Steve Carr (École paternelle)

Par Didier Verdurand
14 mars 2005
MAJ : 21 mai 2024
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Réalisateur des n°2 de Friday et de Dr Dolittle, Steve Carr s’était déjà fait un nom dans le vidéoclip en dirigeant Moby et Public Enemy, entre autres. Il est en train de devenir une valeur sûre aux États-Unis en enchaînant les succès, École paternelle (Daddy Day Care), sorti en France le 22 octobre 2003, rapportant 104 millions de dollars en Amérique du Nord. Steve Carr a donc de quoi avoir le moral au beau fixe.

Ce n’est pas un hasard de ne pas réaliser une nouvelle suite ?
Non, c’était très important à mes yeux. Je voulais montrer à la profession que je pouvais développer un scénario original, et le transposer avec réussite à l’écran. Et j’aimais l’idée que quelqu’un pouvait alors travailler sur une suite, et je crois d’ailleurs que le studio l’a trouvé !

Comment avez-vous trouvé les enfants de École paternelle ?
La production a organisé des castings dans tous les États-Unis, et même à Toronto, puis j’ai reçu les cassettes. Nous avons regardé des milliers de gosses. Je voulais surtout des enfants qui ne paraissent pas comédiens, mais dotés d’une véritable personnalité.


Un tournage avec autant d’enfants doit créer des complications !

Ils ne peuvent en effet tourner qu’un nombre très limité d’heures, car ils continuent bien entendu d’aller à l’école. Dans des conditions normales, nous aurions pu tout boucler en 45 jours, alors que nous en avons eu besoin de 81. C’est un casse-tête au niveau de l’organisation, et après j’ai du prendre un long repos, loin des enfants !

Vous n’avez pas d’enfants ?
Non, j’y travaille ! Je me suis fiancé l’été dernier.

Vos retrouvailles avec Eddie Murphy ?
Rares sont les réalisateurs avec qui il a retravaillé, donc vous imaginez les liens qui nous lient. La première fois était bien différente, car nous utilisions des animaux et des effets spéciaux, mais nous avions déjà pris beaucoup de plaisir à tourner ensemble. Il a apporté dans École paternelle son expérience en tant que père. C’est un père cool, mais qui n’a pas peur de dire aux enfants ce qu’ils doivent faire, il ne se laisse pas déborder. Si un gamin lui demande pourquoi il lui a demandé d’aller s’asseoir sur la chaise, il répondra : « Parce que je te l’ai dit. Voilà pourquoi. » ! C’est une vraie star de cinéma, qui ne sort de sa caravane que pour jouer ses scènes, mais il est très drôle et se comporte bien avec l’équipe, il est très aimable.


Quel est le plus difficile ? Diriger des animaux ou des enfants ?

Les enfants, je pense. Les animaux, vous leur donnez à manger, après ils s’assoient et ne bougent plus. Alors que les enfants, ça les réveille et les excite ! On dit à Hollywood : « Ne travaillez pas avec les enfants ou les animaux ! ». Moi, j’ai travaillé avec des enfants, des animaux et des effets spéciaux. Mon prochain film sera alors facile à réaliser, à moins que je ne tourne avec des enfants, des animaux et des effets spéciaux en pleine mer !

Où en est votre projet d’adapter Iron fist sur grand écran ?
J’ai vu qu’il était annoncé qu’il était rentré en production, mais c’est faux, nous sommes toujours en négociations. Je serais excité de me retrouver sur ce projet, car j’ai grandi en lisant des comics, et Iron fist était l’un de mes préférés. J’adore le zen mystique qui s’en dégage ! J’aimerais aussi avoir l’occasion de m’affirmer dans mon style visuel, celui que j’avais quand je faisais des vidéoclips. Je prenais alors nettement plus de risques artistiques.

Il n’y a pas de commentaire audio sur le DVD en zone 1 ?
C’est juste, et j’en avais fait un sur mes deux films précédents. Mais voyez-vous, après ce tournage épuisant, j’ai vraiment eu besoin de prendre du repos, je ne plaisantais pas tout à l’heure ! Voyant que les chiffres au box-office étaient excellents, j’y suis resté et ne suis pas rentré à Los Angeles pour enregistrer le commentaire. J’ai aussi pensé que, vu que c’est un film pour enfants, il fallait dans le DVD des bonus spécialement pour eux, et je ne vois pas l’intérêt qu’ils auraient eu à écouter mon commentaire technique !


Des comédies américaines ont du mal à remporter le même succès en Europe. Pourquoi, à votre avis ?

Les Américains ont plus d’humour ! (Rires.) Non, je pense qu’en effet, selon les cultures, certains comiques sont appréciés ou non. Les Américains ne comprennent toujours pas comment Jerry Lewis est considéré comme un génie en France ! Les comédies basées sur le physique ont du mal à voyager. En revanche, quand c’est monsieur tout le monde qui se retrouve dans des situations comiques, là, ça marche. Je pense à Full Monty qui a été un gros succès aux États-Unis.

Vous êtes tenté de refaire des clips ?
J’aimais le rythme de tournage des clips. Maintenant, lorsque vous devez attendre que Jay-Z ou Nas soient prêts à venir sur le plateau, il y a de quoi attraper des migraines. Et j’aime vraiment faire des films pour le cinéma, raconter une histoire…

Avez-vous un réalisateur préféré ?
Oui, Albert Brooks, parmi d’autres. Mon film préféré est Lost in America. Je citerais aussi Arthur de Steve Gordon, dont c’est le seul film, il est mort en 1982.

Vous deux derniers films ont successivement dépassé les 100 millions de dollars de recettes en Amérique du Nord. Vous êtes en position de force aujourd’hui ?
J’aimerais que vous appeliez tout le monde à Hollywood pour leur dire cela, et que j’aie le droit de faire ce que je veux ! C’est vrai que j’ai eu de la chance. Et mon premier film, qui avait coûté 8 millions de dollars, en a rapporté 57 millions. Le succès facilite un peu la production du film suivant, c’est le jeu. Cela m’a aussi apporté une maison avec piscine dans les hauteurs de Los Angeles !

Propos recueillis par Didier Verdurand en septembre 2003.

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