Festival International du Film Policier de Beaune : compte-rendu J3

Thomas Messias | 11 avril 2010
Thomas Messias | 11 avril 2010

La vie d'un festivalier est parfois terrible. Au réveil, il se débat avec de sombres problèmes de Wifi. Lorsqu'il sort dans la rue pour s'acheter rapidement un petit déjeuner, c'est pour tomber sur la plus mauvaise boulangerie du monde, avec ses cookies incassables et ses rochers coco rassis. Heureusement, la vie du festivalier peut rapidement devenir plus agréable lorsque celui-ci utilise son badge presse pour doubler tout le monde dans la file, et surtout lorsqu'il pense que quelques heures après il passera 20 minutes en tête-à-tête avec Olga Kurylenko.

 

Mais avant cela, le film. Réalisé par Danny Lerner (Frozen days), Loin d'Eden met en scène la rencontre entre Galia, jeune femme ukrainienne contrainte de faire la pute puis de devenir tueuse à la solde de vilains mafieux, et Elinor, sa voisine de palier israélienne et victime de violences conjugales. Lerner mêle un traitement réalisteà une atmosphère de polar dans un film assez inégal mais qui réussit si bien à rendre crédible la violence infligée aux femmes - sujet très à la mode après The killer inside me hier - qu'il reste assez addictif de part en part. D'autant qu'il est porté par deux actrices en état de grâce, Ninet Tayeb et - donc - Olga Kurylenko.

 



Une heure plus tard, me revoici à l'Hôtel de la Poste pour interviewer la dernière James Bond girl en date, qui me confirmera en quelques minutes que sa popularité grandissante n'est pas un hasard. Très accessible, s'exprimant dans un français impeccable, elle défend avec ardeur un film qui semble réellement important pour elle, notamment parce qu'il arrive après une succession de blockbusters manquant globalement de personnalité. Drôle, sympathique, avenante, Olga Kurylenko aura apparemment séduit tous ses intervieweurs de l'après-midi, si j'en crois celles et ceux que j'ai pu croiser un peu plus tard. Ça s'appelle être pro, mais pas seulement.

 

La vie du festivalier est tellement difficile que parfois, alors qu'il rentre à l'hôtel pour s'autoriser une petite sieste avant le film suivant, il oublie de se réveiller et manque de ce fait la première séance de la soirée. Pas de Disparition d'Alice Creed pour moi,mais selon notre Vincent Julé ce n'est pas une perte immense.

 

En revanche, c'est parfaitement reposé que je me rue sur les deux films de la soirée. Le premier est le belge Dossier K, polar rondement mené mais vraiment trop classique sur un trio de flics tentant de tirer les choses au clair dans le conflit sanglant qui oppose deux clans albanais. La mise en scène est d'une efficacité absolue, variant les mouvements de caméra et travaillant le grand angle avec délice ; l'intrigue avance à intervalles réguliers, ménageant son petit lot de surprises et son grand nombre de révélation attendues pour accoucher au final d'un film divertissant, vraiment solide, mais qui peine toutefois à se trouver une quelconque singularité.

 



La soirée se termine avec l'anomalie du festival, le film roumain If I want to whistle, I whistle : qu'il se déroule dans une prison pour ados suffit-il à justifier sa présence dans un festival du film policier ? Car le film de Florin Serban est avant tout le chronique des 2 dernières semaines passés à l'ombre par un ado enfermé là depuis 4 ans, et dont les derniers jours vont être rendus bien complexes par une série de problèmes personnels et relationnels. D'abord assez fort dans sa description de ce quotidien fait de pressions et de marchandages, le film s'étiole ensuite pour mener vers une dernière partie différente mais prévisible qui ne mène pas franchement loin. À la sortie de la salle, les gentils retraités venus passer leur samedi soir au festival pour se gaver d'intrigues policières semblaient regretter de ne pas être restées devant la télé pour regarder Arthur ou Sabatier...

 

 

Le festival file à toute allure et voilà son denier jour qui s'annonce. À mon programme, encore trois films, voire quatre si l'un des lauréats (de la compétition principale ou du prix Sang Neuf) fait partie des films que je n'ai pas vus. Les grands gagnants sont en effet projetés de nouveau lors des séances du soir, comme cela se fait dans bon nombre de festivals...

 

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