The Walking Dead : World Beyond saison 2 - critique déjà morte sur Amazon

World within

Ces 10 nouveaux épisodes n'atteignent jamais les sommets d'ennui de la saison 1, que l'auteur de ces lignes avait terminée dans la souffrance, le Beretta du rédacteur en chef d'Ecran Large braqué sur la tempe. D'une part parce qu'il est techniquement impossible de rivaliser avec une telle puissance soporifique. D'autre part parce que la nécessité de conclure la série nous épargne le road movie à hangar vide, dans lequel se complaisait la première partie.

Clairement inspirée des éphémères dystopies pour ados, oubliées aussi vite qu'elles étaient apparues dans les années 2010, l'intrigue nous dévoile enfin les dessous de la CRM, communauté militaire totalitaire jurant quelque peu avec les bourgades de survivants de cet univers.

Lobotomisés par les badinages de notre petit groupe de survivants qui passait bien plus de temps à s'apitoyer sur son sort qu'à faire avancer quoi que ce soit, on est presque ravis d'enfin voir le décor changer, et ce monde post-apocalyptique être exploré plus consciencieusement. Surtout que nos six bras-cassés sont répartis dans différentes strates hiérarchiques de la CRM, nous donnant à admirer son organisation, improbable, mais plus divertissante que les chouineries de personnages mal écrits.

On se demande s'ils sont méchants

Vers la fin de la saison se dessine presque un semblant de propos. La série parait effleurer son sujet lorsqu'elle nous révèle les schémas de pensée de ses antagonistes, persuadés d'agir "pour le bien commun". Soit un début de réflexion sur le cynisme propre aux régimes autoritaires, que nos héros doivent combattre de l'intérieur sans jamais perdre de vue leur humanité. Il aura fallu attendre une quinzaine d'épisodes pour que le scénario cesse de jouer la montre et s'attaque enfin aux sujets qu'il avait promis de traiter dans le pilote.

Il faudra s'en contenter. World Beyond ne jouit ni de la même qualité de production ni du même budget que les post-Hunger Games auxquels il voudrait faire penser, par le biais desquels il aimerait rallier une nouvelle génération de spectateurs. Par conséquent, les laboratoires et chambres à coucher de cette dictature ne sont que des hangars vides de plus, en l'absence d'une mise en scène capable de les rendre crédibles, voire d'une mise en scène tout court, en fait.

Sans plan d'ensemble un tant soit peu convaincant ou identité visuelle, impossible de croire à cette suite de décors indiscernables les uns des autres, dignes des plus fades des publicités pour riz instantané, dans lesquels déambulent des militaires allant et venant en dépit de toute cohérence.

Derrière toi, c'est affreux

La grande Fauchée

On en revient toujours au même problème. The Walking Dead est une franchise sous perfusion, complètement fauchée, qui ne doit son existence dans le paysage médiatique et culturel qu'à ses velléités d'extension. Ceci explique pourquoi elle ne vise pas à investir son maigre pécule dans un véritable renouvellement de ses thèmes, qu'elle ne cherche pas non plus à le compenser par des partis pris audacieux (ce qu'avait réussi le spin-off de Z Nation, Black Summer) et qu'elle persiste à vouloir traiter des évènements trop importants pour elle, quitte à économiser sur tous les fronts.

Les limites du budget de la chose piquaient déjà les yeux dans la saison 1, mais l'ambition revue à la hausse de cette saison 2 aggrave encore son cas. Les effets spéciaux raviront le lobby des ophtalmologistes. On en vient presque à regretter les zombies des premiers épisodes, enracinés à l'arrière-plan, au point qu'il était possible de leur échapper en rampant. Si la laideur télévisuelle de la photographie et la réalisation tristement fonctionnelle handicapent les rares aspérités narratives, elles pourrissent carrément les quelques instants de bravoure, au pire navrants, au mieux ridicules.

Une direction d'acteur légendaire (vraiment)

Ces nouvelles aventures adolescentes sont si pauvrement écrites, mises en scène et interprétées qu'elles frisent parfois le nanardesque, lorsqu'elles multiplient les romances peroxydées abandonnées à mi-chemin, qu'elles accumulent des poncifs émotionnels par centaines, qu'elles maltraitent des arcs narratifs (Silas, ses indécisions et son hilarant choix final) ou qu'elles demandent à leur jeune casting de jouer l'assurance. Il devient surtout difficile de se retenir d'éclater de rire quand le personnage de Huck rentre dans le champ, tant les grimaces incessantes d'Annet Mahendru parodient en direct les tourments intérieurs du protagoniste.

Certes, on s'ennuie un peu moins, mais ni les amateurs de chair putride ni le public-cible (les ados, donc) ne tiendront assez longtemps pour esquisser un sourire. Si bien qu'à la fin, il ne reste plus à cet énième spin-off que les références artificielles au reste de la saga, un semblant de cohérence pour convaincre les habitués de rester et faire parler de la série (que personne n'a envie de promouvoir), grâce à un cliffhanger sans aucun rapport avec la choucroute, tout juste bon à alimenter les sites de pop culture. Eh oui, on ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes.

The Walking Dead : World Beyond est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video depuis le X décembre 2021