Les films Netflix, trop chers et trop mauvais ? Le nouveau patron serait de cet avis

Owen Carrel | 3 avril 2024
Owen Carrel | 3 avril 2024

Le nouveau boss de la division films de Netflix n'est apparemment pas très satisfait du fonctionnement interne du géant du streaming, et compte bien changer de stratégie.

En partie à cause de l'arrivée des concurrents (Disney+, HBO Max renommé Max, Amazon Prime Video...), le marasme chez Netflix dure depuis un bon moment déjà, et on se demande bien comment la plateforme va s'en sortir. Comme tous les géants de la SVoD, le N rouge semble avoir perdu de sa force de frappe sur le marché des films et séries, comme en témoignent les résultats moyens du Problème à 3 corps, la série des créateurs de Game of Thrones

Entre films médiocres mais hors de prix, et stratégies de purge massive, la plateforme est embourbée dans une série d'échecs créatifs, qui l'a forcée à réagir. C'est pour cette raison que Dan Lin, créateur du studio de production Rideback (derrière les films LEGO et Sherlock Holmes de Warner Bros), a été recruté comme nouveau boss de la division films. Et celui-ci compte bien changer la stratégie de Netflix puisqu'il aurait dit que les films sont beaucoup trop chers et pas assez bons.

 

The Gray Man : photo Ryan GoslingLa fin des thrillers insipides comme The Gray Man ?

 

netflix : gros budget et petite qualité

Le printemps approche, et le N rouge compte bien en profiter pour nettoyer la maison. Et selon les informations du Hollywood Reporter, Dan Lin n'a pas mâché ses mots pendant son entretien pour prendre la tête du département films, suite au départ de Scott Stuber.

Son état des lieux a apparemment été clair et net : les films produits ne sont pas bons et leurs résultats ne justifient pas l'investissement massif.  Bela Bajaria, responsable du contenu sur Netflix, aurait apprécié cette franchise, et lui aurait par la suite offert le poste.

A noter que Dan Lin était déjà courtisé par Warner Bros. pour prendre la tête de DC en 2022, preuve que le monsieur est plus que respecté dans l'industrie.

 

Adam à travers le temps : photoAdam oublié en un temps record

 

Le doute n'est pas vraiment permis quant à l'identité des projets visés, à savoir les fameux blockbusters fades aux budgets ahurissants que la plateforme produit régulièrement, pour un résultat en demi-teinte (et souvent pour créer des franchises). 200 millions pour The Gray Man et Red Notice, 150 millions pour Agent Stone, 115 millions pour Adam à travers le temps, 100 millions pour Minuit dans l'univers...

En décembre, Rebel Moon Partie 1 n'a fait que la moitié des vues du thriller de Sam Esmail, Le Monde après nous. Problème, le projet de Zack Snyder, dont la deuxième partie sort le 19 avril 2024, a coûté 166 millions de dollars en tout. 

 

Red Notice : photo, Ryan Reynolds, Gal Gadot, Dwayne Johnson200 millions (dont 20 millions par tête)

 

Le grand ménage chez Netflix

Netflix ne devrait pas arrêter complètement la production de films à gros budgets, mais son attention devrait désormais se porter sur des franchises qui ont prouvé leur valeur, comme Tyler Rake, Knives Out (Glass Onion : une histoire à couteaux tirés) ou encore Enola Holmes. L'arrivée de Dan Lin devrait ainsi marquer une nouvelle ère, avec une majorité de projets moins chers, notamment des comédies et des films visant un public plus familial. 

 

Rebel Moon : A Child of Fire : photoRebel lose

 

À la manière d'autres studios hollywoodiens comme Disney, le mot d'ordre est clair : moins de quantité, plus de qualité (ou en tout cas, plus de contrôle et de prudence). Alors que la plateforme n'est plus capable de dépenser autant qu'à ses heures de gloire, cette nouvelle stratégie vise à stabiliser son nombre d'abonnés et remettre de l'ordre en interne.

Alors que les conséquences des grèves de 2023 à Hollywood se font ressentir, il faudra sans doute attendre un peu avant de voir des premiers résultats. Mais Netflix semble décidé à se remettre à l'endroit. 

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commentaires
Ghost Leopard
06/04/2024 à 15:01

Ça demande réflexion et je ne suis pas totalement certain du bien-fondé de la théorie que je vais formuler :

Le problème vient peut-être du fait que, dans l'écosystème cinématographique et audiovisuel, Netflix est traditionnellement "en aval", c'est à dire côté exploitation/diffusion alors qu'historiquement, quelles que soient les erreurs commises, les studios sont "en amont", c'est à dire production/fourniture de contenus.

Ça n'explique pas tout mais ce n'est pas vraiment le même coeur de métier. La prod, c'est prendre le risque de rassembler les personnes idoines (financeurs, scénaristes, réalisateurs, etc) pour créer de la valeur en commun en proposant des projets originaux dans une industrie qui passe son temps à inventer des prototypes, tout en limitant la casse en tenant compte du passé malgré tout.

"En aval", par contre, c'est arriver à faire en sorte de manière optimale que des oeuvres ou produits culturels trouvent leur public cible

C'est d'ailleurs un des problèmes du cinéma français. Les principaux décideurs sont des groupes de télévision, ce qui explique que tant de films français sentent le " produit télévisuel "...

GTB
04/04/2024 à 17:12

@Minthara> "Cela fait déjà bien longtemps que Netflix ne prend plus aucun risque, avec des films tous formatés de la même façon. Et des séries de moins en moins originales."

Ou comment faire une généralité en se basant sur les 10% "blockbuster" du catalogue. Un film d'animation au design "family friendly" mais écrit par C. Kaufman, il y a pas un peu d'audace là dedans ? Le Cercle des Neiges avec un Bayona qui ne fait pas dans la dentelle. Un Spaceman perché. Le Comte de Larrain. Makanai de Kore-eda. Pluto d'Urasawa. La liste est très longue. J'entends bien qu'on parle de la qualité variable, j'entends bien qu'il y a du formaté dans le catalogue...néanmoins Netflix prend toujours des risques, propose des choses extrêmement variées qui n'ont rien à voir les unes avec les autres et, notez, que tout ne repose pas exclusivement sur de l'exploitation de licences contrairement à la majorité des autres gros studios.

Il y a plein de choses à reprocher à Netflix. Mais la (non) variété de l'offre n'en fait pas partie.

Osheridan
04/04/2024 à 08:56

Je n'ai vu que Red Notice, the Gray man et Enola Holmes et les deux premiers sont véritablement de très bons films qui auraient eu du succès en salle sans la moindre hésitation. Enola Games est bien mais sans plus.
Le problème n'est pas le manque de qualité à ses prix là, le problème c'est la distribution. Quand on sort des films à 100 millions et plus, c'est vraiment stupide de garder l'exclu dans une chaîne privé. Netflix aurait gagné bien plus et obtenu une très bonne notoriété à le proposer en salle. Netflix aurait gagné des clients grâce au cinéma car ils auraient été séduit de la qualité de leur productions.

Minthara
04/04/2024 à 02:49

Mouais. Je n'ai pas vraiment compris le passage sur le "moins de prise de risques" ou bien "attirer un public plus familial". Cela fait déjà bien longtemps que Netflix ne prend plus aucun risque, avec des films tous formatés de la même façon. Et des séries de moins en moins originales.

Donc je ne vois pas très bien comment ils peuvent faire encore plus familial et inoffensif qu'en ce moment. Ils vont continuer avec leurs films interchangeables, mais simplement avec moins de moyen c'est ça qu'il faut comprendre ? Parce que si c'est ça. Ce n'est pas ce que j'appellerai une remise à l'endroit...

alulu
04/04/2024 à 00:07

Une autre façon de faire du cinéma, de sorte que leurs films intègrent parfaitement les pubs dés leurs genèses. Grâce à l'IA et aux algos, Netflix a assez de données, je suppose, pour savoir quand la grande majorité des visionneurs sortent leurs chiens ou vont eux-mêmes déféquer, histoire de ne pas perdre le fil du film :)

Adam
03/04/2024 à 23:38

Bonne chance à Dan Lin pour recruter des réalisateurs bien en vue ou des stars bankables s’il choisit de diminuer les budgets alloués…

fafa2023
03/04/2024 à 22:16

@karev: et tes deux géniteurs ce ne sont pas des tâches? Mouarf mouarf !

Jojo
03/04/2024 à 18:23

L'un des problèmes de Netflix avec les augmentations de prix injustifiées, leurs "téléfilms" à budget mais sans ambition scénaristique.
Je préfère leurs séries malgré la quantité tu peux tomber sur des pépites.

saiyuk
03/04/2024 à 18:12

Je lui accorde le bénéfice du doute mais il est aussi dans le coup du monsterverse donc bon...
Le schéma a suivre c'est celui d'Apple, et il y a pas si longtemps cela paraissait fou...

Pseudo1
03/04/2024 à 17:39

Vu que ces films ne peuvent espérer aucune royalties sur les entrées ou la vente de DVD, c'est normal que les équipes sont payées plus cher et donc, que les films coûtent plus cher...
Le problème ne vient pas des films (même si leur qualité est clairement bof certes), mais du modèle économique de la plate-forme.

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