Mort de Jean-Luc Godard : Martin Scorsese rend hommage au cinéaste français

Martin Scorsese, parmi de nombreux autres réalisateurs, n’a pas tari d’éloges envers l’œuvre de feu Jean-Luc Godard et son immense influence sur le cinéma.

Comme beaucoup de réalisateurs issus du Nouvel Hollywood (incluant Francis Ford Coppola, Brian De Palma ou encore Michael Cimino), Martin Scorsese doit beaucoup à la Nouvelle Vague. Lui et bien d’autres n’ont jamais caché leur admiration envers des figures majeures du cinéma français telles que François Truffaut ou Claude Chabrol. Avec la mort de Jean-Luc Godard, dernier grand nom de la bande de la Gazette du Cinéma, on pouvait s’attendre à ce que de l’encre coule et que des hommages soient rendus à ce monde du septième art qui se clôt.

Le journal The Guardian a recueilli les différents témoignages de cinéastes, dont Martin Scorsese, à propos de l’œuvre de Godard. Le réalisateur de Taxi Driver est revenu sur ses films l’ayant le plus marqué, tel que Le Mépris, Made in U.S.A. ou Vivre sa vie : film en douze tableaux, tout en louant leur caractère imprévisible et innovant.

Anna Karina dans Vivre sa vie

Après son émouvant hommage à Bertrand Tavernier, Martin Scorsese a ainsi exprimé tout son respect au cinéma français en faisant le portrait d’un autre de ses incomparables réalisateurs :

"Dès À bout de souffle, Godard a redéfini l’idée même de ce qu’était un film et de ce que cela pouvait devenir. Personne n’a été aussi audacieux que Godard. Vous regardiez Vivre sa vie ou le Mépris ou Made in USA, et vous aviez l’impression qu’il faisait partie du film, qu’il le remodelait sous vos yeux au moment du visionnage. Vous ne saviez jamais à quoi vous attendre d’un moment à l’autre, d’un plan à l’autre – son engagement dans le cinéma était à ce point profond."

Généreux portrait d’un Jean-Luc Godard virtuose qui a su révolutionner le cinéma en son temps et profondément inspiré un artiste comme Martin Scorsese. On notera toutefois que le réalisateur se concentre davantage sur le début de sa filmographie et ne cite que des œuvres ne dépassant pas 1966. On ne connaîtra donc pas son opinion sur le reste de la carrière du cinéaste franco-suisse ni de ses périodes plus expérimentales. Toutefois, son avis demeure irrémédiablement favorable quant à ses premiers chefs-d’œuvre.

Nous ne vieillirons plus ensemble 

L’influence de quelques films aura suffi, selon Scorsese, à changer la donne et a éveillé toute une nouvelle génération de cinéma. Plus encore, le travail de Godard n'a, pour lui, jamais été aussi important :

"Il n’a jamais fait un film qui se contentait de s’installer dans un seul rythme, une ambiance ou un point de vue défini, et ses œuvres n’ont jamais cherché à vous plonger dans un rêve béat. Ils vous éveillaient. Ils le font toujours – et continueront à le faire. Il est difficile de croire le contraire. Si l’on peut dire d’un seul artiste qu’il a laissé sa trace et sa présence dans son propre art, c’est bien Godard. Et je dois dire que, maintenant que la plupart spectateurs se sont réduits eux-mêmes à des consommateurs passifs de ce qu’ils regardent, ses films sont plus nécessaires et vitaux que jamais."

Ce n’est pas un secret, Martin Scorsese est très critique quant à l’industrie cinématographique récente ainsi qu’aux nouveaux modes de consommations des films. La disparition de Jean-Luc Godard est aussi un rappel pour le réalisateur de ce qui a fait son amour du cinéma et son désarroi quant à ce qu’il pourrait devenir.