FIF de Saint-Jean-de-Luz : le palmarès de la 7ème édition

Christophe Foltzer | 10 octobre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 10 octobre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le pari n'était pas forcément gagné compte-tenu de la situation sanitaire actuelle, mais le FIF de Saint-Jean-de-Luz a tenu bon et clôt, ce soir, l'une de ses plus belles éditions depuis sa création.

Ce fut une semaine riche en émotions, ne serait-ce que celle de retourner enfin au cinéma pour se prendre une dose concentrée d'excellents films d'horizons divers. Une excellente manière de se rappeler pourquoi le cinéma existe, pourquoi il est capital dans nos vies et pourquoi la situation actuelle n'arrivera pas à le faire disparaitre. S'il fallait avoir une preuve de cette amour des belles choses et de la création humaine, c'est à Saint-Jean-de-Luz qu'il fallait chercher durant toute cette semaine.

Au terme d'une sélection d'une qualité très élevée, le jury, présidé par le réalisateur Xavier Legrand, a remis il y a quelques minutes les récompenses du palmarès de la 7ème édition de ce Festival International du Film si cher à nos coeurs depuis toutes ces années.

 

photoL'école du bout du monde

 

LE PALMARES :

 

Prix du public du court-métrage : Camille sans contact de Paul Nouhet

Prix du Jury Jeunes du court-métrage : Camille sans contact de Paul Nouhet

Prix du Jury du court-métrage : Le cercle d'Ali d'Antoine Beauvois-Boetti

 

photoLes séminaristes

 

Prix du public : L'Ecole du bout du monde de Pawo Choyning Dorji

Prix du Jury Jeunes : De nos frères blessés de Hélier Cisterne

Prix de la musique originale : Les séminaristes d'Ivan Ostrochovský

Prix d'interprétation masculine : Sherab Dorji pour L'Ecole du bout du monde

Prix d'interprétation féminine : Daria Lorenci Flatz pour Mère et fille

Prix de la mise en scène : Ivan Ostrochovský pour Les séminaristes

Grand prix du Jury : La Terre des hommes de Naël Marandin

 

photo, Diane Rouxel, Olivier GourmetLa terre des hommes

 

Comme ce que l'on espérait, cette semaine fut exceptionnelle et, c'est avec une vive émotion que nous remercions tous ceux sans qui rien de cela n'aurait été possible : la ville de Saint-Jean-de-Luz, l'équipe du festival, l'équipe du cinéma Le Select pour leur accueil chaleureux d'année en année, mais aussi Marina Billac, Laurent Renard, Elsa Grandpierre, Déborah Puente et, bien évidemment, le directeur artistique du Festival, l'extraordinaire Patrick Fabre.

 

Ceci étant, une fois n'est pas coutume, nous ne pouvions clore cette semaine intense sans parler du film présenté à la suite de la cérémonie de clôture, le magnifique A Good Man de Marie-Castille Mention-Schaar, qui sortira sur tous les écrans en mars 2021 mais dont nous aurons assurément l'occasion de vous reparler d'ici-là.

 

photo Festival Saint Jean de Luz affiche 2020



A Good Man

Présenter A Good Man en film de clôture de cette nouvelle édition était un sacré pari de la part du Festival. Bien qu'il ne sorte qu'en mars prochain, le film de Marie-Castille Mention-Schaar fait déjà parler de lui, et pas forcément pour les bonnes raisons. Il faut dire que le sujet est délicat, surtout actuellement, avec ce récit, tiré de faits réels, d'un homme trans qui, par amour pour sa femme stérile, décide de porter leur enfant.

A Good Man, c'est surtout la bonne occasion de voir que les polémiques jouent parfois en leur propre défaveur, tant ce que l'on peut lui reprocher n'apparait jamais dans le film. Au contraire, même, le film est avant tout un acte pédagogique à destination du grand public, le tremplin vers une réelle acceptation et une vraie représentation de la communauté trans au cinéma à venir. Certes, on peut penser qu'utiliser une actrice non-trans comme Noémie Merlant pour jouer le rôle d'un homme trans est un choix critiquable (comme ça a pu être dit pour Scarlett Johanssen l'an dernier) mais, au final, force est de constater que, d'une part, il faut bien comprendre que les rouages de l'économie d'un film d'une telle ambition ne peut se passer d'une star montante pour exister et, d'autre part, ce n'est encore une fois qu'une première pierre pour ensuite, et seulement ensuite, donner la possibilité à toute cette partie de la population d'avoir une vraie place dans l'industrie. Comme toutes les causes nobles et importantes dans notre société, il convient malheureusement de faire quelques compromis au départ pour pouvoir se projeter à plus long terme.

 

photoIncroyable Noémie Merlant

 

Ceci étant posé, parlons du film lui-même. Il est tout simplement magnifique du début à la fin. D'une douceur, d'une humanité et d'une bienveillance énorme vis-à-vis de son sujet, il transpire un amour universel qui élargit le propos à toutes les histoires de couple. Il n'est pas uniquement question de genre, de transformation, mais surtout du lien qui nous unit à la personne qui partage notre chemin, des épreuves que l'on endure pour construire notre projet commun et des zones d'ombres dans lesquelles elles nous entrainent parfois.

Récit prenant et bouleversant, A Good Man est aussi l'occasion d'assister à un vertigineux numéro d'acteur de la part de Noémie Merlant qui, au-delà des maquillages prosthétiques et numériques, se fait véritablement caméléon pour incarner Ben à toutes les étapes de sa transformation. Méconnaissable et impressionnante du début à la fin, elle prouve à quel point elle est en train de devenir une actrice centrale de notre cinéma. Soko est toute aussi parfaite, tout comme Vincent Dedienne qui, l'espace d'une scène, nous émeut au plus haut point.

 

photoJuste une envie de normalité

 

La grande intelligence du film c'est de ne pas traiter son histoire comme une affaire spécifique, comme un cas particulier, mais au contraire d'en faire une histoire normale, banale, qui touche beaucoup de monde. Ainsi tous les questionnements relatifs à l'inquiétude du personne principal face aux réactions de son entourage dans cette épreuve, ses interrogations sur sa propre acceptation et ce que cette grossesse peut avoir comme conséquences sur la solidité du lien avec sa femme et sa famille, tout ceci acquiert une dimension universelle qui transcende le sujet de société pour en toucher directement à ce qu'il y a de plus humain en chacun de nous. Avec toujours cette même bienveillance, cet amour de ses personnages, cette humanité débordante qui bouleverse du début à la fin.

Marie-Castille Mention-Schaar peut être très fière de ce qu'elle a accompli, c'est quasiment quelque chose d'inédit en France, il fallait sacrément de courage pour s'attaquer à un sujet pareil et elle remplit sa mission avec brio. Tant pis pour les polémistes, ils ne savent pas ce qu'ils ratent.

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commentaires
Okay
11/10/2020 à 13:25

Merci pour tous ces articles sur cette nouvelle édition du FIF

anti cinoche mielleux
11/10/2020 à 13:09

le Cinema n'est pas du tout capital, of course,
on supprime le cnc , on aurait du cinoche meritocratique, au lieu d'un cinoche de connivence
les bosseurs peuvent se passer du cinoche mais les Fraudeurs du cinoche peuvent pas se passer des bosseurs,
remettons les choses à leur place

Simon Riaux
11/10/2020 à 11:50

@Rayan Montreal

Le principe, c'est de traiter ce qui fait l'actualité, mais au moins autant ce dont on pense qu'il est important de parler.

Comme un festival qui trouve et met en avant, depuis des années, d'excellentes films encore peu identifiés ou connus.

Sans cela, on serait juste des auxiliaires de promotion.

taffey lewis
11/10/2020 à 10:08

ben non..On est au moins deux à avoir visité la page.
Vous compris!
ce qui est contradictoire avec votre message!
Drôle d'époque...

Rayan Montreal
11/10/2020 à 08:41

Vous en avez de temps à perdre que de bombarder des articles dont tout le monde s en fout