L'Etrange histoire du coupeur de bois : 3 raisons de découvrir cette petite pépite surréaliste
L'Etrange histoire du coupeur de bois est en salles depuis le 4 janvier, et c'est une très belle curiosité à découvrir. La preuve en trois points.
Les lecteurs occasionnels, qui parcourent Ecran Large pour son versant pop culture, seront peut-être surpris de voir la rédaction soutenir un OVNI tel que L'Etrange histoire du coupeur de bois. Les habitués, au contraire, savent à quel point on aime défendre les œuvres originales et audacieuses, qu'elles viennent du pays de l'Oncle Sam ou de celui du père Noël. En l'occurrence, ici, on est plus proche du deuxième cas, puisque le film de Mikko Myllylahti est finnois (ainsi que hollandais, danois et allemand).
C'est donc en Laponie qu'on suit Pepe, un bûcheron qui perd du jour au lendemain son emploi, comme une bonne partie des habitants de la ville. Ceux-ci vont progressivement céder à la dépression avant de carrément vriller, jusqu'au surnaturel. Pepe, lui, garde un air rêveur en toutes circonstances.
On vous donne trois raisons de découvrir cette petite pépite surréaliste.
Parce que c'est une histoire amusante
Malgré son ambiance langoureuse, L'Etrange histoire du coupeur de bois part d'un postulat aussi simple qu'absurde. Son réalisateur et scénariste Mikko Myllylahti, retranché chez lui à la campagne pour écrire son prochain film, a fait la connaissance d'un bûcheron. Celui-ci avait dû quitter le village où il résidait avec sa famille, ayant perdu son emploi local. Seul, loin de ses proches, il semblait pourtant garder le moral. Une résilience qui a fait forte impression au cinéaste, lui-même autoproclamé optimiste.
Le film narre donc les mésaventures d'un éternel insouciant, traversant les épreuves les plus éprouvantes, puis les plus étranges, avec un flegme assez irrésistible. Et Myllylahti en profite pour filmer une petite ballade existentielle... mais également infusée d'un humour à froid (nous sommes en Laponie après tout), voire pince-sans-rire. La mélancolie qui frappe de plein fouet le petit village en devient paradoxalement potache. Quant aux touches de surréalisme qui parsèment le récit, elles sont parfois d'une délicieuse absurdité. Avis aux amateurs.
Parce que vous aimez le surréalisme autant que nous, au fond
Présenté comme un conte surréaliste, le long-métrage paraît mal aimable. Pourtant ses références brossent le cinéphile aguerri dans le sens du poil. Outre De Sica (pour Miracle à Milan), Kitano (pour l'humour désabusé), Tarkovski (pour l'aspect spirituel de Nostalghia) et Bergman (pour la scène de l'attelage dans Les Fraises sauvages), le réalisateur cite David Lynch, qu'il dit énormément admirer.
Et ça se voit : L'Etrange histoire du coupeur de bois ressemble à une rêverie irréelle, proche de celles du réalisateur de Lost Highway et Mulholland Drive. D'ailleurs, même loin d'une caméra, l'un maîtrise les vers comme l'autre maîtrise les pinceaux.
On pourrait presque y voir un équivalent nordique de Blue Velvet, qui dévoilait les dessous des belles pelouses américaines pour en présenter le reflet fantasmagorique déformé. Persuadé que le flegme de son héros est caractéristique de sa région, Myllylahti s'emploie lui à pousser cette atmosphère au-delà du plausible, employant au passage des motifs typiquement lynchéens, comme l'intrusion de personnages bizarroïdes qui semblent surplomber le récit tout en fascinant les protagonistes. C'est l'habitante de cette bicoque, encadrant le microcosme du village, ou le mystificateur qui se produit sur scène dans le deuxième acte.
Parce que c'est un bel instant de poésie
Bien que scénariste et réalisateur de formation, Mikko Myllylahti est donc un éminent poète, publié à plusieurs reprises. Et malgré le peu de mots échangés dans son film, ironiquement, on y retrouve un sens du rythme et de la rupture très particulier. Lui qui souhaitait s'éloigner des modèles narratifs classiques pour faire bifurquer l'histoire aléatoirement, il compose une sorte de mélodie, qui prend peu à peu le pas sur l'intrigue, la réduisant à un fil rouge incarné par Pepe (le héros campé par Jarkko Lahti).
Non pas qu'il se repose sur une mise en scène particulièrement formaliste, au contraire : son attachement aux plans moyens en rajoute encore à la sensation de calme suspect. Mais la musique de Jonas Struck, le montage, le jeu très minimaliste des comédiens, les ruptures de ton subites, (empruntant brièvement aussi bien au thriller qu'au fantastique féérique, avec en prime une dose de grotesque), ainsi que d'authentiques instants de grâce, emportent qui veut bien se laisser emporter.
Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?