In the mood for Cannes - épisode 4

Dès le 19 avril, lors de l'annonce de la sélection officielle par messieurs Thierry Frémaux et Gilles Jacob, il parut évident que le cinéma américain amorçait un retour en force sur la Croisette. Dans la seule sélection officielle se bousculent Moonrise Kingdom de Wes Anderson, Paperboy de Lee Daniels, Lawless de John Hillcoat, Mud de Jeff Nichols, ainsi que David Cronenberg (tout canadien qu'il soit) venu faire l'autopsie de de Wall Street avec son Cosmopolis. Quant aux sélections parallèles, elles ne sont pas en reste non plus, à l'image de la Semaine de la Critique, accueillant le court-métrage de Shia Labeouf, précédé d'un buzz fantastique, ou le Certain Regard, dont Les Bêtes du Sud sauvage se sont imposées comme une des sensations de cette édition 2012.

L'Amérique entamerait-elle un retour gagnant, un an après la palme d'or de Terrence Malick pour l'immense Tree of Life ? Il est encore bien trop tôt pour l'affirmer, mais tout laisse à le penser. L'heure est peut-être venue de renouer avec un cinéma qui entame simultanément un retour à ses mythes et soubresauts fondateurs, sans oublier de radiographier les causes de son actuelle déréliction. Entre la figure du hobo, celle du hors la loi en rupture de banc, et l'imagerie d'un bayou mystique, ventre fécond d'une Amérique originelle, le septième art ricain retrouve ses racines, tandis que David Cronenberg s'efforce d'arracher à l'arbre ses fruits pourris, avant peut-être d'y mettre littéralement le feu.

Encore terrassée par les Aurochs de Zeitlin et sous le charme des romances scouts sublimées par le charme discret du Super 16mm, la team EL est sur le point de découvrir Lawless, qui pourrait bien signer la consécration de John Hillcoat. Rien n'est encore joué, mais une chose est déjà certaine, l'Amérique est sur le point de gagner la bataille de l'imaginaire, et de nous offrir comme hier un formidable terrain de jeu conceptuel.