Kad Merad (Je vais bien, ne t'en fais pas)
Vendredi dernier (soit le 1er septembre) était le jour choisi par la « prod » pour assurer la promo du film de Lioret Je vais bien ne t'en fais pas dans le cadre d'un hôtel parisien assez luxueux. Alors que Didier s'était assigné la belle Mélanie Laurent (lire notre interview), votre serviteur se contentait de sa chambre, de son chat Bob et accessoirement de Kad Merad un rien « amusé » d'être bourlingué ainsi entre chambres, suites et autre terrasse d'un hôtel qu'il finira sans aucun doute par en connaître les moindres recoins en fin de journée.
T'enquilles les films puisque tu viens juste de quitter l'affiche avec J'invente rien
Et encore t'as rien vu. Tu ne vas pas arrêter de me voir dans les prochains mois
Le
film de Michel Leclerc qui est donc sorti en plein mois d'août et qui s'est un peu planté au box-office avec ses 42 000 entrées.
Tu trouves ?
Et bien, avec 60 copies en première semaine... Oui !
Moi je trouve que c'est déjà bien.
Il aurait quand même mérité mieux non ?
Ah oui là tout à fait d'accord avec toi.
Avec J'invente rien tu joues un personnage mi-anar, mi-clown mais bien en marge de tout et ici un père de famille ultra sensible mais qui ne sait comment exprimer son amour. Tu sembles évoluer avec douceur vers des rôles plus « sérieux » et on a un peu l'impression que les choses se font naturellement pour toi ?
C'est bien non ? C'est bien d'avoir pu jouer deux personnages si différents. J'aime beaucoup le travail de comédien. Mais attention je ne me prends pas la tête. Je reste très instinctif dans mon approche d'un rôle. J'essaye de penser à des gens que je connais
Justement je crois savoir que tu es jeune papa. C'est une donnée que tu as utilisée pour ton rôle ?
Oui bien entendu. De toute façon depuis que je suis père ça a changé ma vie. Dans mon travail de comédien j'ai certainement moins de pudeur, je me lâche plus. Ce qui me permet d'assumer ces rôles et ce côté plus dramatique que de toute façon on a tous en soi. Les plus grands déconnneurs ont des failles, des moments difficiles dans leur vie que chacun exprime à sa façon
Et j'ai le sentiment que c'est le moment pour moi.
Cela procède t'il d'une volonté assumée et réfléchie ?
Non pas du tout. Je veux simplement montrer que je suis capable de faire ce métier mais je n'ai sûrement pas la prétention de montrer des facettes de ma personne. Ce n'est quand même pas moi à l'écran, c'est un rôle qui procède d'un travail et je veux que les gens l'apprécient comme tel. Je ne me dis pas, attention, j'arrive à 42 ans, il faut que je fasse un rôle dramatique. C'est totalement instinctif. J'ai simplement eu plus de travail après le phénomène des Choristes où Christophe Barratier a pris le risque de me faire jouer un personnage à l'opposé de l'image que les gens avaient de moi. Ensuite les portes se sont ouvertes d'elles-mêmes. Maintenant il faut que je sois à la hauteur de ce que l'on me propose et je travaille pour cela.
Kad imitant De Niro dans Taxi Driver
Du coup Lioret a pensé à toi pour Je vais bien en voyant Les Choristes ?
Oui en effet il y a pensé en voyant Les Choristes. Il m'y a trouvé juste.
Et quand il t'a proposé ce rôle, cela t'a semblé de suite évident ?
Non pas du tout. Il m'en a parlé à la soirée des Césars où j'étais venu supporté mes amis pour Les Choristes alors que lui était là pour L'Équipier. Il m'a dit : « Je ne vous connais pas ». Je lui ai dit : « Ben moi non plus ! » (Rires). « Voilà j'étais en train de parler de vous car je pensais à vous pour mon prochain film ». Basta ! Aussi simplement que cela. Il m'a ensuite invité chez lui, m'a raconté le film et m'a dit : « Je voudrais que vous fassiez le père ». Je me suis dit : « Oh putain ! » (Rires bis). « Vous êtes sûr que c'est moi que vous voulez ? ». Il me dit ensuite : « Qu'est ce que vous pensez de cette histoire ? ». « Et bien écoutez j'adore, le personnage du père je l'aime beaucoup et je vais le faire car je ne vois en effet personne d'autre que moi dans le rôle ». Et ensuite c'est du boulot au quotidien pour être à la hauteur de ce genre d'affirmation.
Et il consiste en quoi ?
Pour pouvoir jouer juste et avec sincérité j'essaye de m'inspirer de ce qui m'entoure. Ma famille, mes amis, les rencontres
J'emmagasine tout cela pour mieux le ressortir. C'est ma méthode. Il y en a qui vont par exemple vouloir passer un mois dans une famille banlieusarde de la classe moyenne, moi non. Il suffit que je me souvienne de ma propre vie. Mon père c'était quelqu'un qui partait tôt et qui rentrait tard et qui ne parlait pas beaucoup. On mangeait devant la télé nous. Donc tout cela m'a servi c'est évident.
Et faire la promo d'un film dramatique, comment tu fais ?
Je me dis qu'il faut que je sois plus moi-même et que pour le coup que je mette de côté mon personnage de déconneur habituel. Évidemment quand je fais de la promo avec Olivier on n'arrête pas de déconner et c'est normal car on est en phase avec nos films. Là je suis plus posé, plus tranquille. Je vais moins raconter de conneries que je finis toujours par regretter d'ailleurs (sourires). C'est assez agréable cette situation au final. Je n'ai pas trop d'efforts à faire. Je raconte ce que je ressens.
Tu n'as pas envie de passer derrière la caméra ou d'écrire des scénarii du même genre maintenant que t'y as goûté ?
Oh non. Trop de taf. J'adore jouer en fait pour les autres ou écrire avec Olivier mais c'est tout. C'est presque les vacances de simplement et uniquement jouer la comédie.
Philippe Lioret sur le tournage de Je vais bien...
Comment vit-on la transformation de « Kad et Olivier » à « Kad Merad » ? On ne devient pas un peu schizophrène ?
Non, on le vit très bien. C'est comme si en effet j'avais une deuxième vie, une seconde chance. Je passe de l'un à l'autre sans problème. Je vais continuer à faire des choses avec Olivier et continuer à faire des choses seules car c'est ce qui m'amuse.
Tes attentes en terme de retombées sur ce film ?
Que les gens l'aiment et que cela donne envie à d'autres metteurs en scène de vouloir travailler avec moi.
Lesquels ? Lançons un appel
Il y en a plein. Je pourrais plus te dire ceux avec qui je n'ai pas envie de travailler
Mais je ne peux pas (Rires ter). Il y a tellement de bons réalisateurs en France. J'adorerais travailler avec Xavier Giannoli. Barratier, avec qui je rempile dans son prochain film. Lartigau aussi car c'est un pote. Et puis j'aimerais bien rencontrer Chabrol, Leconte, Rappeneau. J'adorerais vraiment travailler avec jean-Paul Rappeneau.
La suite des événements pour toi ?
Là je viens de terminer le dernier Jolivet (Je crois que je l'aime/NDLR) où ce fut très sympa et je tourne en ce moment même dans le second film de Boujenah (Trois amis/NDLR). Après je fais une pause avant le film de Barratier qui est prévu pour l'été prochain. Entre-temps je vais écrire un nouveau scénario avec Olivier.
Propos recueillis par Sandy Gillet. (septembre 2006)
Autoportrait de Kad Merad.