Netflix : bientôt une purge massive de films et séries ?

Owen Carrel | 2 juin 2023
Owen Carrel | 2 juin 2023

Netflix part en guerre contre le gouvernement britannique en menaçant de retirer des dizaines de contenus de son catalogue.

Si elles ont longtemps été considérées comme une alternative viable à la télévision et au cinéma, les plateformes de SVoD traversent actuellement une crise sans précédent, qui les voient largement contestées par une partie de leur public. En proie à une profonde restructuration, Disney+ a pris la décision de purger des dizaines de films et séries de sa plateforme, HBO Max est devenu Max dans l'espoir d'enfin décoller, alors qu'Amazon dépense sans compter sur des mastodontes reçus fraîchement par la critique. 

De son côté, Netflix s'est enfoncé dans la polémique en partant en croisade contre le partage de mots de passe. Des nouvelles règles et nouveaux tarifs qui sont loin d'avoir fait l'unanimité, alors que la suprématie du N rouge ne paraît plus si évidente qu'il y a quelques années. Déjà très critique de la chronologie des médias en France, la plateforme s'attaque maintenant au Royaume-Uni – qui a récemment présenté une loi de régulation du streaming – en menaçant de purger son catalogue dans le pays

 

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Netflix vs UK

La régulation des plateformes de SVoD est un sujet majeur, alors que celles-ci ont longtemps navigué dans une zone grise liée à leur statut particulier. C'est pour cette raison que le gouvernement britannique de Rishi Sunak a présenté en mars 2023 une loi visant à mieux contrôler les activités de Netflix et compagnie, notamment sur la nature des contenus produits. Cette nouvelle législation prévoit de les placer sous la responsabilité de l'Ofcom (Office of Communications), soit l'autorité régulatrice des télécommunications au Royaume-Uni (l'équivalent de l'Arcom en France). 

Selon le Département de la Culture, des Médias et du Sport, le but est de « protéger le public d'un plus grand nombre de contenus préjudiciables, tels que les allégations trompeuses en matière de santé ». Et les pouvoirs accrus de l'Ofcom vis-à-vis des plateformes lui permettront d'infliger des amendes en cas d'infractions, qui pourraient atteindre 250 000 livres sterling. Les téléspectateurs auront également la possibilité de déposer une plainte auprès de l'organisation, comme c'est le cas actuellement pour les autres services audiovisuels. Une entreprise louable, mais qui ne passe pas du tout du côté de Netflix

 

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La grande purge ?

Selon les informations de Variety, le N rouge aurait menacé le gouvernement britannique de procéder à une purge de son catalogue, afin d'éviter de subir les retombées de la nouvelle réglementation. La plateforme a ainsi attaqué une décision qu'elle qualifie de « nébuleuse » et potentiellement « très coûteuse », affirmant que pour rester dans le cadre de la loi, il lui faudrait « réexaminer en permanence son gigantesque catalogue de contenus, en veillant à purger régulièrement les titres, quelle que soit la date de diffusion d'une émission ou d'un film ». Une menace préventive justifiée par la suite : 

« L'étendue et la variété du contenu de Netflix, généralement considérées comme une force de notre offre en termes de maximisation du choix pour les téléspectateurs britanniques, pourraient également devenir une source potentielle de risque du point de vue de la conformité si elles entraient dans le champ de compétence de l'Ofcom.

En l'absence d'une plus grande clarté sur la portée et l'application de ces dispositions, il serait inévitablement plus facile de retirer préventivement du contenu de notre catalogue britannique que de risquer une lourde charge de conformité et une responsabilité potentielle. »

 

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Netflix a par ailleurs relevé les différences qui existent en son mode de fonctionnement et celui des chaînes de télévision linéaires, soulignant le fait que les spectateurs pouvaient choisir quel contenu regarder sur une plateforme de SVoD. Disney+ a également soulevé des inquiétudes quant au projet de loi britannique, mettant en avant les mesures de protection mises en place comme le contrôle parental, et estimant qu'il semblait « inapproprié d'appliquer des règles uniformes à tous les services de VoD ».

Si Netflix va au bout de ses menaces, il s'agirait d'une première pour la plateforme, qui n'a jusque-là jamais osé toucher à son propre catalogue de contenus, contrairement à plusieurs de ses concurrents. Et peut-être un cas qui pourrait faire office de dangereux précédent. Si, pour le moment, le N rouge n'a pas commencé sa purge, ses méthodes posent question, y compris pour sa présence en France, où le service tente par tous les moyens (avec Disney) de faire tomber la chronologie des médias.

S'il ne nous touche pas (encore) directement, l'affrontement au Royaume-Uni est donc assurément à suivre dans les semaines à venir, et pourrait possiblement redéfinir la place des plateformes dans certaines zones géographiques.

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commentaires
MonsieurPomme
05/06/2023 à 16:54

Les commentaires sous cet article sont tout simplement une pépite ✨

Tuyen
03/06/2023 à 19:57

Les grandes entreprises qui engrangent beaucoup de profit suscitent la jalousie et la convoitise de la part des gouvernements qui espèrent par tous les moyens taper dans leur caisse. Ça me rappelle les amendes suréalistes imposées aux GAFA à une époque... C'est tellement minable mais les anglais ne sont pas les derniers lorsqu'il s'agit de se déshonnorer pour de l'argent.
Netflix a raison d'user de tous les moyens en sa possession pour se défendre.

Et je ne parle pas de la chronologie des médias en France qui elle aussi a besoin de faire un tour par la benne à ordures.

big Pharma Lie
03/06/2023 à 13:20

le Minister of truth en action des pouvoirs d' Etat lol!

RobinDesBois
03/06/2023 à 13:08

Je n'ai aucune sympathie pour Netflix (je vais même plus loin j'exècre cette plateforme) mais ce genre de loi est scandaleuse. Les Britanniques devraient s'inquiéter.

Le plus triste c'est la réponse et l'attitude ultra cynique de Netflix vis à vis de cette loi qui ne se soucie que de l'impact financier et a l'air de se contre-foutre de l'aspect liberticide de celle-ci.

RobinDesBois
03/06/2023 à 13:03

"Une entreprise louable"

Louable ? Si j'ai bien compris votre article c'est de la possibilité pour le Royaume Uni de censurer les plateformes. Je ne vois absolument pas ce qu'il y a de louable dans une nième loi liberticide.

Adam
02/06/2023 à 20:17

Je ne comprends pas l’intérêt de cette loi et la raison pour laquelle le grand N s’insurge. L’essentiel de son catalogue est de la fiction. On peut tout y raconter y compris les trucs les plus debiles. Il n’y a que les documentaires qui ont vocation à transmettre une information pouvant être préjudiciable et même dans ce cas, les autorités britanniques peuvent agir contre son producteur et demander le retrait provisoire du contenu en attendant que la justice statue…

Life is Hard
02/06/2023 à 18:01

Britannia is (not) open for business.

Bilbo
02/06/2023 à 16:55

Décidément entre ça et le rachat d Activision par MS, les anglais vont se retrouver le bec dans l' eau à tous les niveaux !