Mafia Queens : critique les feux de la mort sur Arte
De l’incontournable Les Soprano à Gomorra en passant par Mirzapur, l’univers des mafieux fascine les séries du monde entier depuis très longtemps. Un univers souvent très codifié et très masculin. Mafia Queens avec Dana Ivgy débarque sur Arte et compte bien faire sauter les codes du genre en suivant l’ascension d’anti-héroïnes au cœur de la pègre israélienne.
Des femmes sans loi
Tout commence par une soirée trop arrosée. De mystérieux assassins éliminent tous les hommes de la famille Malka, figure majeure de la pègre israélienne. Pour survivre, les femmes du clan vont devoir apprendre à s’imposer dans un milieu d’hommes, guidées par l’intrépide Lizi.
Tout ce qui pouvait faire de Mafia Queens une série atypique et intéressante est dans son concept de base. : l’envie de faire un récit mafieux mettant en scène des figures féminines fortes qui s’émancipent, le tout adapté à la société israélienne et à toutes les oppressions que cela sous-entend pour nos héroïnes. D’ailleurs, dès le premier épisode, une fois les funérailles passées, on entend un personnage s’exclamer qu’il n’y a aucun survivant dans la famille Malka, soulignant l’air de rien que les femmes ne font que de la figuration dans cet univers.
Un gang atypique au potentiel redoutable
Malheureusement, ce concept qui pouvait être l’immense force de la série devient vite sa limite. Tout simplement parce que l’exploitation n’est jamais à la hauteur du potentiel. Si le titre français nous promettait des reines de la mafia, on ne suivra en réalité qu’un seul personnage féminin réellement impliqué. Toutes les autres sont souvent réduites au rang de spectatrices passives en attente d’un homme qui fera réellement avancer le récit.
Le personnage de Dori Malka incarne parfaitement ce déséquilibre. Censée être la figure principale du clan, elle est (sur)jouée par l’actrice et chanteuse Rita Yahan-Farouz qui ne parvient jamais à la rendre ne serait-ce que tolérable. Son personnage n’évolue jamais et passe la série à se lamenter sur son sort. Jusqu’au dernier épisode, on l’entend regretter son défunt mari sans qui elle semble incapable de prendre la moindre décision. La touche de comédie grotesque qu’elle tente d’apporter ne prend jamais vraiment non plus.
Quand tu tires sur toutes tes bonnes idées
Les tatas flingueuses
Dès les premières secondes de l’épisode pilote, Mafia Queens joue la carte de la générosité. Voix-off quasi méta pleine de second degré, ton pop décalé, montage dynamique... on démarre sur la belle promesse d’un récit pulp aussi méchant que divertissant.
Cette ambition est soutenue par des dialogues qui visent souvent juste, teintés d’un humour noir appréciable. L’écriture irrévérencieuse avait tout pour être efficace sur papier, offrant des rôles charismatiques à des actrices investies. On retiendra tout particulièrement Dana Ivgy, qui a probablement l’arc narratif le plus intéressant de toute la série, mais aussi Mali Levi et Lihi Kornowski. Malheureusement, toutes ces belles promesses finissent vite par tomber à l’eau.
Comment ça je gâche la série ?
Dans son envie d’être à la fois divertissant et engagé, Mafia Queens ne trouve jamais le bon ton. On alterne constamment entre humour noir plutôt efficace, drame pathos digne d’une télénovela, message social un poil moralisateur et suspense qui manque de rythme pour réellement nous captiver. Jongler avec autant de registres demande une rigueur que la série n’a clairement pas.
On se retrouve donc avec un récit qui, sans échouer dans tout ce qu’il entreprend, ne brille jamais. Jusqu’au point où le message même d’émancipation se voit contredit par un humour paillard sorti de nulle part, censé rendre certains personnages drôles, voire attachants. La série ne sait jamais sur quel pied danser et son spectateur non plus.
Le jour où tout a basculé...enfin presque
Daughters of nanar(chy)
Malgré toutes les maladresses d’écriture, on ne peut pas retirer à Mafia Queens l’intérêt théorique de ce qui est raconté. Là où tout s’effondre, c’est quand - au-delà du fond - on commence à s’attaquer à la forme. La première saison est entièrement réalisée par Amir Mann, déjà à l’œuvre sur la série Fauda pour Netflix en tant que scénariste. Et ce qui est certain, c’est que Mann est bien meilleur scénariste que réalisateur.
La direction artistique est tout simplement désastreuse. La mise en scène est au mieux inexistante, au pire gênante. À l’écran, l’image est terriblement lisse, sans aucune profondeur. Entre des effets stylistiques désuets et un éclairage de soap opera, le travail visuel ne sert jamais le scénario. Pire, l’exécution au rabais vient totalement gâcher les bonnes idées de l’écriture.
Un éclairage qui rappelle le Mistral
Le monteur Itamar Goldwasser, qui s’est récemment illustré avec Valley of Tears récupéré par HBO Max, essaie tant bien que mal de sauver les meubles. La séquence qui ouvre la série en est un bel exemple. Cependant, s’il parvient à dynamiser un peu la narration, il peine à créer de la cohérence entre les différents récits qui s’éparpillent sans réellement se rejoindre. L’excès de personnages secondaires ne pouvait que plomber un rythme déjà bien trop lent.
Au final, Mafia Queens vient nous rappeler que les bonnes intentions ne suffisent pas à faire des œuvres réussies. On quitte la série fatigués, mais surtout frustrés de savoir qu’elle avait le potentiel d’être brillante.
Mafia Queens est disponible en intégralité sur arte.tv depuis le 20 mai 2022
02/12/2023 à 22:53
impeccable !!!!!!!!
17/03/2023 à 13:56
Mr Costa,je n'ai sans doute pas la chance d'être aussi intelligent que vous, cela dit, je me suis régalé. ..
17/02/2023 à 05:13
Critique de râleuse! J'adore cette série, les comédiens, l'intrigue, l'écriture, la version originale, la sensibilité, les rebondissements, un humour à toute épreuve qui dit mieux?
05/02/2023 à 07:35
AHHH merci les commentaires !!!!! non mais en fait en relisant la critique cela est flagrant : Mr Costa pour une raison qu'on ne connaitra pas a décidé de descendre le film... Je suis fan de cinéma, de séries, d'ARTE... quels jeux d'acteurs tous !! Quelle réalisation ! Quel scénario :suspense rires !! Les clins d'oeil des génériques de fin ...Jusqu'au dernier moment ou le fils d'HILLEL sous son masque à oxygène soulève un oeil déjà vengeur ....SERIE GENIALE !!!!
Et "Ecran large" à force de négativité on n'est plus très plausible ....
17/11/2022 à 22:38
je ne comprends vraiment pas cette critique
Pour moi, cette série est un véritable chef d'oeuvre!!
Des personnages charismatiques, attachants, nobles... Une intrigue compliquée mais parfaitement menée. Un humour féroce, des rebondissements incessants... Je vais la revoir, juste pour savourer encore!
13/11/2022 à 08:08
J ai aimé, j ai enchainé ce qui voulait dire que le suspense déjanté m a plu, burlesque, drole, et des personnages attachants, la critique est dure , et heureusement que je ne l'ai lue qu'après.
10/11/2022 à 00:37
Qu est ce que t as Clement Costa ? T as tes règles ?
Gnarf, gnarf
Heureusement que je n ai lu ton commentaire qu après !
Mais c est qu il m aurait fait rater une bonne série ?!
12/10/2022 à 13:50
J'ai adoré!
10/08/2022 à 20:48
Encore une critique rédigée par un refoulé de Télérama
21/07/2022 à 22:29
Réjouissante série qui m'a bien accrochée .Vivement la suite !..Et j'ai 82 ans !