Vera Farmiga (Never forever)

Stéphane Argentin | 25 octobre 2007
Stéphane Argentin | 25 octobre 2007

Si Vera Farmiga occupe aujourd’hui le devant de la scène suite à ses performances très remarquées dans La Peur au ventre et Les Infiltrés, la comédienne alterne indifféremment petits films indépendants et productions hollywoodiennes d’envergure avec toujours le même objectif en tête : prendre part à des projets qui savent l’émouvoir. Rencontre avec une comédienne qui a le cœur sur la main.

 

Propos et autoportrait (en fin d’article) recueillis au cours du 33ème Festival du Cinéma Américain de Deauville (septembre 2007).

 

 

Dans quelles circonstances êtes-vous arrivée sur ce film ?

Gina m’a fait parvenir le script. En dehors de l’histoire, deux éléments m’ont aussitôt intrigué : le titre et le fait que le réalisateur soit une femme, coréenne de surcroît.

 

La nudité du film a-t-elle constitué un obstacle à votre niveau ?

Mes réticences initiales se sont vite dissipées après le visionnage du Vidéo Diary de Gina où elle y filme les corps nus de façon très poétique. En définitive, les scènes de nudité ne furent pas les plus difficiles à filmer. Au contraire, l’aspect contre-nature de telles séquences les rend presque comiques sur le plateau. Le plus dur fut le planning de tournage très serré : cinq semaines seulement.

 

C’est d’ailleurs assez rare de découvrir une telle nudité à l’écran. La plupart du temps, l’homme est montré torse nu tandis que la femme fait l’amour en nuisette.

Le but du film était de rendre totalement justice à la sensualité du corps masculin, à fortiori asiatique. Quant à Sophie, sa première scène de nudité est très inconfortable car il s’agit alors d’une pure histoire de business. Sophie doit en quelque sorte gagner son droit à la sensualité à mesure qu’elle tombe amoureuse.

 



Gina vous a-t-elle donnée une explication quant à la scène finale ?

Nous n’en avons pas vraiment parlé mais les possibilités ne se limitent pas à deux choix : son mari Andrew ou bien Jihah. Je lui ai posé la question mais elle a préféré rester très vague à ce sujet. Le plus important, c’est que Sophie ait trouvée le bonheur et la quiétude en parvenant enfin à devenir mère.

 

S’agit-il du but ultime pour une femme que de devenir mère ?

Pour la plupart. En ce qui me concerne, ce film est arrivé à un moment de vie où j’éprouve très fortement ce désir. C’est la fonction biologique de la femme que de se reproduire, de perpétuer l’espèce humaine. De plus, la femme possède au fond d’elle-même cet instinct maternel. Mais ce film est avant tout le regard de Gina sur la dichotomie entre la mère et la prostituée.

 

Croyez-vous que les trois composantes que sont l’amour, le sexe et la reproduction soient indissociables ?

Est-il possible d’avoir les trois à la fois ? Idéalement, je dirais oui. Tout du moins je l’espère. Pour l’heure, je peux me permettre le luxe d’un égoïsme total dans ma vie amoureuse sans avoir à me soucier de l’aspect maternel. Mais qui sait ? Posez-moi à nouveau la question dans quatre ou cinq ans (rires).

 

Votre carrière semble s’orienter davantage vers les films indépendants ?

Ce n’est peut-être pas un hasard en effet si mes projets les plus intéressants se sont concrétisés dans les productions indépendantes. Ces personnes ont su avant tout m’accorder leur confiance. L’alchimie fut instantanée lorsque j’ai rencontré Gina pour la première fois car elle est si romantique et passionnée. En définitive, peu importe l’ampleur du projet. Il faut avant tout que le sujet me touche et m’inspire. Il y a également plusieurs degrés d’indépendance dans l’industrie cinématographique. Prenez par exemple La Peur au ventre ou encore Par effraction : deux longs-métrages financés dans l’indépendance mais qui ont fini par atterrir dans le giron de grands studios. Le cas des Infiltrés est quelque peu différent car bien que financer par un studio, le tournage ressemblait plus à une cour de jeux. Jouer dans un film de Martin Scorsese est une telle bénédiction doublée d’un immense privilège. Il adore ses comédiens, il maîtrise ses long-métrages, il y met tellement de ferveur et de passion que vous n’avez pas l’impression de prendre part à une superproduction hollywoodienne.

 

Avez-vous eu vent des suites en préparation des Infiltrés ?

Non. Je ne suis même pas sûr que Martin Scorsese soit impliqué et cela m’étonnerait beaucoup que mon personnage en fasse partie.

 

On devine que le triomphe des Infiltrés vous offre désormais davantage de latitude professionnelle ?

Je suis en effet très reconnaissante de l’exposition que m’a apportée ce film. Tout ce que j’espère maintenant, c’est que cette exposition mettra avant tout en lumière le type de projets qui m’intéressent, comme Never forever par exemple.

 

 

 
Gina Kim est coréenne, Anthony Minghella (Par effraction) anglais, Wayne Kramer (La Peur au ventre) est né en Afrique du Sud, Martin Scorsese est d’origine italienne. Tous ses réalisateurs « non-américains », est-ce une coïncidence dans votre carrière ?

Je ne crois pas que ces choix soient conscients de ma part. Mais je sais pertinemment que je ne suis pas l’américaine typique. Je ne me suis d’ailleurs jamais considérée comme étant américaine, je suis ukrainienne d’origine. Mes parents sont des immigrants. C’est sans doute pour cette raison que je n’attire pas de tels projets.

 

Qu’en est-il de votre projet avec Niki Caro (Paï, L’Affaire Josey Aimes, NDR) intitulé The Vintner's Luck ?

Il a été reporté car plusieurs femmes impliquées dans le long-métrage sont tombées enceintes à commencer par Niki elle-même ainsi que l’actrice Keisha Castle-Hughes.

 

Vous avez également pris part à deux séries télé qui n’ont pas duré très longtemps (Undercover et Les Forces du Mal, NDR) ?

Elles ont duré suffisamment longtemps à mes yeux (rires). Je m’ennuie très vite. Après trois ou quatre mois à interpréter le même personnage, je veux m’en débarrasser. De plus, je me suis retrouvé dans les deux cas à jouer les femmes-flics. Je trouve ce type de personnage d’un ennui mortel à la télé car elles ne prennent jamais d’initiatives. Mais la qualité des séries télés s’est grandement améliorée au cours de ces dernières années. Moi-même, j’en regarde bien plus qu’auparavant.

 

Lesquelles par exemple ?

Six feet under que j’ai regardé en intégralité. Et dernièrement, je suis obsédée par… (elle réfléchit). C’est quoi cette série sur la polygamie ?

 

Big Love ?

Big love (rires). La première fois, je me suis dit : « Pff ! Comment maintenir l’intérêt au-delà de quelques épisodes ? OK, il a trois femmes ! Il va en rencontrer une quatrième et les autres vont la prendre en grippe ». L’intrigue me paraissait ultra-prévisible et pourtant l’histoire m’a touché et j’ai accroché aussitôt.

 


 

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