Ubisoft en crise : les 4 jeux qui pourraient sauver le studio français (Assassin's Creed, Avatar...)

Léo Martin | 2 avril 2023
Léo Martin | 2 avril 2023

Alors qu’Ubisoft semble plus que jamais sur le déclin, faisons le bilan des franchises phares du studio français et sur ces jeux qui peuvent encore le sauver.

Vous le lirez un peu partout : Ubisoft n’est pas en grande forme depuis quelque temps. Cela fait plusieurs années que la société d’Yves Guillemot est victime d’un désamour grandissant de la part des joueurs. La faute à ses modèles économiques de plus en plus discutables et ses AAA qui suivent les modes du moment sans trouver une nouvelle identité forte. Toutefois, les plus célèbres blockbusters du studio font encore des ventes notables et Ubisoft s’y accroche farouchement.

Le succès d’Assassin’s Creed Valhalla est là pour le prouver. Le dernier jeu de la célèbre saga a su réunir plus de 20 millions de joueurs en deux ans (notons toutefois que, récemment, Elden Ring est arrivé à ce même chiffre en une seule année). En effet, l’éditeur sait vendre des Assassin’s Creed, des Far Cry, ou même des The Crew en pagaille. Eh des jeux comme The Division 2 ou Rainbow : Six Siege sont encore mis à jour et rentables pour la compagnie.

Et pourtant, cela ne change rien à ce fait : la firme est à la dérive et sa gouvernance semble incapable de redresser la barre. Les bilans financiers de l’entreprise en ce début d’année ont par ailleurs méchamment terrifié les investisseurs alors que le cours boursier d’Ubisoft s’est rétamé, n’annonçant rien de bon pour la suite. 

 

Mario + Lapins Crétins : Sparks of Hope : photoUbisoft a tout de même confié sa fin d’année 2022... à une exclusivité Switch

 

La faute (entre autres) à des productions de jeux interminables et sans vision claire ou des affaires de managements infernaux en interne. Et ce ne sont pas les expérimentations de la compagnie qui nous rassurent sur sa santé. Que ce soit l’affaire des Ubisoft Quartz en 2021 (système de NFT vite abandonné par Guillemot) ou la récente introduction d’une IA faite pour assister les scénaristes de la firme, ces étranges tentatives de se raccrocher aux branches de la mode technologique du moment ne présagent aucun miracle.

De leur côté, les actionnaires de la société ne rêvent que de voir un autre groupe racheter Ubisoft pour qu’elle place un nouveau capitaine sur ce téméraire navire. Mais en l’absence d’une action quelconque du géant chinois Tencent, il n’en sera rien pour l’instant. Sans autre issue salvatrice, le destin d’Ubisoft est maintenant scellé : il faut survivre seul ou mourir. Et qui peut sauver la firme française si ce n’est ses propres jeux ? Où en sont donc les licences les plus importantes du studio et lesquels pourraient être en mesure de le secourir ? On fait le point.

 

Just Dance 2023 : photoQui pour la dernière dance d'Ubisoft ?

  

1. Assassin's Creed Mirage

Annoncé en : 2022

État du projet : En développement

 

Assassin's Creed Mirage : photoFrapper plus fort que jamais 

 

2023 sera une excellente année et les prochains résultats fiscaux de l’entreprise renverseront la tendance actuelle. C’est ce qu’affirme le porte-parole d’Ubisoft, en tout cas. Pour accomplir cet exploit, la firme compte bien évidemment sur ses marques les plus puissantes. Assassin’s Creed, en particulier, est encore la franchise la plus emblématique de l’éditeur français et l’une de celles sur laquelle elle mise le plus. Le succès conséquent des trois derniers jeux en date (Odyssey, Origins et Valhalla) a par ailleurs conforté l’entreprise qu’il s’agissait de l’un de ses meilleurs champions.

Ainsi, pas moins de cinq jeux sont désormais prévus pour les prochaines années, le plus proche de nous étant Assassin’s Creed Mirage. Ce treizième opus canonique (eh oui treize, déjà) de la saga nous ramènera au IXe siècle à Bagdad, pour suivre une fois de plus les aventures d’un assassin de la confrérie. Après avoir transformé la licence en RPG en monde ouvert classique (ce qui lui a tout de même permis de regagner l’intérêt des joueurs, après les débandades de Syndicate ou Unity), la firme veut tenter avec ce titre de récréer le charme des premiers jeux.

Assassin’s Creed Mirage serait donc un retour aux sources (et se concentrerait davantage sur les assassinats, l’infiltration et le parkour) et à ce qui a fait le succès de la licence en 2007, portant Ubisoft au sommet. Associant la technologie d’Assassin’s Creed Valhalla à un jeu plus intime, moins long et plus proche de l’essence initiale de la franchise, l’éditeur de la franchise espère faire mouche. 

 

Assassin's Creed Mirage : photoAprès une trilogie de la démesure... retour à la discrétion des assassinats 

 

Un renouveau qui correspond à certaines attentes des fans et on ne pourra certainement pas reprocher à Ubisoft de les avoir écoutés, cette fois-ci. Mais ce changement de cap reste plutôt risqué, car les investisseurs de la société pourraient y voir une preuve supplémentaire que la firme n’a aucune vision à long terme pour ses plus gros AAA. 

Assassin’s Creed Mirage a été annoncé le 10 septembre 2022 et on ne connaît ni la durée exacte de développement du jeu ni son budget. C’est Ubisoft Bordeaux (créé en 2017) – qui n’a jusqu’à présent été en charge que de contenus additionnels de Ghost Recon : Breakpoint et Assassin's Creed Valhalla – qui développe le jeu. Il paraît d’ailleurs étrange qu’un titre si crucial pour l’avenir de l’éditeur se retrouve entre des mains inexpérimentées. Voilà qui n'est pas si rassurant d'autant que le jeu est censé sortir cette année pour sauver la mise au studio... mais des fuites récentes évoquent déjà son report possible en 2024 !

 

2. SKULL & BONES

Annoncé en : 2017

État du projet : En développement (depuis trop longtemps déjà)

 

Skull & Bones : photoUn terrible naufrage à l’horizon ?

 

Le deuxième blockbuster d’Ubisoft de cette année, c’est Skull & Bones. Cet ersatz d’un Pirates des Caraïbes multijoueur devait logiquement arriver en mars 2022 avant d’être repoussé (une fois de plus). Annoncé pour la première fois en 2017, Skull & Bones n’a cessé de voir son développement se rallonger alors que ses ambitions se sont mises à grossir d’une année sur l’autre. Il y a six ans, on doit admettre qu’on pouvait être assez excité par cette alternative plus réaliste et épique à Sea of Thieves. Mais l’interminable production du jeu a fini par en faire la mauvaise presse. 

Selon des témoignages anonymes des équipes d’Ubisoft (recueillis par JV.com), ce petit jeu multijoueur sans prétention est très vite devenu intenable à gérer pour les développeurs de Singapour (qui bossent dessus depuis qu’ils ont collaboré à la création d’Assassin’s Creed Black Flag ; pas de chance). À cause de nombreux détours et de changements de cap soudain, la création du jeu n’a cessé d’aller à rebours de lui-même et de donner du fil à retordre aux employés d’Ubisoft. Après de multiples reports (et un vague projet de série), les premières images du jeu ont été dévoilées... et n'ont pas convaincu grand monde pour le moment. 

Selon JV.comSkull & Bones aurait coûté jusqu’à présent plus de 200 millions d’euros d’investissement à Ubisoft (en comparaison, la production de The Witcher 3 a coûté 72,5 millions d’euros). Une addition chère payée pour un jeu dont le succès n’a rien d’assuré et qui s’accroît à chaque report. Ce véritable fardeau dont Ubisoft s’est chargé lui-même aura intérêt à impressionner tout le monde dans sa version finale, s’il ne veut pas être l’un des plus gâchis de l’histoire de la boîte. Sa sortie présumée se situe entre avril 2023 et 2024 (s’il n’est pas encore repoussé ou même annulé d’ici là). 

 

3. Avatar : Frontiers of Pandora

Annoncé en : 2021 (mais évoqué pour la première fois en 2017)

État du projet : En développement

 

Avatar : Frontiers of Pandora : photoAprès avoir sauvé les salles, Avatar va-t-il sauver Ubisoft ?

 

Le troisième titre majeur que la société d’Yves Guillemot voudrait pouvoir sortir cette année, c’est Avatar : Frontiers of Pandora. Un jeu dont on ne sait pas encore grand-chose si ce n’est qu’il s’agit d’un open world immersif. Avec ce blockbuster, Guillemot aurait décidé de se la jouer James Cameron et y aurait placé des ambitions techniques à la hauteur des prouesses de la franchise au cinéma (selon plusieurs interviews de l’éditeur). Voilà sans doute une des raisons expliquant le retard du jeu Avatar (lui aussi, tiens), alors que sa fenêtre de sortie initiale était entre avril 2022 et mars 2023. 

L’idée de base était de surfer sur le phénomène dAvatar 2 : La Voie de l’eau. Vu l’engouement qu’il y a bien eu autour du nouveau long-métrage de Cameron, Ubisoft avait réellement de quoi briller pour sa fin 2022. Occasion manquée. L’éditeur a dû compter sur un Just Dance 2023 faible et une exclusivité Switch trop niche pour terminer son année et récolter un bilan fiscal catastrophique. Heureusement, et malgré son retard, le jeu Avatar semble être entre de bonnes mains. 

 

C’est Massive Entertainment (à qui l’on doit Far Cry 3 ou encore The Division 1 et 2) qui s’occupe du développement d’Avatar : Frontiers of Pandora. Et le studio suédois expérimenté collabore avec Lightstorm Entertainment, la société de production de James Cameron. Des informations rassurantes qui devraient être suivies de nouvelles d’ici peu. Néanmoins, d'après certaines fuites récentes (ScriptLeaksR6 sur Twitter), le jeu ressemblerait à un FPS style Far Cry en monde ouvert... ce qui ne vend pas non plus trop du rêve. 

 

4. BEYOND GOOD AND EVIL 2

Annoncé en : 2017 (mais le projet existe depuis 2003)

État du projet : En pré-production

 

Beyond Good and Evil 2 : photoOn préférera Shaka Ponk à sa copie

 

Nous n’aurons pas assez de lignes ici pour résumer la folle histoire du développement de Beyond Good and Evil 2. À l’instar de Skull & Bones, le jeu semble avoir entraîné dans la tourmente Ubisoft depuis son annonce officielle en 2017 (et sans doute même bien avant ça). En raison de sa production faramineuse et totalement oppressante pour ses développeurs, Beyond Good and Evil 2 risque de marquer les mémoires. Et pas forcément de la façon dont l’aurait voulu Yves Guillemot. 

Après les départs de Michel Ancel (concepteur de Rayman et du jeu original) en 2020 et de Guillaume Carmona en 2023, le jeu en est aujourd’hui toujours à son étape de préproduction. Un véritable purgatoire pour les employés d’Ubisoft qui ont plusieurs fois témoigné auprès des journaux à propos des conditions affreuses (et terribles pour leur santé) dans lesquelles ils ont trop souvent dû travailler – une enquête complète sur le sujet avait été menée par Libération en 2020, d’ailleurs. 

Alors où en est le jeu ? Absolument nulle part. D’après JV.com, Beyond Good and Evil 2 aurait coûté 150 millions d’euros à l’entreprise et le titre est toujours à son point de départ – six ans après son annonce officielle et vingt après que Michel Ancel a amorcé le projet. Coup dur pour Ubisoft Montpellier qui va devoir s’arracher les cheveux sur ce jeu maudit encore longtemps. Alors évidemment, inutile de compter dessus pour sauver la mise à Ubisoft en 2023 ou même en 2024. Dommage

 

5. WAtch DOGS, les remakes et le reste

 

Prince of Persia : Les Sables du Temps - Remake : photoÀ force de jouer avec les retours dans le temps, on en voit plus le bout nous ! 

 

Enfin, parmi les projets en gestation de la compagnie dont on n’a guère trop de nouvelles, les remakes de Splinter Cell ou de Prince of Persia ne sont pas en reste. Le premier n’a donné aucune information sur son développement depuis son annonce (mais pourrait toutefois créer la surprise cette année, si on en croit les indices laissés par l’éditeur sur ses réseaux). Concernant le deuxième... c’est compliqué.

Initialement prévu pour sortir en janvier 2021, le remake de Prince of Persia : Les Sables du Temps est lui aussi victime d’une arlésienne. L’éditeur français a soudainement annulé toutes les précommandes du jeu en 2022, en assurant qu’il n’y avait rien de grave. Le titre serait toujours bien prévu, il est juste retardé, confié à un autre studio, etc. Bref, nous arrivera-t-il en 2023 ? Ubisoft aimerait sans doute bien, mais rien n’est moins sûr.

À ce stade, les projets moins majeurs de la firme risquent à tout moment d’être laissés à la dérive ou tout simplement annulés. À l’instar de la franchise Watch Dogs – qui ne donne plus aucune nouvelle depuis Legion – l’existence de ces jeux est désormais complètement incertaine. On ne peut qu’observer leur destin avec un peu d’optimisme en espérant que l’un d’entre eux sorte son épingle du jeu et soit viable dans pas trop longtemps. 

 

Watch Dogs : photo"Pas de réponse ? Mmmh, ça doit buguer"

 

Quant au reste, Ubisoft ne compte pas négliger les jeux qui lui permettent encore de rester à flot. C’est par exemple The Crew : Motorfest ou encore le free-to-play The Division : Heartland qui pourraient assurer des profits assez importants à l’éditeur français en 2023, vu le succès de ces marques jusqu’à présent. Des jeux moins ambitieux et qui ne relanceront pas l’intérêt global d’Ubisoft, mais qui restent des amortisseurs financiers potentiellement efficaces, au cas où les mastodontes de la firme accusent du retard... ou se plantent en beauté à leur sortie. 

Évidemment, tout cela n’est que spéculation et les affaires d’Ubisoft sont si complexes et tortueuses (entre ce qui est communiqué et la réalité, il y a un véritable fossé) que l’avenir reste totalement nébuleux pour la société d’Yves Guillemot. La seule chose que l’on peut réellement affirmer, c’est que l’éditeur a véritablement envie de tout casser en 2023 et qu’au moins l’un des jeux que l’on a cités plus haut aura intérêt à cartonner cette année. C'est d'autant plus inquiétant quand on sait qu'aucun n'est sûr de sortir cette année.

L’éditeur comptait d’ailleurs en mettre plein la vue aux joueurs (et aux investisseurs) à l’E3 prochain, mais fera finalement bande à part avec son propre évènement le 12 juin. D’ici là, croisons les doigts... et on souhaite bon courage aux équipes de développeurs qui doivent en voir de toutes les couleurs.

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commentaires
Méga F
03/04/2023 à 11:12

Non il ont pas vraiment compris de leurs erreurs faut croire d'après les leaks d'avatar c'est toujours la même formules donc un jeux solo en libre service avec des battlespass et des sous à acheter en jeux....

Xehanort
03/04/2023 à 10:04

Pour sauver Ubisoft, Guillemot doit aller sur la planche fatale.

Guillemot : Arrêté vous êtes des malades !

C'est les JV du XXI siècle, on fait plus monter les gens sur la planche.

Amnorian
03/04/2023 à 09:12

Dommage, le dernier watch dog est excellent et le jeux open world d'ubisoft sont bon mais peu innovant (ce qui leur est reproché, les quètes fedex grossissent artificiellement le jeu)

Zarbiland
03/04/2023 à 08:44

le très cher Skull and bones, Avatar en FPS à la première personne et le vaporware Beyond good and evil 2 hors de prix, non rien de bon à l'horizon pour sauver les bretons.

WeRLine
02/04/2023 à 18:20

Toujours aussi hâte de voir AC Mirage et Skull & Bones.
En espérant ne pas voir disparaître Ubisoft évidemment.


02/04/2023 à 18:06

Faites un nouveau Rayman, depuis le temps que les fans le réclament.