Peter Sarsgaard (Jarhead)

Ilan Ferry | 10 janvier 2006
Ilan Ferry | 10 janvier 2006

Peter Sarsgaard fait partie de ces visages qu'on n'oublie pas. L'acteur au regard trouble se remet d'une année 2005 particulièrement chargée. De Dr Kinsey à Flightplan en passant par Garden State, il a été sur tous les fronts. Dernier exploit en date, Jarhead où l'acteur, venu prêter main forte à son grand pote Jake Gyllenhaal (pour la petite histoire Sarsgaard est le petit ami de Maggie Gyllenhaal, la sœur de Jake), est tout simplement hallucinant en soldat meurtri, bien loin du rôle de bouseux violent qui l'avait révélé dans Boys don't cry.

Quel fut l'aspect le plus difficile de ce tournage ?
Tout je dirais. Ce ne fut pas tellement l'aspect physique qui était difficile à supporter. Je ne peux pas vraiment me plaindre en comparaison de ce qu'endurent les vrais Marines. C'était surtout difficile car c'était mon troisième tournage consécutif, ce qui fait que je ne me suis pas arrêté depuis un an. J'étais vraiment soulagé une fois Jarhead terminé (rires).

Comment s'est passé le travail avec Jake Gyllenhaal ?
Bien, on se battait, on se réconciliait…puis on se rebattait pour se réconcilier à nouveau. Jake et moi sommes amis depuis trois ans et je l'ai toujours connu comme le frère de ma petite amie, mais à la fin du tournage je le voyais plus en tant qu'acteur.

 


Ce film vous a-t-il permis de ressentir les mêmes émotions qu'un Marine ?
Pas celles d'un Marine en temps de guerre dans la mesure où les balles utilisées lors du tournage étaient à blanc ! J'avais cependant l'impression de comprendre en grande partie la psychologie d'un Marine. J'ai fait beaucoup de recherches sur leurs conditions de vie. J'ai réalisé qu'en s'engageant dans ce corps de l'armée, qui n'est constitué que de volontaires, on accepte de se faire littéralement enlever une partie de son esprit, celle qui se demande si la personne sur laquelle vous allez tirer a une famille ou si c'est vraiment un ennemi. C'est un choix étrange que de s'engager dans les Marines.

 

Avez-vous rencontré des Marines ?
Oui, d'ailleurs, on peut voir de vrais Marines dans le film. Certains travaillaient en tant que conseillers techniques. En parlant avec eux j'ai réalisé qu'ils se considéraient tous comme des Marines à vie, mais pour autant aucun d'entre eux n'a mentionné sa vie avant de devenir soldat. La plupart sont issus de familles pauvres et ont trouvé là un métier dont ils pouvaient être fiers à condition de bien le faire. Être Marine est malheureusement une profession nécessaire, mon pays étant quelque peu accro à la guerre ! (rires)

Le film joue beaucoup sur la notion d'attente. Ressentiez vous la même chose sur le tournage ?
Oh oui (rires) ! La scène où je cherche des mines dans le désert a pris des heures. En lisant le scénario je ne pensais pas que mon rôle serait aussi important, et je ne me suis pas rendu compte que « la recrue » qui apparaissait dans tant de scènes s'avérait être en fait mon personnage !

 


Avez-vous suivi un entraînement militaire ?
Je n'ai pas vraiment eu le temps de m'entraîner puisque à ce moment là je tournais un film tout en faisant la promotion d'un autre (NDLR/ Dr Kinsey). Mon entraînement militaire n'a duré qu'un jour et demi, contrairement aux autres acteurs qui en ont suivi un particulièrement intensif. Je n'ai été pris pour Jarhead que trois semaines avant le début du tournage.

 

Quels genres de scénarios recevez-vous habituellement ?
Les merdes habituelles, la plupart des films américains étant plus ou moins mauvais. Il s'agit toujours de thrillers où une femme est en danger et va s'éprendre du flic qui doit la protéger avec l'habituelle scène finale où elle se retrouve seule chez elle aux prises avec le tueur ! Le plus dur c'est de se frayer un chemin vers les bons scénarios mais la plupart d'entre eux atterrissent directement entre les mains de Brad Pitt.

Vos personnages ont toujours un côté sombre, est-ce un choix délibéré de votre part ?
J'essaye toujours de trouver le rôle qui sera le plus intéressant pour moi et sur lequel tout le monde fait l'impasse. Dès qu'un rôle un peu marginal se profile, qu'il s'agisse d'un drogué ou bien d'un tueur, je me rue dessus car ce qui m'intéresse c'est de pouvoir tirer le meilleur d'un script en créant des personnages qui ne me ressemblent absolument pas.

 


Qu'est ce qui vous a attiré dans le scénario de Jarhead ?
L'évolution du personnage interprété par Jake me semblait très intéressante. Ce changement progressif entre deux extrêmes et la tension qui s'en dégage. De plus, je voulais vraiment apporter ma contribution à cette histoire.

 

Comment a réagi le public américain ?
De manière très mitigée. Certaines personnes furent en colère de ne pas y voir l'habituel film de guerre avec son lot de tueries tandis que d'autres réagissaient de manière moins radicale. Cela me plait beaucoup d'être dans un film controversé car trop peu de films le sont.

Dans quel film de guerre auriez vous aimé jouer ? Quel rôle auriez vous voulu interpréter ?
Voyage au bout de l'enfer. J'aurais adoré jouer le rôle de Steven (NDLR/ interprété par John Savage), en particulier dans ses scènes avec Robert De Niro où il fait passer tellement de choses par un simple regard.

 

 

Propos recueillis par Ilan Ferry.
Autoportrait (flou) de Peter Sarsgaard.

Tout savoir sur Jarhead, la fin de l'innocence

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