Tom Shankland (The Children)

Ilan Ferry | 17 octobre 2009
Ilan Ferry | 17 octobre 2009

A Ecranlarge on aime bien compliquer les choses... De fait ,plutôt que de s'amuser à faire une critique pour/contre de The Children nous avons préféré laisser le réalisateur Tom Shankland s'exprimer dans l'espoir de faire taire les (mauvaises) langues peu sensibles au doux spectacle de charmants bambins démastiquant de l'adulte dans la joie et l'allégresse !  Futures parents ou  adeptes de l'éducation ultra laxistes prenez garde : The Children pourrait bien faire vaciller vos convictions les plus profondes.

 

 Vous avez quoi contre les enfants ?

Pour moi ce ne sont que  des porteurs de maladies qui infectent tout le monde (Rires). Sérieusement, j'adore les enfants mais je les ai toujours trouvés très mystérieux dans leur façon de penser ou de regarder les autres. Le fait de savoir qu'ils sont capables d'arborer un regard doux et tendre et de vous gifler soudainement la minute d'après sans aucune raison est très perturbant.  Il y a une violence chez eux qui m'a toujours intrigué. J'admire les parents qui parviennent à comprendre et à gérer cette ambivalence.  Par ce film,je voulais tout simplement dire qu'un enfant pouvait être tout à fait normal et avoir cette violence presque inconsciente en lui. C'est pour ça que je n'ai pas essayé de faire comprendre leurs attitudes par de quelconques clichés inhérents à la S.F. Durant le tournage, je me suis rendu compte que les enfants pouvaient jouer à des jeux ou même se raconter des histoires assez violentes. C'est leur façon d'explorer des choses comme la vie et la mort tout en mesurant l'étendue de leurs pouvoirs souvent basés sur des rapports de force avec les parents. Bien sur que les enfants sont merveilleux, doux et aimants mais cette agressivité existe. On ne peut pas s'en débarrasser mais on peut d'une certaine manière l'encourager de manière saine et ainsi mieux la canaliser. C'est pourquoi je pense que c'est une mauvaise chose par exemple d'interdire un conte de fées trop violent à unenfant. 

 

C'est une vision assez terrifiante...

Oui car c'est comme ça que j'ai voulu la traduire dans le film. Dans le film, la manière de filmer certains plans ou de souligner d'autres choses participait à rendre cela terrifiant pour la simple et bonne raison que l'idée même de voir nos enfants devenir des machines à tuer est terrifiante en soi ! Mais en y regardant de plus près, il y a quelque chose d'étrange mais aussi charmant et amusant dans tout ça. Les enfants -pas tous- ont cette incroyable capacité à dissocier réalité et fiction donc ils ont pris tout ça à la rigolade !

 

 

 

 

Quel était l'aspect le plus difficile dans le travail avec les enfants ?

Les enfants ont adoré les scènes horrifiques, en particulier quand il y avait un gros travail au niveau du maquillage et des effets spéciaux. Pour eux, c'était comme un immense terrain de jeu avec plein de jouets super cool ! C'était beaucoup plus difficile dans les scènes intimistes parce qu'ils s'ennuyaient très vite. Même si le film traite du coté sombre de l'enfance, le tournage en lui-même était un grand moment de bonheur durant lequel j'ai beaucoup appris.

 

Votre Top 5 de films mettant en scène des enfants diaboliques

Les Innocents, Les révoltés de l'an 2000 La malédiction, Deux sœurs,Shinning... je vais vous en donner dix en fait ! Levillage des damnés...  Parmi ceux que j'aime moins je dirais Simetierre et Les Enfantsdu Mais qui contient de très bonnes séquences mais dès que les enfants se mettent à parler je n'y crois plus. Les enfants sont plus crédibles quand ils agissent comme des enfants normaux et non pas quand ils essayent d'être plus « sophistiqués ».

 

Quel était le 1ertitre du film ?

Initialement le script écrit par Paul Andrew Williams, qui aréalisé Bienvenue au Cottage, se nommait Miria. Il s'agit de l'anagramme du nom d'un célèbre réalisateur de films d'horreur. J'aimais bien la blague derrière ce titre mais je préférais appeler le film The day et me rapprocher des films des années 70 qui prenaient leur temps pour dévoiler l'horreur petit à petit. De plus, un titre pareil aurait vraiment intrigué le public, ce qui semblait être une bonne chose. Lors des projections tests, le public a très bien réagi au film mais détestait ce titre. J'en ai testé plein, tous plus horribles les uns que les autres,  jusqu'à déboucher sur The Children. C'est un titre qui me plait beaucoup car il est simple, direct et il attire tout de suite l'attention.

 

 

Comment le film a été perçu en Angleterre et aux Etats-Unis ?

Il a très bien fonctionné auprès du public mais aussi de lapresse  spécialisée et non spécialisée comme The Guardian. Je crois qu'ils ont été sensible au coté métaphorique. Le filmsort dans quelques semaines aux Etats-Unis. Toutefois, même si le public a apprécié le film au cours des divers festivals où il a été, je ne pense qu'il fera un carton là bas.

 

The Children bouscule pas mal de tabous aux Etats-Unis comme en Angleterre sur les relations parents/enfants...

Je pense que c'est propre à la culture anglo-saxonne. La littérature anglaise du XIXème siècle a énormément véhiculée l'image de l'enfant angélique et innocent à travers des œuvres comme Alice au pays des merveilles,même si celle-ci est un peu plus subversive que les autres. Aux Etats-Unis et en Angleterre l'enfant est une figure intouchable. Quand on voit ce qui s'est passé à Columbine on comprend pourquoi les gens sont gênés à l'idée de regarder derrière le miroir et accepter l'idée qu'il y a aussi des raisons, notamment sociales, à tout ça. Donc je pense sincèrement que cela tient à cette idéalisation de l'enfance et à notre réticence à affronter certaines réalités.

 

 

Durant les projections, on imagine bien le public jubiler devant certaines scènes en particulier celles montrant les enfants en train de se faire botter les fesses. C'est une réaction saine selon vous ?

Oui dans le sens où ça veut dire que j'aurais manipulé le public au point de l'entraîner vers un terrain qu'il n'aurait probablement jamais soupçonné avant, ce qui est très gratifiant (Rires). De plus, le cinéma a des vertus cathartiques dans le sens où il peut amener les spectateurs à réagir un peu comme des enfants qui jouent, c'est-à-dire dans une zone imaginaire mais totalement sécurisée. C'est pour ça que je pense qu'on devrait projeter des films d'horreurs à l'école.

 

The Children aurai t il des valeurs pédagogiques ?

Non absolument pas je plaisante bien sur. C'est dudivertissement pour adultes !

 

 Merci à Michel Burstein et Yukie de Bossa Nova

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