Fritz Lang à la Cinémathèque et en salles

Nicolas Thys | 20 octobre 2011
Nicolas Thys | 20 octobre 2011
On ne devrait plus avoir à présenter Fritz Lang, cinéaste majeur né en 1890 et mort en 1976, auteur de plusieurs chefs-d'oeuvre, en Allemagne puis aux Etats-Unis (sans oublier un petit détour par la France). Si d'aucuns citeront parmi ses opus les plus importants M le maudit, la série des Mabuse, les Niebelungen, Fury, Le Secret derrière la porte ou L'Ange des maudits, son film le plus célèbre reste Metropolis, réalisé en 1927 et encore aujourd'hui considéré comme l'un des sommets du cinéma de science-fiction.

 

 

Le cinéaste et le film sont à l'honneur dans de nombreuses salles en France mais surtout à la Cinémathèque Française. Car outre la sortie cinéma et DVD de la version restaurée dite intégrale de Metropolis, l'Institution du 52 rue de Bercy organise à la fois une exposition autour du film et deux rétrospectives qui ont débuté hier et se termineront le 4 décembre. Petit rappel : en 1927 le film à sa sortie est jugé trop long et amputé de plusieurs séquences considérées comme perdues. Depuis les années 70, de nombreux restaurateurs ont entrepris de retrouver des éléments d'origine afin de reconstituer le film le plus proche de l'oeuvre voulue par Fritz Lang. Alors qu'on pensait la version définitive achevée, en 2008, la Cinémathèque de Buenos Aires retrouve par hasard un contretype 16mm négatif du film avec 20 minutes supplémentaires que plus personne ne connaissait. Cette version, présentée pour la première fois en février 2010 au festival de Berlin, sort chez nous maintenant.

 

 

La première rétrospective qui accompagne cette sortie est consacrée aux cités futuristes dont Metropolis est une des grandes matrices cinématographiques, inspirant Syd Mead pour les décors de Blade Runner mais aussi ceux du Gotham city des Batman de Burton, du Dark city d'Alex Proyas ou du Cinquième élément de Besson. Ce sont en tout plus de 40 films qui seront présentés pour offrir un panorama complet mais non exhaustifs de ces cités imaginaires. Pour plus de détails vous pouvez consulter le programme ici.


La seconde rétrospective sera consacrée à Fritz Lang et l'intégralité de ses films en tant que cinéaste seront projetés. Exit donc Le Mépris ou Le Dinosaure et le bébé, merveilleux épisode de la série Cinéastes de notre temps qui confronte Lang et Godard. Ce sera l'occasion de redécouvrir l'oeuvre protéiforme de Lang, depuis sa période allemande, dont les films muets seront présentés en ciné-concert, à son arrivée à Hollywood où il s'est attaqué aux genres les plus divers tout en parvenant à imposer un style qui lui est propre, jusqu'à son retour en Allemagne de l'ouest où il a terminé sa carrière. Pour plus d'informations, vous pouvez suivre ce lien.

 

 

Mais, jusqu'au 29 janvier, la Cinémathèque organise surtout une exposition consacrée à Metropolis. Celle-ci, produite par la Deutsche Kinemathek de Berlin, réunit de nombreuses archives venues de plusieurs endroits et notamment de la Cinémathèque Française elle-même qui, grâce en particulier à Lotte Eisner, proche collaboratrice d'Henri Langlois, collectionneuse et spécialiste avertie du cinéma allemand muet auquel elle a consacré plusieurs ouvrages dont l'Ecran démoniaque, possède un grands nombre de documents sur  et autour du film.


L'exposition, assez petite mais complète, aborde le film selon la chronologie de son scénario et propose au visiteur une visite en profondeur dans la genèse du film, notamment avec des partitions originales, des planches du scénario mais surtout des photographies de plateau montrant le tournage ou la vie des studios ainsi que de nombreux dessins originaux signés des architectes et décorateurs de théâtre et cinéma Erich Kettelhut et Otto Hunte. Les deux hommes, proches de l'expressionnisme, ont beaucoup oeuvré pour Lang et Metropolis en mélangeant les différents styles graphiques de l'époque. Si les catacombes et la maison du savant fou sont fortement expressionnistes, le reste des décors, plus futuriste et machinique, est très influencé par la Nouvelle objectivité et l'art déco alors très en vogue.

 

 

Toute l'exposition vise à nous replacer dans un contexte historique très particulier, entre deux guerres, mais sans trop s'intéresser à des considérations politiques afin de se centrer quasi exclusivement sur l'esthétique singulière du film. Enfin la dernière partie est plus axée sur les différentes versions existantes du film avec la projection d'un documentaire de 52 minutes, Voyage à Metropolis, signé Artem Demenok. Celui-ci reprend l'exposition dans ses grandes lignes tout en offrant un aperçu plus détaillé sur son processus de restauration. L'ensemble est intégré à la visite du musée permanent de la Cinémathèque et à son fond consacré à l'expressionnisme. Rajoutons également qu'un complément pédagogique très bien fait de l'exposition est visible en ligne à cette adresse.

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