Le réalisateur Cary Fukunaga explique enfin pourquoi il a abandonné Ça

Christophe Foltzer | 28 août 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 28 août 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Si le succès historique de Ça n'est plus à prouver, on peut dire que le film d'Andres Muschietti vient de loin puisqu'en réalité, il a bien failli ne jamais voir le jour. En tout cas, pas sous la forme que nous connaissons aujourd'hui.

Alors que le tournage de Ça 2 est sur le point de s'achever, que plusieurs images du plateau circulent et qu'on l'attend de pied ferme dans nos salles le 6 septembre 2019, voilà qu'un gros mystère entourant cette saga est en train de se résoudre. Pour ceux qui l'ignorent encore, à l'origine, Ça ne devait pas être réalisé par Andrés Muschietti mais par Cary Fukunaga, tout juste auréolé du succès de True Detective.

 

Photo

 

Et, quand nous avions appris la nouvelle, nous ne tenions plus en place tant le réalisateur semblait être la personne idéale pour transposer l'oeuvre de Stephen King au cinéma dans un film glauque, sombre et clairement pour un public adulte. Et puis, de terribles rumeurs ont commencé à faire surface, comme quoi ça ne se passait vraiment bien entre le réalisateur et la production, qui remettait violemment en question sa vision du projet, refusant dans un premier temps, notamment, son envie d'en faire deux films (pour se rétracter par la suite). Résultat, trois mois après son arrivée, Fukunaga est parti avec pertes et fracas. 

Alors qu'il avait déjà plus ou moins expliqué les raisons de son départ en 2015, Fukunaga en gardait encore sous le coude et a profité de la promotion de sa nouvelle série, Maniac, pour révéler au micro de GQ qu'en réalité les producteurs avaient eu peur de lui :

 

Photo Beasts of No Nation

Cary Fukunaga sur le tournage de Beasts of No Nation

 

"Je pense que c'était de la peur, parce qu'ils savaient qu'ils ne pourraient pas me contrôler. Ils le savaient. J'aurai été un collaborateur total. C'en était presque devenu ridicule mais c'était juste une question de perception des choses. A aucun moment je n'ai vu un mémo et répondu qu'ils pouvaient aller se faire foutre. Cela a toujours été une conversation entre nous."

Et c'est peut-être bien cela qui a posé problème. En effet, les studios actuels n'aiment pas trop l'indépendance artistique ou les personnalités fortes. Ils recherchent avant tout de bons petits soldats et Cary Fukunaga n'est clairement pas dans cette catégorie. Cela n'enlève en rien le mérite d'Andres Muschietti, mais il faut bien reconnaitre que sa vision de Ça, toute aussi envoûtante soit-elle par instants, n'en reste pas moins absolument dans les clous.

Si le film a prouvé que de l'horreur adulte est toujours possible au cinéma, cette affaire nous restera quand même en travers de la gorge pendant encore longtemps parce qu'il est certain que la version Fukunaga aurait été d'un tout autre niveau. Le scénario, qui avait fait surface en ligne, l'avait d'ailleurs confirmé.

 

Affiche française

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commentaires
zeerax
28/08/2018 à 20:33

un chef d'oeuvre cinématographique d'un point de vue purement objectif. Je comprends la hype aux USA. Les connaisseurs savent à quel point ce film a réussi à maîtriser absolument tous les codes (objectivement)!

Andarioch
28/08/2018 à 18:11

@ Birdy

Je veux pas pinailler mais adapter, en l’occurrence et pour l'exemple un King, signifie de le faire passer d'un format roman au format ciné. Comme plier un truc dans tout les sens pour qu'il rentre dans une boite par exemple.
L'interpréter tient plus à des choix artistiques, des partis pris, des trahisons parfois, avec un résultat qui doit autant, voir plus, à la vision du cinéaste qu'à celle de l'auteur.
Sinon je plussoie sans soucis tes conclusions

Birdy
28/08/2018 à 17:24

@ Andarioch
Adapter et interpréter, c'est la même chose en fait. Suivre le fil rouge à la lettre de l'histoire d'un livre, surtout chez King, ou son alter Ego Dan Simmons, c'est impossible, les livres sont trop denses. Il faut toujours faire des coupes drastiques dedans.
Mais respecter l'essence des persos, du livre, de ce que l'auteur a injecté dans l'ADN de son oeuvre, est bien plus important que couper une partie. C'est d'ailleurs souvent ces trahisons à l'esprit de l'oeuvre qui fait mal aux fans.

Et dans Ca, il se passe encore autre chose : la structure ( chaque enfant présenté à son tour avec une rencontre à chaque fois du monstre ) alourdit beaucoup le 1er tiers.
Et le respect de l'histoire est agréable mais trop balisé, survolant tranquillement, avec de belles images, le livre. Le trouillomètre reste à zéro, le monstre se révèle bien peu dangereux au final, et les moments de magie du livre manquent terriblement.

Le réalisateur/scénariste aurait du prendre quelques risques supplémentaires, et je suis bien d'accord avec vous, Fukunaga aurait sans doute apporté du sang bien croupis à ce film trop propre sur lui; Ca, c'est putride, malsain.

Vega
28/08/2018 à 17:11

Étant fan de Stephen King la déception était là
En attente du deuxieme opus en espérant mieux????

Raiden
28/08/2018 à 16:50

Quand on voit le résultat final qui est une énorme déception, on ne peut que regretter que la version sombre de Fukunaga avec Will Poulter ne vit jamais le jour...
Quel dommage...

Andarioch
28/08/2018 à 13:19

Bonne analyse de Birdy. Je suis moi même pas très loin de penser que King est inadaptable, mais par contre interprétable (shining, Christine) par des réals à forte identité.

Raoul
28/08/2018 à 12:00

D'accord avec Birdy, la scène d'ouverture est superbe, le reste aie aie aie. Un épisode moyen de Stranger Things.

Birdy
28/08/2018 à 11:30

Le paradoxe quand on veut adapter le King, reste ce choix d'un réalisateur consensuel. Car la principale qualité du maître est de savoir plonger dans les pensées les plus intimes de personnages puissants et crédibles auxquels on s'attache très facilement. La saveur de ses livres ne tient ainsi pas qu'à une intrigue bien ficelée et originale, ni au gore ( finalement plus si présent depuis quelques années ). mais à une étude des moeurs, à la psychologie de ses personnages, à une empathie très forte du lecteur.
Or Adapter littéralement un de ses livres demande de reprendre toute la partie immergée dans les pensées des héros ( et très souvent de l'antagoniste ), ce qui n'est pas du tout cinématographie, il faut donc les traduire autrement dans le scénario.
Un réalisateur lambda aura donc beaucoup de mal à réussir ce tour de force et risque de seulement effleurer la sève du livre et ce qui faisait sa force.

Birdy
28/08/2018 à 11:21

C'est vrai qu'à part la magnifique scène d'ouverture, l'encéphalogramme reste quand même très plat.

sérieman
28/08/2018 à 10:06

Do you want a balloon?

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