Viking Wolf : un film de loup-garou sans vikings sur Netflix

Le mal nommé Viking Wolf débarque sur Netflix et se hisse sans effort dans le classement des programmes les plus vus. Comment ? Pourquoi ? Grâce à quel lobby ? On s'interroge encore.

Les algorithmes Netflix ont leurs raisons que la raison ignore. Tout juste peut-on émettre quelques hypothèses. Série B norvégienne sortie de nulle part et échouée le 3 février sur la plateforme, Viking Wolf est toujours, à l'heure où sont écrites ses lignes, parmi les films les plus vus des abonnés. Peut-être le succès, lui-même assez étonnant, de Troll a-t-il suscité un regain d'intérêt, ou du moins un boost de visibilité, pour les créatures fantastiques norvégiennes ? Photographie fade et bleuâtre, enjeux simplissimes... la comparaison coule de source.

...Et une bonne dose de forêts

Ou alors c'est le titre qui donne envie. Viking Wolf, c'est comme "robot ninja" ou "killer clown" : ça aiguise la curiosité. Serait-ce sur Netflix que se déversent désormais les gros bis hybrides ? Pas vraiment. Car Viking Wolf ne met pas en scène un loup-Viking et encore moins un combat entre loup et Viking. À la grande déception de toute personne de goût, c'est un film de loup-garou tout ce qu'il y a de plus classique, avec CGI médiocres, transformation générique et timide carnage final. Le rapport avec les vikings ? Un diaporama introductif racontant les origines présumées de la bestiole. Pratique.

Le reste, vous l'avez déjà vu ailleurs et en bien mieux. La romance adolescente naissante se complexifie quand la pauvre héroïne commence à muter en loup numérique. Quelques meurtres hors champ, une flic dans le flou, un gentil professeur, un vieux chasseur de lycaons, une balle en argent en guise de McGuffin... Le loup-garou pour les nuls, sans les idées de mise en scène, l'audace ou la générosité de ses illustres prédécesseurs. Si vous étiez persuadés que Netflix ne met en avant que des films écrits par un algorithme, on est désolé pour vous : même Chat GTP aurait été plus inspiré que les pauvres Stig Svendsen et Espen Aukan (auteur de... Troll, tout est lié).

Un film scolaire

S'il faut se forcer, on peut lui reconnaître quelques scènes gores gentillettes et un dilemme pas des plus originaux : celui d'une mère forcée de traquer sa propre fille. Assortie d'une direction artistique moins froide (ou d'une direction artistique tout court), d'une mise en scène un poil plus inventive (ou d'une mise en scène tout court) et d'une caractérisation plus poussée (ou d'une caractérisation tout court), l'idée aurait pu s'avérer intéressante.

En l'état, Viking Wolf est tout juste bon à rappeler que la mention "Top 10 des films" sur Netflix est loin d'être un gage de qualité. Soulignons que dans les entrailles de la plateforme, sous ces couches algorithmiques qui en veulent à notre esprit critique, sommeillent des pépites ne demandant qu'à être découvertes.