Star Wars : Tales of the Jedi – critique des contes Dooku sur Disney+

Antoine Desrues | 26 octobre 2022 - MAJ : 26/10/2022 16:38
Antoine Desrues | 26 octobre 2022 - MAJ : 26/10/2022 16:38

Après le revival de The Clone Wars et le spin-off The Bad BatchDave Filoni continue de prolonger l’univers animé de Star Wars sur Disney+ avec Tales of the Jedi, série de courts-métrages s’amusant à raconter de petites aventures caractéristiques des plus grands héros et héroïnes de la franchise. Une proposition dispensable en l’état, mais qui confirme une nouvelle fois toute la maîtrise du réalisateur et de ses équipes, désormais rôdés à l’exercice.

Le réveil de la Force tranquille

On pourrait encore et toujours reprocher aux séries Star Wars de n’investir qu’un champ très limité de sa chronologie, en particulier du côté de la prélogie et de l’interstice entre La Revanche des Sith et Un nouvel espoir. En attendant que la Haute République (la nouvelle création transmédia de Lucasfilm, se déroulant plusieurs centaines d’années avant La Menace fantôme) ne s’impose au grand public, l’avènement de l’Empire et la chute de l’Ordre Jedi restent la partie privilégiée des récits liés à la saga.

D’un autre côté, Dave Filoni est devenu avec le temps le maître en la matière. En se réappropriant avec beaucoup de malice l’ironie dramatique introduite par George Lucas dans la prélogie, il fait de ses explorations de Star Wars de pures tragédies, qui cachent derrière un fan-service obligatoire les trajectoires de personnages et leur inévitable descente aux enfers dans les grands rouages de cette dictature naissante.

 

Tales of the Jedi : photoÇa comte Dooku sur la prélogie

 

Mieux encore, l’équilibre sain trouvé par l’artiste entre sa réutilisation de personnages et symboles connus et sa propre créativité lui permet de donner corps à ce hors-champ. Si bien que chaque nouvelle incursion donne lieu à des textes apocryphes toujours plus complets.

Or, c’est exactement la démarche de Tales of the Jedi, qui se présente comme une succession de pastilles de 10-15 minutes, qui développent chaque fois une petite aventure autour de personnages légendaires et importants de son univers. Les péripéties sont simples et claires, et la structure globale des épisodes clairement inspirées de celles de contes, ramenant plus que jamais les Jedi à leur nature d’êtres mythologiques au sein même de la diégèse de Star Wars.

Pour sûr, cette approche n’est pas la plus risquée, d’autant que Dave Filoni se raccroche aux branches les plus évidentes en axant la moitié de ces six épisodes sur la passionnante (et adorée) Ahsoka Tano. Son créateur s’amuse même à rendre son capital sympathie plus que jamais inattaquable au travers d’un premier chapitre où elle apparaît en tant que nourrisson. Après Grogu, les bébés deviennent la nouvelle denrée narrative essentielle de Star Wars

 

Tales of the Jedi : photoCoeur sur Bébé Ahsoka

 

Père Yoda, raconte-nous une histoire

Cela étant dit, Tales of the Jedi ne peut pas s’empêcher de rester une confortable petite visite touristique au cœur d’un fan-service qui recycle dès qu’il peut ses acquis, au point de profiter d’éléments à peine évoqués dans les films. C’est notamment le cas pour le passé de Jedi du Comte Dooku, autre protagoniste majeur de la série. L’occasion était trop belle pour ne pas montrer son glissement progressif vers le Côté obscur, ainsi que la période où il a été le maître d’un jeune Qui-Gon Jinn, avec un petit doublage de Liam Neeson à la clé.

Le postulat est forcément dispensable et à la destination des fans de la première heure, mais Filoni sait tirer le meilleur de ces petites doses de drogue qui font du bien par où elles passent. Car derrière la simplicité apparente de leurs structures narratives, les épisodes se montrent plus insidieux qu’ils n’y paraissent. On y suit de "petites" histoires, mais suffisamment bien condensées et attachées à leurs personnages pour qu’elles disent tout d’eux et de leur évolution.

 

Tales of the Jedi : photoNobody expects the Sith Inquisition

 

Le Comte Dooku est ainsi décrit comme un véritable idéaliste, brisé petit à petit par l’apathie de l’Ordre Jedi et la corruption systémique du Sénat. C’est justement dans cette sobriété que Tales of the Jedi trouve sa tonalité, jusqu’à utiliser habilement la mort de Qui-Gon dans La Menace fantôme comme l’ultime goutte d’eau qui fait déborder le vase, dans un épisode d’une jolie noirceur.

Paradoxalement, c’est même dans l’épure maximale de son récit que la série trouve ses plus beaux moments. On en veut pour preuve le plus bel épisode, le cinquième, qui repose tout bêtement sur un entraînement d’Ahsoka, contrainte par Anakin d’apprendre à faire face à l’imprévisibilité de combattants tels que les clones, sans même savoir que cet apprentissage lui sera malheureusement utile au moment de l’Ordre 66.

La persévérance du personnage se retrouve au cœur d’une fable douce-amère, qui trouve en plus le moyen de se raccorder avec le final de The Clone Wars de la plus belle des manières. Comme quoi, même en assumant un rythme de croisière, les séries animées de Dave Filoni restent les plus belles lettres d’amour à l’univers de Star Wars... et sa meilleure expansion.

La saison 1 de Star Wars : Tales of the Jedi est disponible en intégralité sur Disney+ depuis le 26 octobre 2022

 

Tales of the Jedi : photo

Résumé

Un peu comme les Special Presentations de Marvel, Star Wars : Tales of the Jedi profite de son petit format pour ne pas avoir le temps de lasser. Malgré l'évidence de son approche, ces fables dans le monde de Star Wars se mangent comme de petits bonbons irrésistibles.

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Lecteurs

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commentaires
Adrien99
24/09/2023 à 19:18

J'ai adoré cette série. Savez vous s'il y aura une seconde saison ?


28/10/2022 à 14:31

@lediseurdevérité

Pour les facilités, c'est plus le format qui engendre ça ; des pastilles centrés sur quelques personnages.
Mais on a vu que lorsque que Filoni s'atteler à des œuvres plus amples (the Clone Wars), c'était également très bon.
J'ai bien apprécié le (mini) arc sur Dooku, et la fin ingrate de Yaadle..


28/10/2022 à 14:26

Pour moi les meilleurs productions Star Wars ces dernières années : The clone wars , Rebels , The mandalorian, tale of the jedi. Pour ces différentes séries, on peut plus ou moins apprécié l'histoire racontée ou l'angle choisi, mais elles restent toutes techniquement très bonnes.
Un dénominateur commun : Dave Filoni. . . Pas besoin d'en dire plus.

Pour The Mandalorian, tout le monde ne parlait que de Jon Favrau pour cette série. Je n'ai jamais compris pourquoi on oubliait constamment Filoni.
Mais il est plus que le réalisateur d'un épisode, il est aussi crédité en tant que producteur exécutif / co scénariste global.

Birdy on the light
27/10/2022 à 19:14

J'approuve, ça passe tout seul, et même si le passage de jedi émérite vers enflure-level-intergalactique-du-cote-obscur m'a tjrs paru facile, les ellipses nous permettent de boucher nous même les trous pour Dooku par ex.
Je n'ai jamais vu clone wars, mais du coup dans la foulée j'ai regardé le film d'1h38, qui fait mieux que toute la dernière Trilogie.

Valren
27/10/2022 à 16:20

L'épisode 5 qui souffre de critiques très moyennes à droite et à gauche à cause du fait qu'il soit très court (10 min) est pourtant très bien amené, et potentiellement très intense quand on a vu Clone Wars, peut être même apte à vous arracher une larme.
Globalement cette série permet d'approfondir la prelogie et de se préparer vaguement à d'autres séries sans devoir voir tout Clone Wars (mais faites-le, vous ratez quelque chose)

Lediseurdevérité
27/10/2022 à 09:57

Rien d’exceptionnel, deux trois facilités, mais ça donne clairement une profondeur plus ou moins importante à 4 personnages. C’est très intéressant, le rythme ne dessert pas au contraire cela permet de faire un zoom sur 6 instant T. Le contrat est rempli. A regarder sans hésiter !

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