Cannes révèle les nouveaux Winding Refn, Wong Kar-wai et Korine

Simon Riaux | 25 mai 2012
Simon Riaux | 25 mai 2012

Cette année, le Festival de Cannes inaugure un nouveau type d'évènement, qui fit bruisser toute la journée la Croisette des rumeurs les plus folles. Nous venons en effet de visionner en exclusivité-première-mondiale-de-l'univers-avant-première des images d'œuvres comptant parmi les plus attendues de l'année à venir. Il ne s'agissait pas pour autant d'une vulgaire preview, l'idée n'étant pas de promouvoir quelque vil blockbuster ou film à la mode, mais bien de donner un peu à rêver au public et à la presse, grâce à des compagnons de route du Festival et/ou des artistes dont chaque création est scrutée avec une attention toute particulière. Un événement à mi-chemin entre les présentations d'un comic-con, et l'épiphanie cinématographique, animé de vive voix et avec un enthousiasme réjouissant par Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.

Nous avons ainsi découvert une bande-annonce de près de quatre minutes de Springbreakers, le nouveau film de Harmony Korine. On y découvre un groupe de jeunes filles (dont Selena Gomez et Vaness Hudgens) embarquées dans un Springbreak mouvementé, puisqu'il y sera question de braquages destructeurs, de cocktails, de substances plus ou moins licites, et globalement de partage en cacahouète plutôt extrêmes. L'extrait faisait la part belle à James Franco, méconnaissable en crypto-dealer, tombeur d'adolescentes déflorables. Dents chromées, nattes graisseuses, œil torve, tatouages et mitraillettes, le comédien prend un malin plaisir à revêtir une invraisemblable panoplie de bad boy.

Wong Kar-wai se sera fait attendre plus de deux ans avec son mystérieux Grandmasters, qui s'est dévoilé à nous vient cinq minutes et dix secondes de pure apesanteur. La séquence présentait en montage alterné l'entraînement d'un père, génie du Kung-Fu, et celui de sa fille, enfant et adulte, se désolant que sa condition lui interdise de prendre aux yeux de tous la suite de son paternel, et prolonger ainsi une ancestrale lignée de combattants. Le tout confinait au sublime, et nous laissa bouche bée de par la pureté de son découpage, l'absolue maîtrise du montage, le sentiment de puissance et d'harmonie que dégageait l'ensemble.

Enfin, nous eûmes la chance de visionner trois minutes d'une des œuvres les plus attendue de l'année à venir, dont le réalisateur connut la consécration sur la Croisette il y a tout juste un an. Nicolas Winding Refn s'était en effet fendu d'une séquence de trois minutes, qui paraissait conçue et réalisée spécifiquement pour l'occasion. On y vit Ryan Gosling, poseur et lascif en diable, observant nonchalamment une jeune femme, assis dans un bar thaïlandais. Lorsque le personnage remarque que deux goujats matent intensément l'objet de son désir (supposé), Ryan se lève et leur inflige une sévère correction, à coups de poings, de pieds, et de ceinturon, en nous gratifiant au passage d'un mémorable plan braguette. Les râleurs se plaindront du parallèle évident avec le chauffeur de Drive, nous préférons y voir un personnage monolithique qui traversera quelques temps encore l'œuvre de Refn, tel Clint Eastwood chez Sergio Leone. Enfin, est-il nécessaire de vous préciser que la bande-son nous a littéralement mis à genoux ?

 

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