Missions : une saison 2 ambitieuse pour la série de SF française entre Stargate, Blade Runner et Lost

Alexandre Janowiak | 13 septembre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 13 septembre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le monde des séries françaises ne se porte pas toujours très bien. Si Le Bureau des légendes et la plupart des productions Canal + font partie du haut du panier, et que France Télévisions offre un spectacle sympathique avec Dix pour cent, Netflix en revanche n'a toujours pas réussi à convaincre à ce niveau (nous n'avons pas encore vu Marianne à l'heure où cette critique est rédigée). Cependant, la plateforme OCS, elle, nous avait plutôt convaincu avec sa série de SF spatiale Missions. Et avec la saison 2, elle prouve à quel point il est possible de faire des séries de genre réussies en France.

NEW MISSION

Missions s'était dévoilée dans une première saison étonnante en 2017. Visuellement, la série n'avait pas grand-chose à envier aux grosses productions du genre malgré son budget ridicule (1,5 million d'euros) et était extrêmement généreuse n'hésitant jamais à tenter de suivre les pas de ses références majeures : Mission to MarsInterstellarContactMoon voire Seul sur Mars. Et si la série subissait nombre de ses défauts, de son surplus de sous-intrigues inutiles et de son format 26 minutes qui l'obligeaient à tout rusher (sans parler de la direction d'acteurs totalement ratée), on portait de grands espoirs sur elle.

Deux ans plus tard, la série de Julien Lacombe, Ami Cohen et Henri Debeurme est enfin de retour après avoir conclu sa première saison sur un énorme cliffhanger qui ouvrait de nombreuses portes à la série. Quelle n'est pas notre surprise de constater à quel point Missions a réussi à grandir entre temps offrant une deuxième saison palpitante et encore plus ambitieuse.

 

 

GALACTIC ADVENTURE

Missions a développé un univers dense et foisonnant tout en instaurant une mythologie passionnante à son récit lors de sa saison 1. De manière pertinente et judicieuse, les scénaristes ont décidé de faire un bond de cinq ans en avant pour cette deuxième saison. De facto, le progrès de l'univers dépeint par Missions paraîtra crédible à chaque instant et leurs découvertes au fur et à mesure des dix épisodes qui composent cette saison 2 n'en seront que plus fascinantes.

Pourtant, dans son premier épisode de saison 2, la série française décontenance totalement, plongeant le spectateur dans une forêt verdoyante loin des terres rouges connues du spectateur. En enlevant les repères du public sans lui donner d'indications sur ce qu'il voit à l'écran, Missions prend de gros risques, mais l'intrigue étant tenue admirablement par les scénaristes, le spectateur sait que le tout fera sens.

 

photoC'est reparti pour un tour

 

Après deux ou trois épisodes déroutants, Missions se dévoile alors, retrouve ses repères, offre quelques réponses et embarque à nouveau le spectateur dans une mission martienne prenante. Un début de saison plus énigmatique pour la série OCS qui permet d'enrichir son univers et de le complexifier sans pour autant perdre l'attention de son public qui finit par recoller les morceaux au fil des twists et révélations décimés ici et là.

Après avoir cumulé les références aux films de missions spatiales dans sa première saison, Missions prend d'ailleurs une plus grande ampleur dans ces dix nouveaux épisodes, s'ouvrant pleinement à la science-fiction et au fantastique. De Stargate, la porte des étoiles à Lost, les disparus, en passant par Blade RunnerBattlestar GalacticaWestworld ou Le Cercle Vicieux d'Isaac Asimov, Missions rend hommage à nombre d'oeuvres cultes ou majeures.

Certes, l'hommage ressemble parfois plus à un copier-coller qu'à une simple inspiration, mais peu importe. Si certaines grandes lignes du récit de Missions saison 2 sont déjà vues et manquent d'originalité, la série gagne en confiance et en qualité à plein de niveaux en se voulant aussi pertinente que ses célèbres ainés.

 

photoEncore plein de découvertes

 

SPACEWORLD

L'un des gros problèmes de la saison 1 résidait dans la surabondance d'intrigues secondaires qui gênaient le déroulé de l'intrigue principale. Ici, le problème est presque réglé totalement, les sous-intrigues trouvant pleinement leur place au coeur du dispositif. Évidemment, il y a quelques répétitions inopportunes et parfois des accentuations peu nécessaires, mais la série dose mieux son récit. La narration, malgré sa plus grande complexité, est plus fluide et toujours captivante.

Loin de nous l'idée de dire que Missions est remarquable avec cette saison 2 et supprime tous ses défauts. La direction d'acteurs (et les dialogues) est loin d'être optimale par exemple (exception faite de Barbara Probst) et sur ce point la série a beaucoup à apprendre. Dans un souci d'efficacité, la série ne manque pas non plus d'user de plusieurs facilités scénaristiques pour conclure des arcs ou en expliquer d'autres. Un choix inévitable au vu du format 26 minutes (ou plutôt 20 minutes si l'on enlève les génériques et le récap introductif) qui oblige l'ensemble à accélérer voire se hâter.

 

Photo Barbara ProbstBarbara Probst impeccable de bout en bout

 

Pour autant, avec un budget aussi mineur (entre 2 et 2,5 millions d'euros pour les 10 épisodes), difficile de ne pas souligner le courage de Missions qui livre une histoire généreuse et audacieuse. De plus, visuellement, la série OCS est toujours une immense réussite, qu'il s'agisse de ses effets spéciaux (de magnifiques plans sur Mars ou dans l'espace) ou de sa direction artistique (l'intérieur du vaisseau, d'ailleurs refait à neuf pour cette deuxième saison).

En plus de son univers qui s'enrichit en développant des thématiques connues du genre (les humanoïdes, l'immortalité, le destin de l'humanité...), tout en jouant également sur la psychologie de ses personnages, Missions se révèle donc toujours aussi plaisante à suivre. Finalement, on ne peut espérer qu'une seule chose pour la série : un plus gros budget pour sa saison 3 annoncée par le cliffhanger de fin de saison 2 afin de poursuivre l'aventure plus sereinement et d'amplifier un peu plus la mythologie du show.

Missions saison 2 est disponible en intégralité sur OCS depuis le 5 septembre. La saison 1 est également disponible sur la plateforme.

 

photo

Résumé

La saison 2 de Missions décontenance aux premiers abords avant de relancer avec audace et générosité son aventure spatiale sur Mars et l'avenir de l'humanité. Si elle n'est pas exempt de défauts, la série OCS reste encore une fois une très belle réussite au vu de ses moyens.

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commentaires
Antarès 1111
03/05/2023 à 21:17

Je dois être martien dans l'âme mais le jeu des acteurs "américains" me paraît et m'a toujours paru terriblement nul.

adoubeur
01/11/2019 à 07:59

Je lis partout que la direction d'acteur laisse à désirer dans cette série. J'ai du coup presque honte de les avoir tous trouvé formidables ! Je dévore les séries en anglais et là, j'ai trouvé ça tellement agréable que les acteurs s'expriment en français et en anglais.
Par exemple, je préfère les acteurs de Missions que ceux d'Expanse qui sont inexpressifs au possible. Je suis d'accord avec le commentaire précédent sur notre habitude du jeu anglo-saxon ...
J'ajouterai que c'est très symbolique de l'Europe je trouve que les dialogues mêlent dans la même scène plusieurs langues. (un parle en anglais et l'autre lui répond en français), j'adore !
En plus, j'ai vu l'actrice qui joue Jeanne au théâtre à St Etienne et elle est formidable !

Nodiag
21/09/2019 à 21:29

En France, on n'a l'idée de copier ce qui est déjà fait par les Américains mais on a pas les moyens...

Miami81
17/09/2019 à 22:15

Je sais pas. Je me trompe peut être, mais je pense qu'historiquement, le métier d'acteur en France est très lié au théâtre. Et donc, par définition un jeu d'acteur très théatral qui manque parfois de finesse, ou en tt cas qui passe à côté du support auquel il est destiné. Pas étonnant que la France soit si axée sur la comédie et le vaudeville.
J'ai l'impression que les Etats Unis ont su séparer le théâtre du pur entertainment..
Vous parliez du film "seuls" il y a quelques semaines. C'est un cas d'espèce :un jeu d'acteur approximatif voire en roue libre. Aux Etats Unis, les enfants à l'écran paraissent déjà pro (y compris lors des promos).
C'est peut être une vue de l'esprit, je ne sais pas si au final, c'est un problème de direction d'acteurs par des réalisateurs français omnipotents ou un vrai problème dans les écoles de cinéma (et encore, quand les acteurs ne sont pas des stars de la chanson, des one man ou des plateaux TV), mais c'est malheureusement souvent l'impression que ça donne.

Simon Riaux
17/09/2019 à 12:37

@Miami81

Et si le problème ne venait pas en partie du public, formaté au divertissement anglo-saxon, incapable d'appréhender sa propre langue ?

Quand on voit le nombre de commentaires ahurissants qui s'accumulent pour expliquer combien la production française est cauchemardesque, on se demande parfois où se situe vraiment le souci.

Miami81
17/09/2019 à 12:26

26 minutes.... on est loin des formats courants. Moins d'épisodes étirés à 45 min (allez, on peut y arriver) auraient été beaucoup plus vendeurs.
J'ai beaucoup aimé la saison 1, mais d'accord avec Birdy, il y a toujours un vrai soucis avec le métier d'acteur en France.

Birdy
14/09/2019 à 14:57

Ok pour le mérite et la direction artistique. Mais le jeu d'acteurs et/à cause de l'écriture des rôles/dialogues, tirent hélas, trop souvent, la série vers le bas.
Mais par curiosité, je vais sans doute regarder la 2.

Darde
14/09/2019 à 13:54

D’accord avec vous EL
Série agréable à regarder, spectacle très respectable, encore plus quand on sait avec quels moyens c’est produit

Francky
14/09/2019 à 13:23

Merci à vous pour plaisirs que vous nous avez donné

Bubble Ghost
13/09/2019 à 21:19

Ouai... Bein même sans trop de pognon, la direction artistique de cette modeste série, qui plagie Mission To Mars, Prometheus, Star Gate et Star Trek, elle assure grave, je trouve. La mise en scène est agréable. La lumière, les cadres et la photographie sont belles. Et malgré une puissance de calcul modeste, l'emploie des CGI est aussi raffiné qu'intelligent. C'est loin d'être une série parfaite. Mais la saison deux prouve, que les créateurs n'ont pas peur de se remettre en question. Bref, je suis totalement preneur pour une saison 3.

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