Marvel : She-Hulk est-elle la réponse au problème (des droits) Hulk ?

Lucas Jacqui | 18 août 2022
Lucas Jacqui | 18 août 2022

Alors que She-Hulk : Avocate a droit à sa série sur Disney+, où en est Marvel avec son Hulk ? Pourquoi n'a t-il pas de film ?

Nous sommes dans un univers où Ant-Man va avoir sa trilogie de films, où Black Widow a eu une aventure post-mortem, où Hawkeye a une série à son nom, et où Hulk ne traîne qu'un film solo depuis 2008. Alors que Bruce Banner (Mark Ruffalo) revient au second plan dans la série She-Hulk : Avocate, la question des droits et des choix de Marvel se repose. Pourquoi Hulk est-il le seul des Avengers dans ce cas ? 

La machine à baffes au teint de pelouse a un statut à part dans la galerie de héros de Marvel Studios. C'est l'une des très rares têtes d'affiche du MCU à avoir changé d'acteur en cours de route, et la vidéo rétrospective sur le personnage proposée sur Disney+ ignore justement L'Incroyable Hulk de 2008 avec Edward Norton (alors que c'est le deuxième film du MCU). Sur le site officiel de Marvel, l'aventure solo de Hulk n'est d'ailleurs pas mentionnée dans leur liste d'ordre de visionnage des films et séries du MCU. Pourtant, l’Abomination, qu'interprétait déjà Tim Roth en 2008, revient dans She-Hulk (après une apparition dans Shang-Chi, mais sans Tim Roth).

Un sacré bordel qui relève en réalité d'un gros problème de business... mais peut-être pas que ça ?

 

 

Hulk le maudit

Avant de devenir une branche de Disney et une marque qui suscite toutes les passions, Marvel était une société en galère financière dans les années 80-90, au point de devoir céder les droits de ses personnages à des studios. Spider-Man, Iron Man, Namor et Hulk sont parmi les héros dont la Maison des Idées a accepté de vendre les droits d’adaptation. Son "Dr Jekyll et Mr Hyde" version comics a ainsi atterri entre les mains de la société de production Universal.

Après le plantage du Hulk de Ang Lee de 2003, et sa suite qui a été abandonnée, les droits sont retournés à Marvel en 2005, Universal ne les exploitant pas.

 

Hulk : photoL'adaptation PS2 de Hulk de Ang Lee

 

Pourtant, pas de quoi casser le carrelage en sautant de joie puisque c'est plus compliqué que ça : Universal garde les droits sur la distribution en salles des hypothétiques films Hulk, et donc une part sur les potentielles recettes. Ainsi, Marvel/Disney détient bien les droits sur le personnage, permettant au studio de faire apparaître Hulk en second rôle dans des projets... mais impossible de lui consacrer des films solo sans en partager les bénéfices avec Universal.

Cette situation n’a cependant rien de nouveau pour la firme de Mickey. Iron Man, Iron Man 2, Captain America : First Avenger et Thor étaient par exemple distribués par Paramount. Et on connaît bien la délicate position de Spider-Man, en grand écart entre Sony et Disney.

Un accord avec Universal pourrait donc être possible, et le mastodonte Disney a des arguments dans ce genre d'échange de bons procédés (co-production sur des projets, partage des droits du personnage, etc).

Hulk reste-t-il donc au placard pour d'autres raisons ?

 

L'Incroyable Hulk : photoUne salade vraiment énervée

 

moi, moche et smash

Le Hulk de Eric Bana avait récolté 245 millions de dollars au box-office mondial en 2003, pour un budget d'environ 140 millions. L'Incroyable Hulk faisait à peine mieux cinq plus tard avec 265 millions de dollars, pour un budget similaire. Quand on voit que le premier Iron Man avait amassé 585 millions de dollars la même année, et que Thor faisait 449 millions de dollars au box-office en 2011, on peut imaginer la réticence de Marvel a lancer un nouveau film sur l'alter de Banner.

Au-delà des questions de gros sous, Marvel pourrait également ne pas savoir quoi faire d’un personnage résumé à une brutasse aux yeux du grand public. Sa dimension psychologique, ses envies suicidaires et son mal-être sont brièvement traités dans le MCU, mais Bruce Banner est bien un héros incroyablement tourmenté dans les comics — probablement trop pour des films qui se veulent plus légers. Ses pensées sombres sont donc, comme lui, reléguées au second plan.

On peine à imaginer Marvel faire ressortir cet aspect de Banner après une écriture de plus en plus gaguesque dans Thor : Ragnarok, Avengers : Endgame et She-Hulk.

 

Avengers : photo, Mark RuffaloLa bonne tête du Hulk des débuts

 

Sans oublier que la gueule verdâtre du colosse représente un défi technique auquel s’était heurté dans la douleur le film Hulk de 2003 (et aussi pas mal celui de 2008). Et au-delà de la question des CGI, faire transparaître des sentiments sur un chewing-gum goût menthe est un pari risqué. Hulk ressemble à un monstre, mais il doit avoir des émotions, et un visage quasi-humain lisible à l'écran.

Le casque d’Iron Man présentait un défi équivalent, sauf que l'émotion ne passe jamais par l'armure. La caméra va justement au-delà du masque pour nous coller à la face de Robert Downey Jr. Un lien direct avec le spectateur potentiellement impossible avec Hulk, qui est avant tout une chose numérique.

Le fait que le visage de Hulk devienne plus humain à chaque nouvelle apparition, perdant petit à petit sa massive arcade sourcilière et son teint vert, prouve aussi ce besoin de s'éloigner du monstre pour avoir une tête plus identifiable. Une problématique relancée avec She-Hulk, qui arrive 14 ans après L’Incroyable Hulk. La super-héroïne remet en avant le concept de Vallée Dérangeante — ce sentiment face à un visage artificiel si humain que ses défauts nous apparaissent repoussants. Pourtant, la série doit accomplir le pari de créer de la compassion pour une femme qui vit sous sa forme Hulk.

 

She-Hulk : Avocate : photo, Mark RuffaloMark Ruffalo InShape

 

She-Hulk power

Dans les années 70, devant le succès de la série The Incredible Hulk avec Bill Bixby et Lou Ferrigno, Marvel craignait que la concurrence ne lance une série dérivée pour copier ce succès. Il ont donc pris les devants, et l'idée d'une version féminine ne sortait pas de nulle part : Super Jaimie était née du succès de L'Homme qui valait 3 milliards. Ainsi naquit She-Hulk dans les comics, par mesure de précaution avant tout.

 

She-Hulk : Avocate : photo, Tatiana MaslanyFinalement, 42 ans plus tard, elle a sa série

 

Dès sa genèse, She-Hulk trempait donc dans les galères de droits (assez drôle pour une avocate). Si le mystère demeure sur les détails des accords entre Universal et Disney, le fait que l'héroïne puisse avoir son programme en série, en SVoD, peut s’expliquer par une différence contractuelle entre les adaptations films et séries, autour des personnages liés à Hulk. À moins que She-Hulk ne soit pas concernée par les déboires de droits de son cousin Hulk, son adaptation retirerait donc une sacrée épine du pied de Disney.

On peut imaginer que She-Hulk prépare le terrain à un film Hulk, dans l'hypothèse que Marvel récupère les droits un jour. Mais, à moins d'être un ninja, impossible d'être au courant des discussions actuelles entre les deux studios. Cependant, il est envisageable qu'en introduisant She-Hulk Marvel se débarrasse du problème Hulk, et écarte Universal dans la foulée.

Car l'Avengers vert semble être une impasse sur bien des aspects. Disney pourrait donc privilégier sa body-buildeuse verte pour l’installer comme la nouvelle force brute couleur pistache du MCU. A voir si la série est un succès.

Tout savoir sur She-Hulk : Avocate

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commentaires
Emynoduesp
19/08/2022 à 17:11

On a notre Flash du cote marvel, aussi stupide et inutile. Quoique Thor...il y a debat...
Dommage, je trouvais que Hulk et l Incroyable Hulk n etaient pas si mauvais.
Marvel en a fait un bouffon vert, ouais vraiment dommage.

Marvelleux
19/08/2022 à 03:30

Dommage pour le personnage

RobinDesBois
18/08/2022 à 22:57

A ce stade c'est trop tard pour le film solo. Les Russo ont flingué le personnage. C'est Whedon qui lui aura donné le plus de relief dans le 1er Avengers. Dommage qu'il ai quitté le bâteau pour se suicider chez Warner, il aurait fait un bien meilleur boulot que les Russo sur Infinity war et End game.