Fanny Valette (La petite Jérusalem)

Hoda Kerbage | 12 décembre 2007
Hoda Kerbage | 12 décembre 2007

Fanny Valette a beau être une parfaite inconnue dans l'univers du cinéma, elle est pourtant loin d'être une comédienne débutante. Née un 4 juillet à Arles, Fanny suit un peu partout ses jeunes parents et c'est tout naturellement qu'elle assiste émerveillée dès l'âge de trois ans à des pièces de théâtres. Vers huit ans, elle participe à un premier casting et gagne un rôle dans la série télévisée Une famille pour deux sur M6. Et les téléfilms se sont enchaînés, avec des rôles plus ou moins étoffés auprès de comédiens confirmés. Aujourd'hui, elle suit des études en médiation culturelle et communication à la Sorbonne mais trouve du temps à consacrer à sa passion, le cinéma. Les cinéphiles ont l'occasion de découvrir les premiers pas d'un sérieux espoir féminin dans La petite Jérusalem alors Écran Large vous crie gare, voilà une arlésienne qu'on devrait voir de plus en plus sur les écrans...

 

Réalises-tu un rêve avec ce premier rôle dans La petite Jérusalem ?
Ce rêve commence à peine. Je suis encore à mes débuts, avec tout l'avenir devant moi. Mon rôle dans La petite Jérusalem est magnifique et c'est génial d'avoir pu l'interpréter, c'est une chance qui n'est pas donnée à tout le monde, mais le rêve se réalisera le jour où je pourrai être fière de moi, et il me reste beaucoup de travail.

 

Quels sont les films qui t'ont fait rêver ?
Le choix de Sophie... Le Grand bleu.

 

 


 

 

Comment a débuté l'aventure de La petite Jérusalem ?
J'ai passé le casting, comme la plupart des comédiens choisis. Je ne correspondais pas à la base au personnage. Karin Albou, la réalisatrice, voulait une actrice juive avec une peau mate et un corps très sensuel. Le rôle me plaisait tellement, je ne pouvais pas passer à côté - et du bac non plus. Karin a du sentir ma détermination. On a commencé la préparation une fois le bac en poche, j'étais présente tous les jours aux essais des autres comédiens qui auditionnaient pour les rôles d'Eric et Djamel notamment. Karin m'a dit ce qu'elle pensait du personnage et elle m'a prêté des livres sur la religion juive orthodoxe que j'ai feuilleté. Je ne suis pas juive et ce n'est pas en me bourrant le crâne de livres que j'aurais mieux collé à mon personnage. Au contraire, j'aurais été dans la caricature. Donc j'ai eu le strict nécessaire pour m'imprégner un minimum. Laura, mon personnage, est une jeune fille avant tout, plus qu'une juive orthodoxe.

 

Bon feeling avec les autres acteurs ?
Hedi (Tillette de Clermont-tonnerre) qui joue le rôle de Djamel est un acteur fabuleux ! Un régal ! Michael Cohen est maintenant un ami, il est une personne fantastique. Bruno (Todeschini) est aussi un très grand acteur simple et généreux. Elsa est une très bonne actrice. Une femme très douce.

 

Pas trop de pression face à Elsa Zylberstein?
Ce n'était pas un problème. J'ai commencé ma carrière à huit ans, j'ai joué avec des gens qui étaient tout aussi impressionnants, comme Fanny Ardant, Josiane Balasko... Et puis je n'avais pas tellement de scènes à tourner avec Elsa.

 

 

Le plus difficile sur le tournage ?
Je devais être sur place du matin jusqu'au soir, les heures supplémentaires ne se comptaient plus... C'est un film à petit budget et parfois on était les uns sur les autres. Ce n'était pas évident sur une période de deux mois et demi de tournage, c'est un peu épuisant. Drôle aussi, heureusement !

 

T'a t-on considéré comme le bébé du tournage ?
Non ! (Rire.) Le film reposait un peu sur mes épaules. Je n'aurais pas accepté d'être considérée comme le bébé ou la chouchoute. Maintenant, on me considère plus d'égal à égal, ce qui ne fut pas toujours le cas quand j'étais plus jeune. Les autres acteurs avaient plus tendance à me prendre sous leur aile.

 

Que se passe t-il lorsque tu commences à jouer une scène ?
Je suis d'une nature à paniquer quand il y a trop de gens autour de moi alors que sur un plateau de cinéma, je ne vois plus personne. C'est étrange comme fonctionnement. J'ai démarré jeune donc au début je le prenais ce métier comme une partie de plaisir. Je suis habituée à avoir des gens autour de moi sur le plateau mais quand on dit action, je ne vois plus le perchman par exemple qui est parfois sur le lit, ou juste au dessus de notre tête. Quand je suis devant la caméra, il n'y a plus rien qui existe autour de moi, alors j'essaie d'être au maximum dans la peau du personnage.

 

Est-ce que tu ressembles à Laura ?
Pas du tout ! (Rire.) Laura est une fille très bien ! Je ne suis pas du tout comme elle dans la vie. Je suis même à l'opposé de Laura. À part les petits coups de gueule de temps en temps, on n'a rien en commun.

 

 

Crois-tu qu'il existe encore des femmes, qui comme le personnage de Mathilde, ne connaissent pas les détails de la sexualité ?
En allant à Sarcelles pendant deux mois et demi, j'ai rencontré des gens qui étaient coupés du monde et qui vivaient dans un monde à part. C'était assez impressionnant mais trop loin de moi pour que je puisse émettre un jugement. Le terme modernité ne fait pas partie de leur langage, je crois. Et pourtant les mères sont plus libérées que leurs filles.

 

La scène que tu préfères ?
Le cours de philo ! On s'est beaucoup amusé avec Michael Cohen. Je le trouve tordant. Il y a d'autres scènes que j'aime mais j'en suis arrivée à un point où je n'arrive plus à être objective par rapport au film. J'ai l'impression de le regarder sans le regarder.

 

La scène qui a été la plus dure à tourner ?
Les scènes de nu ! C'était une catastrophe...

 

Que pensent tes parents de ta carrière d'actrice ?
Ils me donnent des conseils de vie. Mon père m'a dit qu'il me soutiendrait toujours quels que soient mes choix mais qu'il fallait que je me donne à fond et que je bosse. Ils sont forcément fiers de leur fille si elle arrive à faire ce qui la passionne. Ils ont aussi un regard assez détaché. Que je fasse du cinéma ou autre chose, le plus important pour eux c'est que leur fille soit épanouie.

 

Si on te propose un poste d'animatrice à la télévision tu accepteras ?
Non. Je ne suis pas ici pour être connue mais pour vivre ma passion sinon je n'aurais pas accepté le rôle de Laura ! On ne peut pas dire que je suis au top de ma beauté !

 

 

Prends-tu des cours de théâtre ?
Non, il n'y a pas longtemps que j'ai mon bac et mes études passent avant tout. C'est le deal avec mes parents. Le théâtre est aussi très différent du cinéma, on peut y trouver un aspect caricatural. Je voudrais arriver à jouer de manière plus naturelle, avant d'apprendre à faire de grands gestes et avoir une voix assez forte pour le public. Le théâtre a aussi ses côtés excitants mais je préfère rester dans l'optique du cinéma.

 

Un rôle de que tu aimerais jouer ?
J'aimerais bien jouer une alien, une princesse ou une droguée. J'ai envie de rôles qui ne me ressemblent pas !

 

Qu'as-tu retiré de cette expérience ?
Plus on apprend, plus on a de l'expérience dans la vie, plus on doute. C'est ce que je ressens mais je rajouterais qu'être projetée dans un monde d'adultes dès l'âge de huit ans a été quelque chose de très enrichissant. Aujourd'hui, je ne me pose pas « trop » de questions et j'essaie de me construire à côté, de penser à moi. Parce que ce métier peut être très destructeur, même si en même temps il peut aussi procurer d'immenses moments de bonheur.

 

Propos recueillis par Hoda Kerbage.
Autoportrait de Fanny Valette.

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