quel point peut-elle être prise au sérieux ? Pour sûr, la compassion du personnage rappelle le poids d'une décision aussi importante que le choix d'un héritier pour la couronne. Pour autant, la pauvre Alicent Hightower (Emily Carey) est bien contrainte par son père de se rapprocher du Roi pour s'assurer un pouvoir certain, et ce au prix de son amitié avec Rhaenyra (Milly Alcock).

Là encore, House of the Dragon fascine par sa facilité à explorer une zone grise, à ne jamais laisser sa caméra dicter une logique binaire de ressenti du bien et du mal. Au contraire, Alicent devient en à peine un épisode l'un des plus beaux personnages de la série. On perçoit sa réelle tendresse et attention pour Viserys, mais elle accepte également de jouer un jeu de manipulation pour tenter de devenir sa nouvelle épouse.

 

House of the Dragon : photoUne amitié qui se consume

 

Comme souvent dans l'univers de Game of Thrones, la soif de pouvoir finit par toucher même ceux qui se croient insensibles à son attrait. La mise en scène se plaît d'ailleurs à s'attarder sur des regards troubles, dans lesquels on semble lire les espoirs d'une vie meilleure. Pourtant, la réalisation n'hésite pas à mettre en garde : le pouvoir contamine ses détenteurs, et Viserys le reflète mieux que personne par son corps gangrené suite à sa coupure sur le trône de fer.

Difficile de ne pas retenir de cet épisode la vision lourde de sens d'une main malade plongée au milieu de vers. House of the Dragon est déjà infesté par une mort en devenir, et toute cette appréhension (due à la nature de prequel du projet) est sublimée par cette suite de métaphores et de symboles, rarement exploités de manière aussi ingénieuse dans la série-mère.

 

House of the Dragon : Photo Matt SmithEl rata alada

 

Qui vole un oeuf

C'est là qu'on en revient à la maquette du Roi, et à l'utopie d'un royaume parfait, qui n'est finalement qu'un "jeu des trônes" organisé autour des calculs politiques, des vexations et des non-dits. S'il est plaisant de voir House of the Dragon offrir de réels moments touchants (notamment entre Viserys et Rhaenyra), tous ne sont que des marionnettes, empêtrés dans des fils qu'ils sont persuadés de contrôler.

La série joue ainsi de cette métaphore filée autour de cette échelle réduite du pouvoir. Non seulement ses créateurs y trouvent l'opportunité de développer certaines subtilités de son univers (les armoiries et symboles des diverses maisons), mais cette recherche visuelle marque une forme d'ironie dramatique. Alors qu'elle doit se choisir un chevalier pour escorte, Rhaenyra fait face à des prétendants qui s'avancent devant elle en même temps que des statuettes sont avancées sur un plateau.

 

House of the Dragon : photoPas facile les créneaux en dragon

 

House of the Dragon est plus que jamais un échiquier, un échiquier dont les pièces sont toutes soumises à un équilibre précaire. Chacun essaie d'éviter le conflit, mais les tensions sont toujours sur le point d'éclater dans un bain de sang, à l'instar de cette scène joliment tendue sur les murailles de Peyredragon. La provocation de Daemon amène une escalade rapide des forces en présence, alors que l'étroitesse du chemin sur lequel tout le monde se trouve semble n'offrir aucune issue.

Tout en offrant par ce genre de séquences une proposition visuelle spectaculaire, la série déploie subtilement ses ambitions thématiques. Le ver est dans le fruit, et comme sur les murailles de Peyredragon, il devient difficile de reculer. On ne s'en rend compte qu'après coup, mais certaines scènes de cet épisode sont bien plus importantes qu'elles n'y paraissent. Certains actes vont être regrettés, et le point de non-retour a déjà été atteint.

Un nouvel épisode de House of the Dragon est disponible tous les lundis sur OCS depuis le 22 août.

 

House of the Dragon : photo, , Milly Alcock

 

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commentaires lecteurs votre commentaire !
"J'en ai vu des dragons vous savez, ceux-là ne sont pas réalistes"
30/08/2022 à 19:03

Certes la réalisation est solide, le montage travaillé,etc. mais manque d'inattendu car on connait déjà l'environnement.

Fan de mdr
30/08/2022 à 18:05

@MDR

Waouh même quand tu répond tu écrit trop bien tu as dû fac de lettres ou autre je pense.

Oui je suis tatillon sur les fautes des autres mais c'est par solidarité je te dit ça car je fait des faute aussi mais vu que tu écris bien c'est dommage que tu fasses des fautes faudrait relire avant c'est mieux, surtout si tu fait un blog.

Un autre il écrivait comme toi, Vulfi je crois je le vois plus peut-être il écrit un livre ou autre aujourd'hui ^^

Bonne chance en tous cas et au plaisir de te lires

Donovan
30/08/2022 à 14:38

@MDR "la possibilité d'exprimer toutes mes personnalités" tu es Gollum ?

MDR
30/08/2022 à 14:23

@ Fan de mdr

@MDR

Woauh franchement tu écris trop bien tu devrais faire un blog ou une chaîne Youtube, c'est mieux écrit que l'article presque. Sauf tu es un peu agressif ça c'est moins bien et y a des fautes dans tous les sens on sent que c pas ton fort comme moi... Je reviendrai lire t'a critique lundi prochain j'espère que tu en feras une !

*

Mec ou meuf, tu as raison de te foutre de ma gueule, ça ne me dérange pas.

Voici ma réponse point par point néanmoins. Pour toi public.

Si je n'avais que ça à branler dans la vie, j'écrirais dans un blog ou ferait un Vlog sur Youtube ou des lives sur Twitch, j'aurais même un Insta ou un compte Twitter. Mais il se trouve que ces trucs inutiles bouffent beaucoup de temps de vie. Ah et puis, la notoriété ou sa quête ne m'intéresse pas. J'aime le pseudonymat et la possibilité d'exprimer toutes mes personnalités sur le web. Donc être attaché à une URL avec un nom et/ou un visage, non merci.

Pour ce qui est de l'écriture. Tu te moques, bien sûr. Et me comparer à Desrues n'est pas pertinent, tout le monde écrit mieux qu'Antoine Desrues. Même les pigistes interchangeables qui font des brèves de contenu les jours où l'actu est creuse. En fait Desrues ne sait pas ce qu'être un critique veut dire. Il écrit comme un geek qui tient un blog de ciné. Il avance ses goûts en lieu et place d'arguments et c'est un graçon qui aime les superlatifs. Je ne supporte pas les superlatifs.

Un mec qui écrit bien et qui comprend ce qu'est la critique ciné sur Écran large, c'est Simon Riaux. Même si je ne suis pas d'accord, la plupart du temps avec ce qu'il écrit, le gars parle ciné et pas goûts persos. Il connait le cinéma comme un cinéphile, il en parle en terme technique et même si une critique reste subjective, elle donne du grain à moudre au lecteur, elle renvoit vers des sources, elle amène à la réflexion et à l'enrichissement de cellui qui la lit. Avec une personne comme Antoine Desrues on ne peut être que dans l'adhésion ou le rejet. Je précise que je ne connais pas personnellement ces personnes dans la réalité et que par conséquent, ce n'est qu'un avis, tranché certe, mais subjectif et susceptible d'évoluer.

Pour mon agressivité, tu ne peux que la supposer, il n'y a sur le web, hormis la vidéo, aucun moyen de savoir si je suis agressif, sarcastique, désabusé. C'est donc ton interprétation.

Mais globalement, mon ton supposé est proportionnel au taux d'emmerdement ressenti durant la lecture de la critique. Et les critiques de Desrues m'emmerdent particulièrement. Mais je les lis par acquis de conscience.

Quant aux fautes...

Quand Écran large aura un éditeur de commentaire qui ne date pas du web 1.0 on en reparlera. Ça, associé à une dyslexie et au fait que j'ai beaucoup de mal à relire sur un écran, la plupart du temps, je tape comme une dactylo et je ne relis pas, le résultat est l'oubli d'accords des verbes avec leur sujet. My bad.

Mais bon quand on emmerde les autres avec leur orthographe ou les coquilles on balaie devant sa porte avant, parce que bon: Je reviendrai lire t'a critique... Comment dire.

Mais tu vois, moi les fautes des autres, sur le web, dans un commentaire souvent écrit depuis un smartphone, avec un correcteur automatique, sans la mémoire musculaire associée à l'écriture manuscrite, je m'en cogne d'une force...

Allez, à pas plus.

Joey Joe Joe Junior Shabadoo
30/08/2022 à 10:54

Le premier épisode m'avait fait renouer avec l'univers de GOT. C'était un plaisir un peu Proustien. Par contre, pour ce deuxième épisode, le soufflé retombe un peu : pas de nouveaux personnages intéressants, on ne fait qu'appuyer les traits des personnages présentés dans le premier épisode.

Ainsi, on insiste sur le fait que le roi est stupide (il va à l'encontre de toute rationnalité), la Main est manipulateur...mais stupide (partir négocier avec 3 chevaliers, pas de dragon et insulter son adversaire ??), le frère est impulsif et stupide. Et seules les personnages féminins semblent être dotées d'intelligence.

Jusque là, c'est GOT, mais sans complexité et sans subtilité.

Bref, j'espère de nouveaux personnages, et une caractérisation un peu plus subtile dans les 2 prochains épisodes, sans quoi, ciao bonsoir

Sanchez
30/08/2022 à 10:40

Ça chouine en commentaire mais en terme de série ça reste lourd. Oui le générique est décevant et la série semble être à son image , sans prise de risque. Mais les talents de mise en scène sont la , et on espère que le scénario reservera quelques surprises. On en est à l’épisode 2, attendons un peu avant de juger.

captp
30/08/2022 à 08:03

autant le 1er ep m'est totalement passé au dessus (une impression de rush et de caler du fion et du sang a tout va ) , autant celui ci en prenant son temps et en tissant les enjeux m'a fait bien meilleure impression.
lire épisode ennuyeux est un gage de qualité d'écriture a l'instar de pas mal d'ép des saisons 1 a 4 de la série mère, j'espère le relire souvent .
par contre deux gros problémes:
- les CGI : je sais pas si c'est les dragons ou les décors numériques (je penche pour ça) qui foirent mais l'un sur l'autre donne un truc moche.reussir a faire moins bien avec plus de moyens c'est fort.
- ce que je craignais a l'air de se matérialiser avec l'absence totale de personnages un peu sympathique et altruiste. sur le long terme ça risque de s'avérer un gros problème pour moi .
un peu comme quand j'avais essayé koh lanta pendant le confinement avec les yeux en bille.

mais ce deuxiéme épisodes à le mérite de me donner envie de continuer et je garde espoir d'être durablement embarqué :)

Chris11
30/08/2022 à 07:16

La série est bien faite, mais ce concert de louanges est franchement exagéré. Vous êtes sponsorisés?
Les décors en CGI sont bien plus mal faits que dans certains films/séries que vous avez dézingués pour cette raison mais là vous n'en faites pas mention, la subtilité de la mise en scène m'a clairement échappé, et ce générique low cost. La musique est très agréable, Djawadi est un maestro indéniable mais c'est la même!
SInon les personnages m'ont clairement happé et c'est pour moi l'essentiel dans toute série/tout film que je regarde donc le taf est fait, et je suivrai les prochains avec attention.

JPcinema
30/08/2022 à 06:59

Ennui poli pour moi, on ne s'attache à aucun personnages et ces intrigues de cours sont vues et revues. Je déciderai à la fin du troisième épisode si je continue ou pas.

boxoffice story
30/08/2022 à 05:35

Désolé d'être lourd dans ce concert de louanges. Je me suis fait méga ch...ennuyé à la vision de cet épisode, le même ennui qui m'a pris en regardant des séries pourtant prestigieuses comme Fondation ou Jupiter ascending. J'ai revu les premiers épisodes de GOT pour constater que si House of the dragons est plus chiadé et très appliqué au vu d'un budget largement supérieur, GOT possède un casting de dingue avec des acteurs/actrices hautement charismatiques et que malgré tout cela bougeait plus. Et puis je n'aime pas les préquels en général. Avis subjectif naturellement.

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