Ubisoft s'effondre en bourse (et risque de morfler en 2023)

Léo Martin | 11 janvier 2023 - MAJ : 11/01/2023 18:59
Léo Martin | 11 janvier 2023 - MAJ : 11/01/2023 18:59

Ce début 2023, Ubisoft encaisse un sérieux coup dur pour son cours en bourse. La compagnie doit revoir à la baisse ses objectifs pour l’année à venir.

Les temps sont tumultueux pour l’éditeur et développeur de jeux vidéo Ubisoft. La compagnie à laquelle on doit les sagas Far Cry ou encore Assassin’s Creed semble être en proie à des tourments financiers fort préoccupants. Il n’est pas simple d’y voir clair quand il s’agit du monde de la bourse et que l’on s’y aventure en néophyte. Mais il est de plus en plus évident que le cas d’Ubisoft n’est pas rassurant pour ses investisseurs, et n’annonce ainsi pas que des choses positives pour 2023.

La firme dirigée par Yves Guillemot a vu sa cote en bourse diminuer de 12,5 % depuis le début de l’année (en incluant une baisse de 4,4 % en deuxième semaine du mois de janvier). Il s’agit de la plus importante baisse du SBF 120 (Société des Bourses Françaises, qui inclut le les actions du CAC 40 et des compartiments A et B d’Euronext) et succède à de multiples affaiblissements de l’entreprise en 2022. Un nouvel indice qu'il y a quelque chose de pourri dans le royaume d'Ubisoft... et que cela pourrait mal finir en 2023.

 

Assassin's Creed Valhalla : photoLa saison des pillages

 

le début de la fin ?

D’après un intermédiaire financier d’Ubisoft (interrogé par BFM Bourse), cette nouvelle baisse serait en réalité due aux sanctions de la Bourse de Londres à l’encontre de son comparable, la société Frontiers Developments. Celle-ci a connu des ventes très inférieures à ses prévisions (dont les jeux vidéo Elite Dangerous, Planet Zoo ou encore Jurassic World Evolution 1 et 2) et a ainsi dû revoir son chiffre d’affaires envisagé en 2023.

Un fâcheux changement de paradigme pour la boîte britannique qui a immédiatement amplifié la méfiance du marché envers Ubisoft, qui se trouve dans une situation semblable. La sous-performance de l’éditeur avait entraîné une réduction drastique du prix de son action par Bank of America (passant de 31 à 20 euros), la première semaine de janvier. Ubisoft commence donc l’année avec des bilans peu flatteurs, à l’image de 2022 et 2021.

En effet, depuis janvier 2021, l’action d’Ubisoft s’est amputée de quasiment 70 % de son coût (qui était à 80 euros alors). Aujourd’hui, son niveau est le plus bas depuis 7 ans.

 

Avatar : Frontiers of Pandora : photoUne fois de plus : Avatar à la rescousse (ou pas)

 

En comparaison, Electronic Arts n’a perdu que 3,67 % sur son action en 2022 et Activision (grâce à son rachat potentiel par Microsoft) l’a vu être augmentée de 22,36 %. Face à la chute de 44,15 % d’Ubisoft pour seulement 2022, le constat est simple : c’est la mouise.

Et ça l’est d’autant plus que les rumeurs d’une OPA (sous la forme d’une proposition de rachat) de l’entreprise Tencent ne se sont finalement pas concrétisées depuis. Le géant chinois – actionnaire important de la firme – pourrait même désormais être irrité par les résultats négatifs d’Ubisoft, après avoir investi, en septembre 2022, 300 millions d’euros.

En somme, Ubisoft agace ses investisseurs et n’arrive pas encore à relever la tête hors de l’eau. Ce qui n’est pas aidé par les reports significatifs de ses nouveaux jeux à licence telle qu’Avatar : Frontiers of Pandora ou Skull & Bones (annoncé depuis six ans, déjà !). Alors certes, la compagnie fait le gros dos et annonce de nouveaux jeux Assassin’s Creed (on en manquait, vraiment) pour l’année à venir, comme si cela été la garantie de quoi que ce soit. Elle jure aussi que ses bilans seront à nouveau très bons pour les sorties les plus importantes de son catalogue.

 

Skull & Bones : photoNaufrage en vue (ou pas)

 

ça passe ou ça casse

La vérité est qu’à l’heure actuelle, un désastre historique est possible pour la compagnie. La concurrence est rude en termes de jeux vidéo pour 2023 et l’offre qui arrive pourrait très bien éclipser Avatar (qui arrive un peu tard après le phénomène et souffrirait d’être "moyen"), qui est leur principal atout pour cette année.

Nous ne sommes pas non plus à l’abri d’un pétard mouillé, à l’image de Cyberpunk 2077, aux regards des soucis de plannings (et donc peut-être de crunch ?) qui semble accabler le développeur. Un tel retournement de situation ne serait pas impossible, et serait un sérieux coup d’estoc pour Ubisoft. Si les ventes ne sont pas à la hauteur des ambitieuses prévisionnelles de la firme (comme cela a été le cas pour Frontier Developments), celle-ci sera encore sanctionnée. Et sans doute très sévèrement.

 

Beyond Good and Evil 2 : photo"Vous vous rappelez de nous ?"

 

Difficile de dire si la formule des Assassin’s Creed peut changer la donne en cas de gros problèmes. On sait que c’est encore une franchise très lucrative pour la firme (plus de 20 millions de joueurs pour Assassin’s Creed Valhalla en 2022). De fait, Ubisoft mise sans doute énormément sur les six projets à venir pour la saga. On attend pour 2023 Assassin’s Creed Mirage et, en 2024, Assassin’s Creed Red (nom de code) ainsi que quatre autres jeux encore mystérieux. Reste à découvrir si les joueurs renouvelleront à chaque fois leur intérêt sur la licence et si celle-ci gardera son impact sur les chiffres d’affaires au long terme.

En dehors du jeu vidéo, Ubisoft compte également sur ses projets audiovisuels. En plus de leur série, Mythic Quest, un long-métrage The Division (avec Jake Gyllenhaal et Jessica Chastain), des séries Assassin’s Creed et Splinter Cell seraient aussi prévues. Depuis le Ubisoft Forward de 2022, on sait que ce n’est pas l’ambition qui manque à l’agenda Ubisoft pour les années à venir. Mais on sait aussi que la surabondance de projets peut être aussi dangereuse que contre-productive, quand les bilans financiers ne sont pas favorables.

 

Splinter Cell Remake : photoL’heure des comptes arrive

 

Et enfin, quid de Beyond Good and Evil 2 ? Les remake de Prince of Persia et Splinter Cell ? Beaucoup de jeux attendus, mais peu de transparence pour la firme qui en aurait pourtant bien besoin pour rassurer tout le monde. Tant que le voile n’aura pas été un peu levé sur ce qui se trame en interne, et si la qualité des jeux à venir sera en rendez-vous, difficile de croire en un avenir lumineux pour Ubisoft.

Et en cas d’échecs successifs et sur plusieurs tableaux, ce pourrait alors être l’occasion pour Tencent de sauter à la gorge de l’entreprise blessée, et de l’assimiler pour de bon. Affaire à suivre donc ! Les premiers développements significatifs devaient avoir lieu le 9 mars 2023, date de sortie initiale du fameux Skull & Bonesqui vient tout juste d'être repoussé (une énième fois). 

 

MAJ : Quelques heures après avoir publié ces lignes, Ubisoft a justement annoncé le report de son prochain gros titre, Skull & Bones (dont on ne voit décidément pas le bout), et l'annulation de trois jeux qui n'avaient pas encore été révélés. Comme on le pressentait dans cet article, les affaires de la compagnie semblent particulièrement se corser pour l'avenir, et la communication officielle est claire : « Nous faisons face à des défis majeurs. Alors que notre industrie est fondée sur les super franchises et les sagas à long terme [...], les jeux de ces licences ne sont pas encore sortis et nos titres plus récents n'ont pas aussi bien marché qu'escompté. » Les mésaventures de la firme ne risquent certainement pas de s'arrêter là. 

 

 

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commentaires
Nique
17/05/2023 à 22:42

J'espère vraiment que tout c'est merdes incompétents vont perdre leurs taf.

Quand ton vois c'est F2P nous imposer deux fois l'installation si on l'achète pas sur leurs daube de plate-forme.

Sérieusement arrêté d'acheter des jeux chez eux. Toutes façon ils sont tous incompétents en informatique surtout en optimisation etc..

Que des gros bouffons ubisoft à chier

Léo Martin - Rédaction
13/01/2023 à 16:27

@Morcar Je partage aussi ce désappointement, bien entendu.

Morcar
12/01/2023 à 14:31

@Léo Martin, je ne remet pas en cause le fait que la valeur en bourse impacte la stratégie d'une entreprise, c'est même justement malheureux à mon avis. Car le moindre petit gravillon affole souvent la bourse, ce qui impacte des projets qui mériteraient qu'on leur laisse du temps.
Mais c'est la société de l'immédiateté dans laquelle on vit aujourd'hui. C'est triste, mais c'est ainsi. On ne voit plus rien à long terme.

Léo Martin - Rédaction
12/01/2023 à 11:35

@Morcar La bourse est fluctuante et n'est pas toujours un indice clair de ce qui se passe pour une entreprise, mais certains signes ne trompent pas. Elle accorde de la valeur à une compagnie et donc à quel point des investisseurs peuvent lui faire confiance : ici, on le voit bien. Juste après un premier bilan 2023 très mauvais, Ubisoft change sa stratégie, se restructure, annule déjà trois projets.
Donc si, c'est bien un indicateur à ne pas négliger.

Morcar
12/01/2023 à 10:05

Depuis quand la bourse est un indice de quoi que ce soit ?
Sans arrêt on a des sociétés dont la valeur baisse après avoir annoncé des chiffres en hausse, ou à l'inverse la valeur qui monte après de mauvais chiffres annoncés. Et d'autres fois c'est l'inverse. Tout ça n'a jamais eu aucune logique, et surtout ça n'est jamais l'indicateur de rien du tout.

maxleresistant
12/01/2023 à 09:56

L’industrie du jeu vidéo est encore très immatures.
Les reports sont devenus monnaies courantes, la mauvaise gestions des projets, les crunchs, les trailers mensongers…
L’industrie se remet doucement en question mais elle a encore du chemin, les AAA s’écroulent sous le poids de leurs ambitions de quantité de contenu et leur graphisme au détriment de la qualité du gameplay et de la direction artistique.

Ubisoft est le plus grand représentant de ces symptômes et malgré qu’ils ont été maintes fois avertis depuis plus de 5 ans ils ont continués à foncé tête baissée dans le mur.

Les dirigeants sont les responsables, et ils ont le culot de remettre la faute sur les joueurs et développeurs.

Des imbéciles, tout simplement.

Clemoc
12/01/2023 à 03:27

Je pèse mes mots en disant que Avatar frontier of pandora aurait pu sauver un peu la franchise si il était sorti à temps, ils auraient pu surfer correctement sur la hype du 2 et du 3, là ils vont le sortir entre les deux ça va faire un flop

Léo Martin - Rédaction
11/01/2023 à 19:01

Comme les choses vont vite, suite à ce constat alarmant sur la situation en bourse d'Ubisoft, du nouveau a déjà été annoncé (annulations et reports). Une MAJ brève a été ajouté à l'article mais, de toute évidence, on a pas fini d'avoir des rebondissements sur cette histoire.

Tili
11/01/2023 à 18:16

Surtout pas un rachat de Microsoft Xbox ils on déjà le monopole du FPS arcade qu'il reste arcade avec halo Gear et call of s'il leur achat et validé . Non pas de FPS tactique chez Microsoft je préfère largement Sony qui rachète Ubisoft que les chinois ou Microsoft. Au moin Sony fais de vrais triple AAA il sauveront des licences et les autres seront belle et bien plus jolie et performante .

tretre
11/01/2023 à 17:48

On disai la meme chose quand Bollore voulai racheter Ubisoft
Le ton du journaliste sur AC montre son incomprehension de la franchise et sa betise crasse!

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