Jarhead : l'anti-Captain America qui pilonne le film de guerre

Ange Beuque | 13 octobre 2022
Ange Beuque | 13 octobre 2022

Grâce au triomphe d'American Beauty, Sam Mendes a conquis la légitimité hollywoodienne pour mettre en œuvre des projets singuliers. Pour son troisième long-métrage, son choix se porte sur le récit atypique d'un marine pendant la première guerre du Golfe : Jarhead : La fin de l'innocence. Il embarque Jake Gyllenhaal, Jamie Foxx et Peter Sarsgaard en plein désert pour prendre à revers les conventions du film de guerre.

En 2000, Sam Mendes rejoint Delbert Mann, Robert Redford, James L. Brooks et Kevin Costner au panthéon des vainqueurs de l’Oscar du meilleur réalisateur pour leur première contribution au 7e art. Il enchaîne en envoyant Tom Hanks et Paul Newman sur Les Sentiers de la perdition puis se lance en quête d'un nouveau projet.

À la même période paraît au rayon littérature Jarhead, dans lequel un certain Anthony Swofford narre sa participation à l'opération Tempête du désert. Le réalisateur le lit et tombe de son propre aveu sous le charme de ce "mélange de machisme, d'humour, de situations surréalistes et d'observations politiques très pointues ". Son prochain sujet est tout trouvé.

D'autant que le film de guerre a le vent (de sable) en poupe : La Chute du Faucon noir et Nous étions soldats ont pris la relève de Il faut sauver le soldat Ryan. Le Royaume, Green Zone ou encore Démineurs marqueront les années 2000. Sam Mendes s'inscrit dans cette mouvance, deux décennies avant de revenir au genre avec le (faux) plan séquence spectaculaire de 1917.

 

Jarhead, la fin de l'innocence : Désert et torchèresMedal of Horror

 

Apocalypse Never

Une recrue au physique de jeune premier subit une préparation militaire intensive sous les ordres d'un instructeur plus qu'exigeant, avant de partir à la castagne contre un camp de « méchants » bien identifié. Sur le papier, Jarhead a tous les atours du film de guerre conventionnel. Sauf que s'il s'adosse à ce canevas classique, c'est pour mieux le détourner.

De l'opération Tempête du désert, le grand public a retenu les images télévisées distanciées des bombardements sur les cibles irakiennes, visant à achever au plus vite le conflit avec un minimum de pertes (côté occidental, s'entend). Sam Mendes, sûrement le genre de type qui pendant un match de foot filmerait les gradins, préfère porter son attention sur les fantassins qui attendaient dans le désert d'à côté qu'on daigne faire appel à eux.

 

Jarhead, la fin de l'innocence : Jake Gyllenhaal, Peter SarsgaardQuand t'es dans le désert depuis trop longtemps

 

Dans la continuité de cette focale biaisée, tous les attendus du récit sont contournés. Le glorieux entraînement militaire est pris par son versant le plus trivial : entre corvées de latrines et usage de laxatifs, les personnages sont constamment ramenés à leur humanité et non transcendés par leur fonction. Même le si symbolique clairon manque à l'appel, et doit être piteusement contrefait à la bouche.

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commentaires
Ray Peterson
14/10/2022 à 10:17

Pour moi l'un des plus beaux travail de Roger Deakins. La séquence de nuit des puits de pétroles est à couper le souffle. La prestation de Peter Sarsgaard balaye celle de Gyllenhaal pourtant déjà très bon. La scène de la vidéotape m'a bien marqué aussi. Inconfortable voir même horrible.

Faurefrc
13/10/2022 à 21:27

J’avais adoré American Beauty à sa sortie, beaucoup aimé les sentiers de la perdition et été boulversé par les Noces Rebelles… mais j’avoue m’être assez ennuyé comme les troufions du film devant Jarhead. Faudrait que je ressorte mon dvd pour me refaire un avis

Mouais Bof...
13/10/2022 à 21:23

Grand thème qui n'a jamais été traité au cinema à ma connaissance, sauf erreur de ma part . Sam Mendes qui dépeint des br..leurs accrocs aux sensations fortes mais qui final ne comprennent pas pourquoi ils sont venus.
Un excellent tableau sur une période sombre où au final personne savait ce qu'il foutait là.

J'ai beaucoup aimé ce film pour ma part,un film de guerre pas comme les autres,où il ne faut pas s'attendre à des corps mutilés comme dans les films sur le VietNam.