Purge de films et séries chez Disney+ : c'est quoi ce bordel ?

Owen Carrel | 22 mai 2023 - MAJ : 22/05/2023 12:39
Owen Carrel | 22 mai 2023 - MAJ : 22/05/2023 12:39

La purge chez Disney continue, et le studio s'attaque désormais aux contenus qui peuplent sa plateforme de streaming Disney+.

Après avoir constaté les dégâts, Disney semble avoir entamé sa mue. Et il serait bien temps que la firme lance ses grands travaux, après quelques années d'errance. Les deux années de règne de Bob Chapek, qui avait mis l'emphase sur le développement du streaming à outrance, ont laissé des traces, tout comme la pandémie de coronavirus qui n'a pas arrangé la situation financière du studio. De retour aux commandes après avoir laissé sa place au préalable, Bob Iger semble décidé à remonter la pente. 

Et les premiers effets de cette reprise en main se font sentir. Ainsi, la stratégie de diffusion des contenus sur Disney+ semble avoir évolué, avec la décision de Marvel de sacrifier sa série Echo, qui n'aura pas le droit à une diffusion hebdomadaire pour créer de l'engouement sur six semaines. Et si Disney+ a encore perdu des millions d'abonnés lors du deuxième quartile de 2023, le nouveau boss n'a pas voulu céder à la panique. Après un important bilan financier, la purge semble avoir été lancée, avec plusieurs dizaines de films et séries qui vont quitter la plateforme

 

Willow : photo, Warwick DavisDisney brûle tous les indésirables

 

l'ordre 66 chez disney

En effet, selon les informations de Deadline, Disney+ a programmé un grand ménage dans son catalogue. Au total, ce sont plus de 80 titres qui vont quitter la plateforme à partir du 26 mai, sans sommation et sans perspective de les retrouver immédiatement sur la page d'accueil d'un concurrent.

Car ce qui frappe, c'est que Disney supprime ses propres contenus originaux, alors même que l'objectif de Disney+ était de les regrouper sur une seule plateforme de SVoD. La manœuvre concerne les films et séries créés spécifiquement pour Disney+, mais aussi les chaînes filiales de Disney comme Hulu et FX (dont les contenus sont à retrouver dans l'onglet Star en France). 

Parmi eux, on retrouve la série Willow (qui a été annulée), et d'autres œuvres qui peuplaient la plateforme aux côtés des projets Marvel ou Star Wars, indemnes. La série documentaire The World According to Jeff Goldblum, la série post-apocalyptique Y, le Dernier Homme, le navet à 125 millions de dollars Artemis Fowl ou encore la super mini-série sur les Sex Pistols sobrement intitulée Pistols sont également à compter parmi les victimes de cette décision. 

 

She-Hulk : Avocate : photo, Tatiana MaslanyShe-Hulk n'est malheureusement pas concernée

 

La manoeuvre peut paraître soudaine, mais Disney avait préparé le terrain lors de son dernier bilan financier, qui présageait déjà des changements profonds à venir. La directrice administrative et financière du studio, Christine McCarthy, avait ainsi affirmé : 

« Nous sommes en train de revoir le contenu de nos services de streaming pour l'aligner sur les changements stratégiques de notre approche de la création de contenu. »

Cette purge est donc purement et simplement une opération financière, qui vise à réduire les coûts. Pour rappel, Disney+ n'est pas rentable depuis son lancement en 2019, et les projections tablent sur 2024 pour voir la plateforme être bénéficiaire. En attendant, Disney perd beaucoup d'argent (659 millions de dollars lors du deuxième quartile de 2023) dans le streaming. Les films et séries supprimés sont ainsi des titres peu regardés, ou annulés depuis quelque temps, que le studio ne veut pas voir prendre la poussière dans son catalogue sans attirer un large public. Selon eux, personne ne regrettera Willow, et il coûte bien moins cher de simplement éliminer la série de son catalogue que de la maintenir en vie. 

 

Y : The Last Man : photoY, la dernière (et première) saison

 

Crise du streaming

Cette purge de contenus pose cependant un certain nombre de questions, notamment pour les artistes. Surtout que Disney n'est pas le premier studio à trancher dans le vif. Dans le cadre de sa fusion avec Discovery, Warner Bros en avait profité pour purger HBO Max de très nombreux titres, avec parmi eux des gros morceaux comme Westworld ou Raised by Wolves. Cette élimination pourrait bientôt s'étendre à Netflix, dont le modèle commence à connaître des limites.

Le petit monde de la SVoD, florissant il y a encore quelques années, s'enfonce t-il dans une crise profonde ?

 

Westworld : photoWestworld, victime de la purge Warner

 

Le streaming était conçu comme l'ultime moyen de créer du contenu. C'était une alternative à la télévision linéaire, avec des films et séries accessibles à l'infini sur un large catalogue, mais également de plus en plus une concurrence sérieuse au cinéma, avec des oeuvres aux budgets délirants. Le problème, c'est que les plateformes se sont embourbées dans une avalanche de contenus pour rameuter le maximum d'abonnés.

Et maintenant que la plupart d'entre elles se rapprochent d'un plafond de verre, cette abondance commence à leur coûter un sacré paquet d'argent. Après la pandémie, et avec une grève massive des scénaristes à Hollywood, c'est une folie que les studios ne peuvent plus se permettre. Et peu importe si les créateurs et créatrices sont énervés. 

 

Echo : Alaqua CoxEcho, première série Marvel (un peu) impactée par la nouvelle stratégie de Disney

 

Une opération qui agace

Plus que les films et séries, les plateformes s'attaquent également indirectement aux créateurs qui en sont à la barre. Et cette opération fait très sérieusement grincer des dents. Car l'élimination des contenus originaux sous-entend que ceux-ci ne seront potentiellement plus disponibles de manière légale, sauf existence en support physique.

En août 2022, le créateur de la série HBO Max Infinity Train s'était indigné de la décision de Warner de supprimer la série de son catalogue, alors qu'elle ne pouvait être trouvée nulle part ailleurs. 

Disney a également subi un retour de bâton qui l'a forcé à revoir très légèrement ses plans avec le documentaire Howard, qui retrace le parcours du parolier de La Petite Sirène, Howard Ashman. La souris a ainsi fait face à un fort mouvement de contestation sur les réseaux sociaux, qui critiquaient le timing de cette décision (le remake live-action du film sort le 24 mai 2023) et le manque de respect affiché envers l'artiste, décédé du SIDA en 1991. Le documentaire restera finalement sur la plateforme, et une source proche du dossier a affirmé à Deadline que d'autres titres pourraient connaître un destin similaire

 

Artemis Fowl : photo, Ferdia ShawLui ne manquera à personne

 

En attendant, ce sont tout de même plusieurs dizaines d'œuvres qui vont se retrouver perdues dans les limbes, avec de très faibles perspectives de les revoir un jour sur Disney+. Et les questions qui entourent les plateformes de SVoD se retrouvent de nouveau au cœur des débats, alors que Netflix pourrait bientôt suivre le mouvement, selon les informations de Deadline.

Les mois et années à venir seront en tout cas révélateurs du changement général de stratégie des plateformes, d'autant plus avec une importante grève des scénaristes qui risque de parasiter la création de contenus. 

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commentaires
SebSeb
06/06/2023 à 15:04

Vive le physique !

Latoupie
23/05/2023 à 19:19

Moins de contenu.
Abo bientôt plus cher.
Bon ... Ciao Disney+

retata
23/05/2023 à 05:56

Ca fera économiser 1,3 milliards en royalties c'est la seul raison et warner la fait avec max.

Altaïr Demantia
23/05/2023 à 01:28

À mon avis, qui n'engage que moi, cette "restructuration" n'a qu'un but, rassurer les actionnaires après le changement de "Bobs" et compresser les coûts pour maintenir les dividendes.

Pour Disney, ce ne sont pas des oeuvres mais des contenus, du remplissage-temps qui permettent d'avoir des entrées dans un catalogue. Aucune de ces plateformes ne gagne d'argent, ce n'est pas le but. Le but c'est de contrôler de manière monopolistique un marché, de devenir le prochain Google ou Facebook pour pouvoir ensuite imposer à toute la chaîne de production jusqu'au consommateur ses tarifs et conditions.

Si les scénaristes sont en grève c'est notamment parce que la SVOD a complètement chamboulé leur métier. C'est un vrai désastre. Précarisation à tous les étages, "ubérisation" du métier, séries qui ne sortent pas ou sont annulées, chiffres des plateformes opaques qui empêche une juste rétribution, bref, Netflix, Disney et les autres ont foutu un beau bordel. Et à mon avis si les travailleurs du numérique n'étaient pas si atomisés, contrairement aux scénaristes qui sont syndiqués, eux aussi seraient en grève et toute cette belle mécanique blockbusteresque serait à l'arrêt.

maxleresistant
22/05/2023 à 23:29

C’est très bien, les œuvres vont continuer leur vie d’une autre manière.
Je n’ai aucun intérêt pour un service à 60 euros par mois avec 90% de merde.


Si ils veulent se la jouer prix compétitif et catalogue réduit mais de qualité. Tant mieux.

Sébastien
22/05/2023 à 23:23

Vous savez ce qui va se passer?

Ils vont vendre les droits de diffusion.... Aux chaînes de télévision.
Ainsi, tout le monde pourra bénéficier d'un programme sans se sentir otage d'untel ou untel.

Quelle incroyable avancée... Euh non, en fait, c'est un retour aux bases.

petitbiscuit
22/05/2023 à 19:39

@madolic
-Je ne comprends pas en quoi ça leur coûte de l'argent de laisser sur leur catalogue leur propre production

d'une certaine manière il y a une concurrence et entre les studios et donc création de contenu...les studios dépensent des milliards pour attirer les clients où (surtout) les garder.

on va oublier que garder des films a disposition à un coût (serveur à faire fonctionner).

imaginons que la série Willow a couté 100 millions à produire pour un potentiel de client de 100 millions qui auront tous vu le film en payant chacun un abonnement de 10 euros par an...si willow est le seul film a disposition alors on dira que willow a couté 100 millions mais en rapporté 1000 pour son année de sortie....donc il a apporté 1000 millions pour l'année fiscale...si le film reste 2 an, il aura rapporté 500 millions...10 an 100millions.
en vérité le problème c'est que si disney ou neflix produit des films cher c'est pour qu'ils soient regarder donc un film qui n'est plus (ou presque plus) regarder ne doit pas venir en concurrence avec les nouvels productions qui auront coûté très cher à produire.

imaginons que les gens ne regardent plus les nouveautés et se contente de vieux films ...plus besoin de produire de nouveaux donc!
sauf que voilà le public veut toujours de la nouveauté et c'est le noeud de la guerre: proposer du contenu donc les studios à un moment n'ont plus d'intérêt à ce que les vieux films/séries soient dispo car ils rentrent en concurrence direct avec les nouveautés qui coûtent cher, si paramount finance un mission impossible dantesque c'est pas pour que le public regarde l'agence tout risque sur sa plate-forme.

maintenant on va rajouter l'histoire des serveurs:
une plate-forme sera jugé sur la qualité de la diffusion: qualité hd et pas de lag...et là cela coûte cher d'avoir des fermes de serveurs à travers la planète

alulu
22/05/2023 à 19:21

Des Roms t'en trouves en Roumanie mais surtout sur archives.gov, une vraie mine d'or.

T411
22/05/2023 à 18:21

Aucun problème :-)

Eusebio
22/05/2023 à 17:43

Il y aurait moyen d'avoir la liste complète quelque part des séries et films supprimés ?

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