House : pourquoi il faut (re)découvrir ce méga-délire horrifique culte

Mathieu Jaborska | 1 juillet 2023
Mathieu Jaborska | 1 juillet 2023

Le génial House, a.k.a Hausu, ressort en salles en France ce 28 juin. L'occasion de découvrir une pépite bis toujours inégalée... et dont la réalisation est liée aux Dents de la Mer. Si, si.

Un chat sorcier, un piano maudit qui fait danser des doigts sectionnés sur ses touches, des morceaux d'écolière découpée qui flottent dans les airs... Voilà quelques-unes des multiples hallucinations de House, film sorti en 1977 et devenu cultissime pour sa bizarrerie. Totalement inclassable, hyper barré et mine de rien très en avance sur un cinéma d'horreur international qui n'avait pas encore entamé son virage vers le splatter, le long-métrage de Nobuhiko Ôbayashi est fascinant. Et ça tombe bien, il débarque en salles en France grâce à Potemkine.

 

House : photoOui.

 

Les dents de la maison

Drôle d'idée d'engager un jeune cinéaste versé dans l'expérimental pour faire concurrence à Steven Spielberg. C'est pourtant en suivant ce raisonnement que la Toho a produit House. Nobuhiko Ôbayashi a fait ses armes avec diverses expérimentations visuelles avant d'accepter de travailler dans la publicité pour la Dentsu, sans pour autant abandonner son identité visuelle. Il y a dirigé des comédiens et comédiennes de renom. C'est au cours des années 1970 que la Toho l'a contacté, dans l'espoir de trouver un équivalent aux Dents de la Mer, qui venait de prendre d'assaut le box-office mondial.

« La Toho nous a fait l'offre », racontait-il à Eigagogo, « Quand ils ont vu qu'on tournait ce qu'on voulait, ils ont dit : "Si vous tournez un film, il pourrait ressembler aux Dents de la Mer". Toutefois, seuls les employés de la Toho pouvaient tourner des films à l'époque. Je ne pouvais pas en faire un. Donc j'ai demandé à ma fille : "Si je pouvais faire des films, quel film voudrais-tu que je fasse ?" Elle m'a donné des idées pour House. J'ai écrit les idées sur une feuille de papier et je l'ai confiée au personnel de la Toho. L'idée est passée directement, mais ils ne trouvaient personne pour le faire. Les exécutifs de la Toho trouvaient ça trop absurde. » C'est donc lui qui a hérité de la mise en scène.

 

House : photoVraiment rien à voir avec Jaws

 

Sa fille, c'est Chigumi Ôbayashi, créditée au scénario aux côtés de Chiho Katsura, auteur de films érotiques qui s'est chargé de concrétiser les fameuses idées... À l'époque, celle qui aura aussi droit à un petit caméo est âgée d'environ 13 ans. Il va sans dire que le film concocté, mélange d'élucubrations de préadolescente et de références à la Seconde Guerre mondiale (évènement important dans la vie du cinéaste), est très loin du sous-Dents de la mer attendu par le studio. Tourné avec des actrices très peu expérimentées dans une ambiance qu'on imagine particulière, House est un énorme délire traversé de fulgurances expérimentales. Il avait tout pour devenir culte.

 

House : photoOui, oui.

 

How to become a cult classic

Et c'est exactement ce qui s'est passé. Sorti relativement discrètement et sans grand enthousiasme de la part de la critique au Japon, House a depuis inspiré une véritable religion, tant son étrangeté anachronique a de quoi fasciner. Le récit prend la forme d'une bluette adolescente, avec ses protagonistes féminins dénommés en fonction de leurs caractéristiques, puis bifurque vers un mélange entre horreur et comédie burlesque, à l'aide de figures mythologiques et folkloriques. En Occident, c'est une véritable anomalie, puisque le cinéma fantastique à cette époque aux États-Unis prenait très rarement cette direction. Ce n'est que plusieurs années après que Sam Raimi a réalisé Evil Dead, le film auquel il est le plus comparé.

C'est également son identité visuelle si particulière et toujours inédite qui en a fait un objet de fascination, d'autant qu'elle s'étend même à l'affiche, légendaire, ornée d'un chat menaçant, l'un des leitmotivs de cette histoire qui part vite en cacahuète. Mais le plus délirant, c'est très probablement cette débauche d'effets spéciaux, d'incrustations et de raccords artificiels, lorgnant volontairement sur l'animation et constellant chaque photogramme dans un crescendo hallucinant. Après tout, c'est un étalage d'idées d'adolescentes, qui tient plus de la rêverie artisanale que de l'épouvante réaliste.

 

House : photoCartoon net work

 

Depuis 1977, le long-métrage n'a cessé de gagner en notoriété jusqu'à l'édition d'une célèbre édition Criterion aux États-Unis et à cette sortie française événementielle. Régulièrement cité parmi les meilleurs films de maison hantée, voire parmi les meilleurs films d'horreur, House marque en plus le début de la carrière commerciale d'un metteur en scène tout aussi inclassable. Ôbayashi a par la suite réalisé de nombreux autres films tout aussi recommandables comme The Discarnates ou son oeuvre-fleuve Hanagatami, avant de s'éteindre en 2020. Voilà qui n'empêchera pas le culte qu'il a inspiré d'accueillir de nouveaux adeptes. Venez donc visiter la maison.

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commentaires
L'autre
03/07/2023 à 09:38

House et le portnawak House 2 ! voilà des films à faire (re)connaitre aussi !

Mx
01/07/2023 à 21:50

ecran large, vous pourriez faire des dossiers sur des films mal-aimés des années 80, HOUSE, ou WATCHERS, avec michael ironside?

Mx
01/07/2023 à 19:29

Moi j'aimerais bien un article sur le HOUSE, de steve miner.