Henry Thomas

Didier Verdurand | 3 septembre 2004
Didier Verdurand | 3 septembre 2004

Au début des années quatre-vingt, une marionnette et un petit garçon ont ému la terre entière. Pour accompagner l'hommage que rend le 30e festival du Cinéma américain de Deauville à Steven Spielberg, nous avons posé quelques questions à ce jeune homme qu'est devenu Henry Thomas, qui fêtera ses 33 ans le 9 septembre.

Comment décririez-vous Steven Spielberg ?
Je ne connais pas vraiment le cinéaste qu'il est aujourd'hui, mais je peux vous dire ce qui m'avait le plus frappé chez lui en 1981, pendant le tournage d'E.T. Son imagination était telle que seules les limites technologiques pouvaient la stopper. Cela le frustrait considérablement, et c'est probablement pour cette raison qu'il a toujours été à la pointe de la haute technologie, et l'a fait avancer.

Qu'avez-vous ressenti lorsque l'équipe d'E.T.s'est réunie il y a 1 an et demi à l'occasion du vingtième anniversaire de sa sortie ?
J'ai été ravi de revoir tout le monde, mais je dois avouer que c'était aussi étrange comme sensation. Le plus impressionnant était de revoir le film, surtout que John Williams dirigeait un orchestre en live dans la salle. Pour moi, la musique de John Williams a toujours été la star du film.

Quel est votre film préféré de Steven Spielberg ?
Les Aventuriers de l'arche perdue. Lorsque j'étais gamin, ce film m'a captivé et a développé mon imagination.


E.T. est le film de chevet de Lance Armstrong

Vous avez joué une scène avec Harrison Ford dans E.T. ! Elle n'est disponible en intégralité que sur le coffret Laserdisc Collector NTSC !
Je vénérais Indiana Jones, c'était un rêve de gosse de pouvoir le rencontrer et partager une scène avec lui ! Il n'a fallu que quelques heures pour la mettre en boîte et elle n'a pas été retenue, mais ce jour a été mon préféré de tout le tournage. À vrai dire, je crois n'avoir jamais vu cette scène.

Avez-vous déjà rencontré des personnes qui prétendaient avoir vu des extraterrestres ?
Non, mais j'ai déjà croisé des gens qui étaient persuadés d'être des extraterrestres. Il est naturel qu'ils se retrouvent à Los Angeles !

Vous étiez bien placé pour nous dire aujourd'hui si E.T. est un mâle ou une femelle ?
Je me rappelle à l'époque avoir eu cette discussion avec Steven Spielberg, et si ma mémoire est bonne, selon lui, il considérait E.T. comme un mâle, probablement vieux... mais il n'écartait pas l'hypothèse selon laquelle, au contraire, il était un jeune extraterrestre, doté d'une forte curiosité qui l'avait poussé à s'éloigner du vaisseau pour s'égarer chez nous. Quoi qu'il en soit, je pense que cette ambiguïté permet au film de recueillir tous les suffrages.


Henry Thomas aux côtés de Leonardo DiCaprio

Il y a deux autres prestigieux réalisateurs avec qui vous avez tourné : Milos Forman pour Valmont, et Martin Scorsese pour Gangs of New York. Que pourriez-vous nous dire de ces expériences ?
Milos Forman a été le premier réalisateur européen avec qui j'ai travaillé. Il fait partie de ces réalisateurs qui préfèreraient aller directement dans la salle de montage du film plutôt que de faire du baby-sitting avec les interprètes. Il adopte une attitude de « no nonsense » : il n'y a pas d'écarts autorisés, il va droit au but dans sa direction, et mon plaisir en fut immense. La mise en scène de Martin Scorsese est quant à elle très simple et directe, assez proche de lui en tant qu'homme. Il sait précisément ce qu'il attend d'une scène, comment elle sera utilisée dans le film, et ne perd ni son temps ni le vôtre à vous demander des choses qui ne seront pas utilisées. Ceci dit, j'ai énormément apprécié la liberté artistique qu'il laissait aux comédiens sur Gangs of New York. J'ai été très libre avec mon personnage comme je l'ai rarement été dans ma carrière.

On trouve surtout des productions indépendantes dans votre filmographie. Quelle est votre vision de ce milieu ?
Le problème avec le marché indépendant est qu'il n'existe plus de marché indépendant ! Ce qui était avant une opportunité pour un réalisateur original de mettre en avant d'autres facettes de son talent, sans avoir de comptes à rendre à un studio, est devenu un passage obligé. Les films ne sont pas indépendants, les studios accaparent le marché de films peu coûteux. Trouver le financement pour une petite production n'a jamais été aussi difficile qu'aujourd'hui. Malgré cela, trop de films sont produits pour un nombre finalement insuffisant d'acheteurs. La réalité est que trop de films ne sont jamais vus, et que beaucoup de réalisateurs n'en font pas de second. Peut-on alors parler d'indépendance ?

Pourquoi 11:14, excellent premier film de Greg Marcks présenté à Deauville l'année dernière, dans lequel vous jouez, met si longtemps à trouver un distributeur aux États-Unis ?
On en revient au même problème. Il y a tellement de films à vendre que les branches marketing des distributeurs ne peuvent parfois choisir rapidement sur quel cheval ils vont parier. 11:14 est un bon film avec un bon casting, et peut toucher une audience. Le public lors de projections tests a adoré cette œuvre, mais les bobines sont sur une étagère pendant que des cadres délibèrent sur ses bons et mauvais points.

(août 2004)


Henry Thomas dans 11:14

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