Episodes Saison Moon Knight saison 1 épisode 4 : Marvel dans l'antre de la folie

Alors que Moon Knight entame sa deuxième moitié de saison et que le héros poursuit son périple en Égypte, la série de Marvel commence (enfin) à s'intéresser à ses personnages et montre qu'elle peut surprendre quand elle veut. Attention : spoilers !

DUALITÉ

Malgré des atouts indéniables, comme la musique de Hesham Nazih, et une certaine volonté d'amener une ambiance plus sombre et plus violente au sein du MCU, les quelques ambitions narratives et visuelles de Moon Knight sont restées contraintes par Marvel et l'uniformisation de son univers étendu, aussi bien en salles que sur Disney+.

Même avec un héros atteint de troubles psychologiques, un scénario détaché des autres productions du MCU et des auteurs et des cinéastes indépendants comme Mohamed Diab et le duo Justin Benson-Aaron Moorhead à la réalisation, la série s'est contentée de reprendre la même recette que le studio applique désormais industriellement : un gentil, un méchant, des effets spéciaux et une histoire relativement simple avec une dose d'humour. Autrement dit, un divertissement sympathique, gentillet, pas totalement déplaisant, mais terriblement redondant et quelconque niveau créativité.

Alors après trois épisodes de pitreries, d'action fadasse et de fonds verts atroces, ce quatrième épisode surprend à plus d'un titre, car Moon Knight ose (enfin), et ça fait du bien.

N'oublie jamais

Tomb Raider

Dès les premières minutes, alors que Steven et Layla s'enfoncent dans le tombeau d'Ammît au milieu du désert, leurs échanges, leurs regards, leurs expressions ou leurs confidences sur Marc ou le père de Layla donnent plus de vie aux personnages et à leur relation que tout ce qui a été laborieusement développé jusqu'à maintenant à coups de dialogues à rallonge sous des lumières violettes.

Avec ses maladresses et son excitation incontrôlée, presque infantile, Steven n'a jamais été aussi attachant, comme le faux accent britannique d'Oscar Isaac. À l'image de son héros, libéré du fardeau de Konshu, la série semble elle aussi s'être affranchie du poids de Marvel pour se permettre d'aller plus loin, au moins le temps d'un épisode.

Les hiéroglyphes pour les nuls

Si les décors et l'atmosphère de la série se rapprochaient d'Indiana Jones, Benjamin Gates et d'autres films du genre, cette escapade archéologique faite d'énigmes, de labyrinthe et de corniches à traverser rappelle surtout les jeux comme Uncharted et Tomb Raider, mais aussi La Momie réalisé par Stephen Sommers pour son passage horrifique, le premier digne de ce nom.

Contrairement aux précédents épisodes, qui contenaient seulement quelques scènes un peu plus effrayantes que les autres, la série bascule pleinement dans l'horreur avec des jumpscares, un mort-vivant et une scène d'éviscération qui rappellerait presque les découpages de Leatherface dans Massacre à la Tronçonneuse. Avec beaucoup moins de sang, mais une tension patente.

Le retour du retour de la Momie

Steven et Layla se retrouvant séparés, les deux personnages suivent ensuite chacun leur chemin avant de se rejoindre. Lors d'une de ses autres apparitions inopinées, Arthur Harrow vient donner de l'épaisseur à l'arc narratif de Layla autour de la mort de son père et des origines du héros avec de nouvelles révélations tandis que Steven découvre que le tombeau qu'il explore est celui d'Alexandre Le Grand. La référence historique est correcte, mais semble assez douteuse pour une série qui s'intéresse à l'Égypte antique, étant donné qu'Alexandre n'était pas tant un pharaon égyptien qu'un conquérant macédonien à la tête d'un vaste empire dans lequel se trouvait l'Égypte.

S'en suivent d'autres références  et une confrontation entre Layla et Steven, puis Arthur Harrow se décide (enfin) à tuer Marc Spector quand il se retrouve face à lui. Dès lors, Moon Knight continue d'étonner et de dévoiler son potentiel.

Profanateur de sépultures

Réalité

Après l'avoir délaissé et utilisé comme un ressort narratif, la série se décide (enfin) à exploiter la fracture identitaire de son héros et son incapacité à discerner le vrai du faux en plongeant (littéralement) dans sa psyché à travers un retournement de situation directement issu des comics de Jeff Lemire, Greg Smallwood, James Stokoe et Francesco Francavilla. Un bref passage en 4:3, une parodie de série B et Marc se retrouve enfermé dans un asile, déambulant dans les couloirs de son esprit morcelé tandis qu'Arthur Harrow veut le convaincre que son histoire de justicier et de dieu de la Lune n'est qu'une projection des patients de l'institut psychiatrique et d'un univers qu'il s'est construit.

Piles non fournies

Même s'il était relativement prévisible (comme dans n'importe quelle fiction consacrée un personnage avec des troubles mentaux), ce voyage surréaliste dans la tête de Marc permet d'innover au niveau de la mise en scène, d'illustrer pleinement le sentiment d'égarement du héros, mais aussi d'approfondir le rapport entre ses différentes identités. D'abord avec les touchantes retrouvailles entre Marc et Steven, puis avec un mystérieux sarcophage, renfermant sans doute la troisième personnalité meurtrière du personnage qu'est Jake Lockley.

Cependant, aussi réjouissant soit-il, ce sursaut arrive trop tard et aurait sans doute été plus efficace dès le premier ou le deuxième épisode. D'autant que les troubles mentaux de Marc n'ont rien de déroutant ou d'impressionnant comparé à l'incroyable série Legion, qui démarrait justement... dans un hôpital psychiatrique (et qui proposait plus et mieux, sans le budget de Marvel Studios). Encore une fois, les ambitions de la série, même louables, sont limitées par un format trop court, un cahier des charges trop imposant ou une histoire trop lourde.

Quand tu tombes sur Kevin Feige

Comme le suggère le rythme forcé ou l'apparition soudaine de la déesse Taouret sous forme de cliffhanger, cette intrigue dans l'asile ne va probablement rester qu'une rafraîchissante parenthèse psychiatrique menant à la renaissance du héros avant que les combats au ralenti et les gros effets spéciaux à couleur violette reprennent leurs droits, comme l'ont déjà montré les images des bandes-annonces.

Pour autant, ce quatrième épisode étonne, amène le scénario dans une direction inattendue et relance l'intérêt pour les deux derniers épisodes en laissant espérer que Moon Knight pourrait mieux finir qu'elle n'a commencé. Ce n’est peut-être pas beaucoup, mais c'est toujours ça de pris.

Moon Knight a débuté le 30 mars sur Disney+ avec un nouvel épisode chaque mercredi