October Faction : critique d'une chasse aux monstres désastreuse sur Netflix

LA FACTION DE L'ENNUI

October Faction, avant de devenir une série Netflix, est surtout un comics de Steve Niles (scénariste de 30 jours de nuit notamment) publié en 2015. Le comics (et donc la série) raconte l'histoire de la famille Allen, dont les parents Fred (J.C. MacKenzie) et Deloris (Tamara Taylor) sont des chasseurs de monstres globe-trotters intégrés à l'organisation Presidio, qui préserve l'espèce humaine depuis des siècles dans le plus grand secret.

Cependant, lorsque le père de Fred décède, ils doivent retourner dans leur ville d'origine. Obligés de continuer à cacher leurs identités à leurs deux enfants Viv (Aurora Burghart) et Geoff (Gabriel Darku), et désormais à toute la ville, ils affrontent en plus des phénomènes étranges qui vont bouleverser leur quotidien, les mettre à rude épreuve voire changer leur vision du monde.

Le retour aux affaires de Tamara Taylor, peut-être la seule chose qu'on voudra retenir

Sur le papier, October Faction avait donc quelque chose de profondément intrigant. Après tout, alors que Grimm a quitté les écrans depuis un bout de temps, que Supernatural est sur la fin avec sa quinzième saison et que le fantastique a toujours un joli potentiel à fans, la série de Damian Kindler arrive, à l'improviste, au bon moment. D'autant plus à l'ère des comics adaptés ou repensés partout et tout le temps sur le petit écran comme les récents The Boys, Umbrella Academy, Swamp Thing, Watchmen, V Wars ou encore Locke & Key prochainement sur Netflix.

Malheureusement, on comprend très vite qu'October Faction sera avant tout une des nouvelles créations Netflix produites avec un budget ridicule, sans une once d'originalité et exclusivement conçues pour agrandir le catalogue déjà très fourni (en bon et surtout en moins bon) de la plateforme.

Une sacrée équipe (ou pas)

MONSTER HUNTER WITHOUT MONSTER

C'est bien simple, il n'y a quasiment rien qui va dans October Faction. À peine dix minutes après le lancement de l'épisode 1, la narration est tellement mal fichue qu'on a l'impression de débarquer au milieu de l'épisode 5 et d'avoir manqué tout un pan du récit qui nous est dépeint. October Faction développe, en effet, une majorité de ses mystères et du passé des personnages (les parents) à travers toute une série de flashbacks ignobles (qui a eu l'idée de ce filtre jaune foncé sérieusement ?) dont l'agencement est pénible à suivre, et jamais engageant.

Le comics de Niles a largement été décrit comme une sorte de version adulte de La Famille Addams, dotée d'un humour noir acéré au milieu de son univers sombre aux multiples créatures. Tristement, la série ne tirera profit d'aucun de ses points. Et à dire vrai, quand une série annonce une chasse aux monstres en tout genre et que leur présence se fait aussi rare que l'apparition de la neige à Tombouctou, ça pose un gros problème. Alors évidemment, la série propose quelques petites bastons plaisantes (cette traque inattendue dans un supermarché de l'épisode 1), mais l'ensemble est vite rattrapé par son budget plus que limité.

Des effets spéciaux à la pointe

Les créatures montrées à l'écran sont cheap à mort et les CGI qui les composent sûrement élaborés avec la version Windows 95 de Paint. Pire : alors qu'on espérait une série de baston fantastique qui bourrine du monstre, October Faction se transforme rapidement en un récit fantastique terriblement fade aux séquences d'actions brèves et sans panache. Au-delà, l'histoire développe des enjeux démodés depuis la fin de Prison Break (la première fin, celle de la saison 4), balançant à la figure des personnages la sempiternelle organisation secrète faussement gentille qui cache en fait des desseins bien noirs.

À côté de son complotisme périmé, ce n'est pas son envie inexorable de transposer l'univers sombre du comics dans celui du teen drama, avec les deux adolescents dénués de charisme, qui pimentera le tout. Au fil de ses dix épisodes, October Faction s'enlise à force de sous-exploiter son univers et de l'affadir en permanence pour tenter d'attirer un public toujours plus large.

Parce qu'en effet, le duo de parents chasseurs de monstres offre à quelques reprises des séquences amusantes, voire divertissantes. Et même si le récit est d'un banal affligeant, il avait largement les moyens d'être un minimum emballant, notamment après le twist (attendu certes) de l'épisode 4. Mais tristement, exception faite de Tamara Taylor et J.C. MacKenzie, on ne retient finalement rien d'October Faction, définitivement plombée par son récit insipide, ses pauvres décors, ses monstres cheaps et ses cliffhangers même pas dignes de Kyle XY. 

October Faction est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 23 janvier 2020