[video] Minuit avec Tobe Hooper

Simon Mulin | 19 juillet 2011
Simon Mulin | 19 juillet 2011
Tobe Hooper, réalisateur du mythique Massacre à la tronçonneuse, mais également des remarquables Poltergeist et autres Lifeforce, n'a plus connu de véritable succès au cinéma depuis très (trop ?) longtemps. Ses dernières réalisations, qu'il s'agisse du moribond Mortuary ou de ses épisodes inaboutis des Masters of Horror, n'ont pas rassasié les amateurs d'horreur, durablement marqués par les aventures de Leatherface. Soyons honnête, on n'attendait plus grand chose d'un artiste dont il était de bon ton de parler au passé.

La surprise est d'autant plus grande de retrouver le metteur en scène co-auteur d'un roman fantastique, lequel convoque tour à tour quelques unes des figures les plus délicates à manier de la littérature. Midnight Movie est en effet un mélange inhabituel de roman épistolaire, d'auto-fiction, d'hommage à la culture populaire, et d'amorce de réflexion quant à la dimension virale de l'information. On y découvre un Tobe Hooper partiellement amnésique, qui apprend que son premier court-métrage, totalement sorti de sa mémoire, va être projeté dans le cadre d'un obscur festival. Le réalisateur et les multiples personnages qui gravitent autour de lui vont alors visionner une abomination qui va les transformer, d'une manière qu'aucun n'aurait pu imaginer...

 

 


  

Hooper revient sur sa carrière, son oeuvre, et le rapport qu'il entretient avec son public sans fausse modestie ni pudeur mal placée, mais avec une malice et une acuité bienvenues. Sa plume incarne sans mal de multiples caractères, du vieux pote perdu de vue, à la nymphette de province en mal d'aventures, leurs états d'âmes et métamorphoses nous surprennent de page en page. C'est que le bougre semble beaucoup plus à l'aise avec les mots qu'il ne l'a dernièrement été avec les images. En effet, Hooper n'a aucun mal à imposer un style direct, vif mais jamais bavard, jouant des mails, tweets et journaux intimes avec une inventivité et une maîtrise qui rappellent les meilleurs pages de la littérature épistolaire, presque disparue de nos jours.

Certes, les amateurs de fantastique ne seront jamais surpris par les rebondissements de l'intrigue, et auront plus le sentiment de se glisser dans un bain chaud que d'arpenter les rapides de l'angoisse. Ajoutons que les anglophiles seraient inspirés de préférer le texte en version originale, tant la translation des expressions familières, qui parsèment le récit, est délicate, et sujette à caution. Ces réserves émises, on aurait tort de ne pas embarquer avec l'ami Hooper, qui prouve ici qu'il est toujours un conteur hors-pair, dont le regard sur notre société n'a été nullement émoussé par les années.

Curieux d'en savoir un peu plus sur cette oeuvre surprenante et sa genèse, nous avons rencontré l'artiste il y a quelques semaines à Paris. L'occasion d'une discussion ouverte et détendue avec un homme délicieux, dont l'expérience n'a jamais entamé la curiosité. Hooper revient pour nous sur son parcours atypique et sur sa relation avec son co-auteur, ainsi que sur son prochain long-métrage, Djinns, qui devrait trancher radicalement avec les précédents travaux du réalisateur. Pour le meilleur ?

 

 

 

 

 

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