Les 5 Terres tome 6 : des capes, des crocs et du Game of Thrones pour une épopée animale

La Rédaction | 14 juin 2021 - MAJ : 14/06/2021 15:16
La Rédaction | 14 juin 2021 - MAJ : 14/06/2021 15:16

Un royaume de félins ivres de pouvoir, des chevaliers lions pas aussi fidèles qu'attendu, un chien de guerre aux cicatrices béantes... Les 5 Terres conclut son premier cycle dans un rugissement phénoménal.

 

photo(c)2021, Groupe Delcourt

 

ZOODYSTOPIA

Avec Les 5 Terres, Delcourt s’est lancé un défi pharaonique. Raconter au gré de 5 cycles de 6 volumes chacun, l’épopée du royaume d’Angleon, dominé par les félins, mais dont l’emprise sur les autres races est pour le moins chancelante. Au rythme ahurissant de quasiment un tome tous les six mois, c’est donc le premier cycle qui s’achève sous nos yeux, et de fort belle manière. Intitulé Par la Force, ce nouvel épisode reprend nos (anti-)héros là où nous les avions laissés : après une série de soulèvements et de rébellions extrêmement violente, tout semble rentrer dans l'ordre, alors que le pouvoir fait preuve d'une intelligence stratégique qui n'a d'égale que sa résolution impitoyable. Une équation qui ne réjouit pas les jeunes prédateurs du royaume.

Nous avions découvert la capitale méridionale de cet empire sous des cieux azuréens, mais sur le point de virer à la tempête. L’action commence alors que le roi Cyrus vit ses derniers instants, instants d’autant plus troublés que sa succession ne va pas de soi. Jadis vainqueur triomphal de la bataille de Drakhenor, il a pu monter sur le trône en sauveur de royaume victorieux, évinçant au passage l’antique lignée des lions. 

 

 

photo(c)2021, Groupe DelcourtOn n'apprend pas à un vieux tigre à faire des massacres

 

Une première pour ce redoutable tigre qui agonise alors qu’il doit songer à comment perpétuer au mieux sa lignée, afin de la transformer en dynastie. Les amateurs reconnaîtront évidemment l’influence de réussites éclatantes telles que Blacksad ou encore De Cape et de crocs, qui ne sont jamais agités inutilement ni repris, mais bien digérés. Ce qui frappe d’ailleurs rapidement, alors que se tournent les pages relatant la lutte sanglante, souvent fratricide, pour le pouvoir, c’est la grande cohérence de l’univers imaginé par le collectif Lewelyn. 

Non seulement il rend intelligible un système institutionnel complexe avec une aisance étonnante, mais il parvient à investir toutes les strates de sa société de protagonistes forts. De l’épéiste This, faussement innocent, en passant par la princesse Astrelia, qui paiera cher le fruit d’une transgression symbolique, jusqu’à l’ambitieux et stratège Mederion, la galerie de personnages affûte ses griffes avec délectation sous nos yeux. 

 

photo(c)2021, Groupe Delcourt. Un couronnement, un cocktail, le quotidien de la rédaction

 

GUERRE OF ThrONES

L’influence la plus évidente, celle qui saute aux yeux, est évidemment celle de Game of Thrones, dont on sent bien que le scénario regarde avec envie certains tropismes. Pour autant, et contrairement à des hordes de créations souvent opportunistes, voire carrément copieuses, Les 5 Terres a la bonne idée de ne pas tant repiquer les intrigues que certains stéréotypes superficiels. 

Par conséquent, si on reconnaît ici et là l’ombre d’un conseiller, la figure d’un mercenaire impavide, ou un prototype d’intrigant de cour, on apprécie combien l’intrigue s’amuse à jouer de ces clichés pour mieux les tordre, ou carrément les briser. En témoigne la conclusion du premier tome, qui prend à rebrousse-poil beaucoup des enjeux les plus attendus et rebat violemment les cartes, quand tout semblait entendu. Il en va de même pour le destin des suzerains, non seulement surprenant, mais parfaitement logique. 

 

photo(c)2021, Groupe Delcourt. Un tome 6 qui donnera un grand rôle à un personnage éminemment charismatique

 

C’était d’ailleurs le principal défi de ce 6e tome, qui avait pour double mission de conclure l’arc narratif principal tout en augurant de perspectives stimulantes, suffisamment pour pousser les lecteurs à embarquer pour un nouveau cycle. Et c’est une mission accomplie dans les règles de l’art, tant cet opus parvient à embrayer sur l’une des sous-intrigues les plus excitantes des deux précédents tomes, à savoir une révolte étudiante aux conséquences brutales. 

Réussir à proposer une dramaturgie complexe est une chose, parvenir à y insérer le vertige du hasard, le choc des déterminismes, est encore bien plus complexe. Et c’est à cette démonstration de force qu’assiste le lecteur quand il constate simultanément l’habileté machiavélique de Terys et Mederion, et combien ces derniers se voient malmenés par le surgissement du réel. 

 

photo(c)2021, Groupe Delcourt. Au coeur du pouvoir, un duo décidé à imposer sa loi

 

DESSINER C'EST DÉVORER

Au-delà de sa mythologie prenante et de son univers aussi vaste que séduisant, ce sont les dessins de Jérôme Lecureley qui passionnent. Ce dernier atteint un équilibre remarquable entre la profusion de détails qu’appellent logiquement les représentations d’animaux, entre les textures des pelages, le lustre des poils l’aridité des écailles, la direction artistique propre à un univers à mi-chemin entre Renaissance espagnole et inspirations médiévales plus franchement hexagonales. Son trait demeure toujours alerte, et quand la violence surgit, que rapières et épées sont de sortie, le mouvement est toujours véloce, les planches idéalement composées. Un tour de force véritable, quand on sait combien le rythme de publication est intense.  

Nommons aussi les réussites de Dimitri Martinos au poste de coloriste, ainsi que de Lucyd et Diane Fayolle à l’encrage. La bande-dessinée est belle, les contrastes font chaud au cœur, et on prend un plaisir non dissimulé à parcourir aussi bien les alcôves du palais, les dunes du désert, ou les cités méridionales, dont l’indolence laisse toujours poindre une brutalité sur le point de jaillir. 

Alors que se conclut ce premier cycle des 5 Terres, on ne saurait trop vous conseiller de le dévorer, et de vous préparer donc à découvrir les prochains soubresauts qui agiteront le royaume d’Angleon. 

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

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commentaires
RenardBleu
26/06/2021 à 00:36

fan de la. série, j'ai apprécié cet article. je vois. cependant. u' problème dans la. série, le choix des couvertures. Pour le dernier tome, je. naissance pas été surpris par le scenario puisque javaias identifié un lien couverture / intrigue du tome.
à corriger...

Chrissydney
21/06/2021 à 15:18

Magnifique série. Un futur classique.tout est top scénario dessin couleurs... J' habite à l étranger et a chaque retour en France les derniers tomes de la saga font le voyage retour. J' espère vraiment que les auteurs et l éditeur iront jusqu' au bout de cet ambitieux projet.

Berserkovore
14/06/2021 à 16:48

Je suis la saga depuis ses débuts et j'ai acheté (et dévoré) ce 6e tome dès le jour de sa sortie.
Et je confirme totalement le grand bien que vous en dites, sur la forme comme sur le fond !

Copeau
14/06/2021 à 15:28

Grand fan de BD’s , je ne peux qu’être d’accord avec cet article ... une excellente saga ! Anthropomorphisme et Le Trône de Fer font un beau mélange , c’est clair !