Une année, un film : Les oeuvres qui ont marqué Eric Valette (4)

Jean-Noël Nicolau | 18 novembre 2009
Jean-Noël Nicolau | 18 novembre 2009

Le 25 novembre prochain sort Une affaire d'Etat, un modèle de polar à l'efficacité redoutable (lire notre critique) signé par un cinéaste français qui était parti depuis quelques années aux Etats-Unis, Eric Valette. Pour vous donner envie d'aller découvrir un film haletant qui renoue avec un genre (mixant policier et politique) que le cinéma français a laissé tomber depuis trop longtemps, on a donné la parole à son auteur pour qu'il évoque les films qui l'ont marqués au cours de sa vie. On a donc repris le jeu horrible auquel on avait soumis Rémi Bezançon il y a plus d'un an (lire ses choix), à savoir choisir un (et seulement un) film phare par année de sa vie et nous raconter pourquoi ce dernier a marqué sa vie de cinéphile (pour ce jeu, on tient compte de la sortie du film en salles françaises).

 

 

1982

The Thing de John Carpenter

Carpenter était sur une superbe lancée à l'époque et après New York 1997, il a enchainé avec un des plus grands films d'horreur de tous les temps. Encore une fois, c'est magnifique d'élégance et de précision, avec un ton très désabusé franchement osé quand le cinéma américain commençait à s'enfoncer dans la niaiserie des 80s. Avec en plus d'incroyables effets de créature de Rob Bottin qui ont quand même bien résisté au temps, tout comme l'esthétique générale du film. 

 

 

1983

Evil Dead de Sam Raimi  

La rencontre improbable et réussie entre Tex Avery et George Romero. Un film qui parvient à être terrifiant et drôle, speedé et angoissant. L'artisanat poussé à son paroxysme et la découvert d'un acteur digne héritier des génies du burlesque: Bruce Campbell, dont le corps en chewin gum semble la proie des pires tortures imaginées par Raimi. Le style Raimi a largement été copié/collé depuis mais Evil Dead est toujours aussi frais et réjouissant à chaque vision. Tout comme le second volet qui à mon goût, surpasse encore l'original!

 

 

1984

Scarface de Brian De Palma

Le De Palma dépasse de très loin le Hawks dans mon esprit, même si les films n'ont pas vraiment tant de points communs que ça. J'aime beaucoup les films de l'âge d'or de De Palma (disons de Blow Out à L'Impasse) mais j'ai une préférence pour ses films noirs plutôt que ses thrillers. Le script shakespearien de Stone et la performance de Pacino amènent beaucoup de "viscéralité" dans le film et du coup, les envolées baroques de De Palma restent toujours dans le cadre d'un récit extrêmement dense et très humain. C'est un film grandiose et tout en démesure, à l'image de ce qui se passait à Miami à l'époque. Je recommande d'ailleurs le documentaire Cocaine Cow Boys comme complément de programme.

 

 

1985

La Chair Et Le Sang de Paul Verhoeven

La revue Starfix avait beaucoup milité pour ce film à l'époque et c'est vraiment grace à eux que je me suis précipité le voir dés la sortie. Quelle claque! La générosité de Verhoeven pour le spectacle et la sauvagerie n'a d'égal que la salve ininterrompue d'idées, de situations, de personnages. C'est un cinéma d'une vitalité absolue, avec une lucidité toute européenne et une absence de concessions jouissive... On se dit qu'entre Le Fils Du Guerrier et La Passion Béatrice -pour parler uniquement de films médiévaux- le cinéma français aurait pu essayer de prendre exemple...

 

 

 

1986

Salvador d'Oliver Stone

Année très difficile pour départager Police Federale Los Angeles de Salvador, mais j'ai déjà trois Friedkin dans ma liste, alors... Je me rappelle avoir vu Salvador en salles 3 fois la semaine de la sortie. Et c'est absolument génial d'avoir l'impression d'assister à la naissance d'un cinéaste, un type qui a des tripes et des choses à dire, et avec qui il va falloir compter... En plus le film sortait dans la foulée de films un peu lénifiants sur l'image du journaliste, comme The Killing Fields, et avec James Woods génialissime dans un personnage déchiré entre ses dérives de charognard alcoolo et sa passion sincère pour les gens qu'il cotoie, Stone foutait un bon coup de pied dans la fourmilière.

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