Aliens : Dark Descent – le jeu qui rend (enfin) hommage au génie de James Cameron ?

La Rédaction | 20 juin 2023
La Rédaction | 20 juin 2023

Aliens : Dark Descent permet à la saga d’approcher le jeu d’action tactique. Décryptage d’un joli renouvellement de l'univers.

Depuis le chef-d'œuvre inaugural de Ridley Scott en 1979, Alien est devenu une franchise sûre de la pop-culture. Au-delà de son expansion dans le domaine cinématographique, épaulée par la diversité de réalisateurs qui ont marqué de leur griffe la saga, les comics et les jeux vidéo ont aidé à sculpter la mythologie des xénomorphes. Bien avant que les films Alien vs. Predator ne voient le jour, ce sont d’ailleurs les deux médiums pré-cités qui ont imaginé ce crossover dément.

En tout cas, on peut constater que les extraterrestres terrifiants designés par H.R. Giger passionnent toujours autant, comme en atteste la sortie d’Aliens : Dark Descent, disponible dès maintenant sur PC, PS5, PS4, Xbox Series et Xbox One. Un nouveau jeu développé par l’équipe française de Tindalos Interactive, pour une proposition plus indépendante qu'à l'accoutumée, mais qui n’en est pas moins ambitieuse et originale.

À vrai dire, les fanboys dans notre genre, adeptes de bave, de ventres explosés et de grosses bébêtes, ont été habitués à un paquet de jeux Aliens. Beaucoup ont pu décevoir par le passé, et beaucoup se sont contentés d’être des FPS horrifiques assez basiques, où il faut dézinguer à tour de bras du xénomorphe, quitte à amoindrir la terreur provoquée par la créature. Or, Dark Descent trouve un équilibre intéressant grâce à son gameplay spécifique, et son approche de l’univers excitant d’Alien. Plongeons ensemble dans les entrailles de la bête.

 

 

 

Tactical Marines et Néo-Ripley

Décrire Aliens : Dark Descent est plus complexe qu’il n’y paraît. À première vue, on est face à un jeu de survie, sans pour autant être confronté à l’impuissance du protagoniste d’Alien : Isolation. Oubliez la première personne, et place à la vue isométrique, où l’action se mêle à de la pure stratégie en temps réel. Si le genre a été quelque peu abordé par le passé avec Aliens vs. Predator : Extinction en 2003, Dark Descent cherche une forte dimension tactique qui n’en oublie pas son atmosphère.

Il suffit pour cela de voir comment le prologue du jeu nous balance au cœur de l’enfer, alors qu'une flotte spatiale de la Weyland-Yutani (la fameuse corporation machiavélique dépeinte dans les films) subit la libération de colis indésirables remplis d’aliens et d’œufs. Soit le début d'un cauchemar pour l’héroïne Maeko Hayes, l’administratrice adjointe de la Station Pioneer que l’on incarne.

 

Aliens : Dark Descent : photoIl va falloir sortir l'artillerie lourde

 

Et ce point de départ est déjà intéressant. Si Dark Descent se déroule après les événements d’Alien 3 (donc après la mort d’Ellen Ripley), c’est pour mieux marquer Hayes en héritière de Sigourney Weaver. Alors que tous les personnages autour d’elles ne se préoccupent pas assez vite de la situation, elle prend la décision difficile d’activer le protocole Cerbère, qui empêche l’entrée et la sortie de tout vaisseau à l’aide de missiles, afin d’encapsuler la menace. Mais une fois que l'Otago s’écrase sur Lethe, ce choix courageux se retourne contre elle. La voilà coincée avec quelques survivants sur une planète infestée de xénomorphes, tout en devant vivre avec la culpabilité de cette attaque et des sacrifices qu’elle a engendrés.

Hayes n’est pas juste une femme d’action, mais une commandante avec de hautes responsabilités, contrainte à donner des ordres difficiles, notamment à l’escouade de Marines Coloniaux qu’on envoie en mission pour explorer Lethe et espérer en repartir vivants. Par la présence de ces personnages militaires, qu’il est possible d’améliorer au travers de plusieurs classes, Dark Descent assume son inspiration du côté d’Aliens, le retour de James Cameron, le deuxième opus qui a introduit dans la saga l’USCM (United States Colonial Marine Corps).

 

Aliens : Dark Descent : photo"Bonjour, c'est nous la chair à canon"

 

Le retour de la revanche

Encore aujourd’hui, la suite au film de 1979 reste l’opus le plus important pour le dixième art, puisque le long-métrage a troqué une partie de sa dimension horrifique au profit de l’action. Pas mal de jeux vidéo en ont retenu les mauvaises leçons en mettant de gros fusils qui font panpan un peu partout, le tout contre des marées de xénomorphes plus du tout effrayants.

Dark Descent a ainsi le mérite de se démarquer en transposant moins le vernis d’Aliens que sa dynamique et ses enjeux. Tout le récit de Cameron repose sur l’incapacité d’une équipe de choc à garder son sang-froid, tandis que la situation devient de plus en plus désespérée. Face à l’arrogance d’une humanité qui pense pouvoir contrôler une espèce aussi dangereuse, notre faillibilité nous est renvoyée à la figure. Mais plutôt que d'en être uniquement spectateur, on a cette fois l’opportunité de devenir nous-mêmes ces personnages qu’on engueulerait en temps normal derrière notre écran.

 

Aliens : Dark Descent : photoMère-grand, comme vous avez de grandes dents

 

Dans Aliens, le lieutenant William Gorman et ce salaud de corporatiste Carter J. Burke perdent vite le contrôle dans la station de LV-426, et sont incapables de prendre une décision avant que Ripley ne vienne à la rescousse de l’escouade en péril. Pour la faire courte, Dark Descent semble se baser sur l'énergie de cette scène, et intime de garder la tête froide malgré le challenge du jeu. La santé mentale et le niveau de stress de vos soldats sont d’ailleurs une donnée importante à prendre en compte. Au demeurant, ne vous attachez pas trop à vos Marines, car leur décès est permanent dans la partie, et impacte même la progression de l’histoire.

Tindalos Interactive a profité du monde éminemment anxiogène de la franchise pour déstabiliser, et la vraie satisfaction d’Aliens : Dark Descent découle de cette faculté à apprivoiser le jeu et ses mécaniques. Il est notamment possible de ralentir le temps au cours d’une attaque pour choisir quelle capacité spéciale utiliser pour assurer la survie de notre équipe, entre tirs de suppression, grenades tactiques et autres joyeusetés du genre.

À partir de là, le titre ne se prive plus d’étendre son univers et son gameplay en gardant en ligne de mire des éléments inhérents à Aliens, à commencer par les fameuses tourelles automatiques aperçues dans la version longue du film. Tout cela amène à être découvert au fil de l’aventure, où Hayes doit gérer en parallèle du champ de bataille les ressources d’un hôpital, d’un laboratoire et d’une armurerie.

 

Aliens : Dark Descent : photoUn décor feng-shui

 

Le condensé d'un univers foisonnant

Mais surtout, le recul de la vue isométrique permet d'aborder d’une façon nouvelle le monde d’Alien et la force de cet espace dans lequel “personne ne vous entend crier”. Avec ses missions qui amènent à explorer en profondeur une planète peu accueillante, l’escouade de Marines est renvoyée à sa petitesse dans un cosmos froid et hostile. Le xénomorphe, en tant qu’organisme parfait (tel qu’il est décrit dans le premier film), est une métonymie tétanisante d’un ailleurs qui nous dépasse, une forme de vie supérieure qui peut nous anéantir, tout en reflétant à quel point l’immensité de l’univers n’est pas pensée pour nous. L’essor de la vie sur Terre n’est que pure chance, et celle-ci est bien fragile.

Ce vertige très lovecraftien est renforcé depuis ses débuts par le design biomécanique de la créature imaginée par H.R. Giger. Le corps et l’organique sont mis en parallèle de leur dimension fonctionnelle, et Dark Descent en joue avec intelligence lors de la révélation de l’Alien, caché au milieu de tuyaux noirs qui épousent la même forme. Tout est sujet à l’industrialisation, et la gestion que le jeu demande s’accorde parfaitement à cette fatalité. Les aliens sont même les premiers concernés, au vu de la complexité de leur système de reproduction, à base de Facehuggers et d’hôtes.

 

Aliens : Dark Descent : photoAh oui, il y a des androïdes pas gentils aussi

 

Il est toujours bon de rappeler que là encore, Aliens, le retour a prolongé cet élan de la mythologie, dans lequel Dark Descent plonge avec plaisir. En dehors des xénomorphes habituels, il sera possible de faire face à la fameuse Reine, ainsi qu’à ses protecteurs (les Prétoriens, des aliens plus gros et forts que la moyenne). À noter aussi la présence excitante des Gardiens, des humains modifiés qui cherchent à devenir surpuissants en s’implémentant un xénomorphe dans le ventre, tout en retardant sa naissance par de la technologie.

Comme quoi, les enjeux liés à l’armement biologique restent centraux dans l’univers d’Alien, et Dark Descent possède son lot de surprises au cours de sa campagne, qui nous rappelle pourquoi on aime toujours autant la richesse de ce monde déliquescent, où l’humanité cherche sa place.

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commentaires
Malaparte
20/12/2023 à 15:00

@CplHicks

"Vivement Alien Isolation 2 pour lequel un insider très connu a bien affirmé que le jeu était en développement. En espérant qu'ils fassent évoluer la formule évidemment car ça n'aurait aucun intérêt de jouer au même jeu mais en conservant tout ce qui a fait l'intérêt du premier opus."

-> lol. Ca veut dire quoi ?
Tu veux qu'ils fassent évoluer la formule : soit. J'en déduis que tu veux peut-être que le jeu se rapproche plus d'un "Aliens" à la James Cameron. Mais d'un autre côté, tu veux qu'ils conservent tout ce qui a fait l'intérêt du premier opus... et qui est, justement, le fait d'être seul, isolé, désarmé contre l'Alien et en mode infiltration : donc à la sauce du Huitième Passager.

A titre personnel, j'espère qu'ils vont garder la recette du 1er Alien. Parce que si c'est un jeu à la Call of Duty qui m'intéresse, j'achète Call of Duty directement, pas la peine de dégrader la qualité d'Alien : Isolation.

CplHicks
10/07/2023 à 09:41

Globalement d'accord mais pas pour cette partie :

"Encore aujourd’hui, la suite au film de 1979 reste l’opus le plus important pour le dixième art, puisque le long-métrage a troqué une partie de sa dimension horrifique au profit de l’action. Pas mal de jeux vidéo en ont retenu les mauvaises leçons en mettant de gros fusils qui font panpan un peu partout, le tout contre des marées de xénomorphes plus du tout effrayants."

Aliens n'a rien troqué du tout de sa dimension horrifique, il a au contraire trouvé un équilibre parfait entre horreur, action et utilité des personnages, car les individus sont isolés et constamment en mode survie et se font littéralement décimés. En allant plus loin dans la réflexion, on ne peut d'ailleurs que se rendre compte du message sous-jacent : vous pouvez être la plus puissante armée du monde avec vos fusils à impulsion, vos incinerators, toute votre technologie et votre ego démesuré, vous ne viendrez pas à bout de la menace. Et c'est justement un des grands intérêts de ce film épique, "vous êtes très forts, mais vous ne valez pas grand chose ici".

Par contre oui, beaucoup de jeux vidéos de la franchise n'ont pris que la facilité de l'action. Cependant, il faut remettre dans le contexte jeu vidéo où la majorité des joueurs veulent se divertir et passer un bon moment. Alien Isolation était incroyable mais clairement pas pour tout le monde car l'infiltration, l'absence d'arme létale, et le die and retry repoussent beaucoup de joueurs. Vivement Alien Isolation 2 pour lequel un insider très connu a bien affirmé que le jeu était en développement. En espérant qu'ils fassent évoluer la formule évidemment car ça n'aurait aucun intérêt de jouer au même jeu mais en conservant tout ce qui a fait l'intérêt du premier opus. Aliens Fireteam Elite que l'on parcoure en escouade mode Left 4 Dead est génial à parcourir car il y a enfin beaucoup de hordes d'aliens, le problème étant uniquement sa rejouabilité (et en difficulté élevée, clairement "vous ne valez rien ici" non plus).Le pire était Aliens Colonial Marines qui avait tout pour réussir dans le thème du film, mais la technique ridicule et le fait d'avoir 3 niveaux sur 10 seulement où l'on était vraiment confronté aux aliens pour tout le reste du jeu où l'on était sur un Call Of Duty avec des soldats de la Weyland et des androïdes était juste la pire idée du monde. Les joueurs qui jouent à un jeu Alien veulent avoir peur face aux aliens, ça parait simple.

Skill.33
23/06/2023 à 15:39

K.R

En même temps, c'était le fond même du jeu.
Je comprends pas trop (en plus, le jeu était vraiment excellent)

raps0die
22/06/2023 à 11:33

Pour moi c'est le jeu le plus proche d'Aliens de Cameron jamais créer après Aliens d'electric dreams sorti en 86

Spinozartre
21/06/2023 à 23:24

On attend toujours désespérément une suite à Alien Isolation.

Garm
21/06/2023 à 18:18

Tu devrais poursuivre un peu plus loin le jeu, il y a des armes pour gérer humains et synthétiques, et surtout un lance flamme pour gérer l'alien. ça ne le tue pas mais ça le fait fuir tant que tu n'en abuse pas

Liojen
21/06/2023 à 15:51

Bonjour @Laredaction,

Je ne remets pas en cause votre jugement, mais j’aimerai bien savoir AVANT que je lise un article que celui-ci est sponsorisé, alors si vous pouviez le préciser au début de l’article ça serait sympa. Merci ^^

Kyle Reese
21/06/2023 à 00:57

Perso je préfèrerai un remake d'Aliens vs Predator. J'ai pas pu finir Isolation, le jeu est superbe, en fait je ne critique pas le jeu c'est juste que me retrouver comme une simple proie sans arme à la merci d'un Alien ... je ne peux pas. J'ai besoin d'un fusil à pompe ou d'un gun pour me rassurer un peu, sinon c'est trop flippant pour moi ! ^^

steve
20/06/2023 à 19:38

Entièrement d' accord avec @Johnny Cage... Me fait pas envie ce jeu alors que j'adore l'univers Alien. On veut la suite d'Isolation !! (pas prévue apparemment alors que la fin était ouverte)

Johnny Cage
20/06/2023 à 17:57

Dommage je n'aime pas le genre tactical etc. Niveau jeu dans l'univers d'Alien, je garde un souvenir impérissable d'Alien : Isolation, quel tuerie ce jeu.