Hugo Cabret : la conférence de presse

Simon Riaux | 5 décembre 2011
Simon Riaux | 5 décembre 2011
La conférence de presse a beau être l'exercice le plus cadenassé et convenu du large éventail promotionnel dont bénéficient les films du calibre d'un Hugo Cabret, certaines font battre le petit cœur cruel du journaliste plus fort que d'autres. C'était le cas ce lundi 5 décembre, alors qu'étaient réunis à l'hôtel Bristol Martin Scorsese, Sir Ben Kingsley, Asa Butterfield, et Chloé Moretz. Un quatuor enthousiasmant et quasi-féérique, entre espoirs pleins de fougue et vieux maîtres au fait de leur rayonnement.

Il ne fallait bien sûr pas attendre de ces quelques minutes de fracassantes révélations, mais les mots choisis avec passion autant que goût par un réalisateur assurément en état de grâce, et ses comédiens, enchantés par le lieu et l'accueil qui fut le leur. Lorsque l'on demande à Martin si, à la manière de la Madame Bovary de Flaubert, Hugo Cabret ne serait pas une pure extension de sa personne, il répond avec malice, en convoquant James Joyce. Il nous dira que Portrait de l'artiste en jeune homme est son livre préféré, et que là se trouve peut-être son rapport au jeune héros de son dernier film. Il y est question de Stéphane Dedalus, qui personnalise l'auteur, et dont nous suivons le basculement vers l'âge adulte. Une parenté évidente, tant le long-métrage de Scorsese est traversé d'une pure nostalgie, pour son héros, mais aussi les lieux qu'il traverse.

 


« Filmer à Paris, c'est plus qu'un hommage au cinéma, c'était un pèlerinage, quelque chose de l'ordre du sacré. » Il n'en faut pas plus pour conquérir un parterre de critiques. Cette passion, le metteur en scène a visiblement su la transmettre à ses jeunes interprètes, notamment Chloe Moretz. « C'était une de ces expériences magiques... Marty était là, et tout le monde se disait “c'est surréaliste“ parce qu'on n'est pas seulement en train de faire un film avec Martin Scorsese, on le fait en tant que jeune acteur, à treize ou quatorze ans. C'était vraiment surréaliste. » La même émotion est palpable lorsque Asa Butterfield évoque sa première rencontre avec le cinéma de Méliès, au cœur des thèmes de l'œuvre. « Le premier Méliès que j'ai vu... Marty nous avait emmenés à New York, nous étions en plein jetlag. Je me suis réveillé à 3h du matin, et je m'ennuyais, il n'y avait rien à faire, il faisait noir dehors, il n'y avait pas de room service, alors j'ai pris un ordinateur, et j'ai regardé de vieux Méliès sur YouTube. »

 


Les yeux et oreilles furent également braqués sur Ben Kingsley, que nous avions pour consigne d'appeler Sir Ben (les fans de Star Wars faillirent tourner de l'œil). Le comédien nous fit profiter de son flegme et de son goût pour le tournage en 3D. « Avec cette technique il faut travailler avec son cœur et non sa tête, car si vous travaillez avec votre tête en 3D, c'est fichu. Vous devez être terriblement naturel, précis, et devez rester modeste face à la caméra. Le plaisir de la 3D et d'avoir Marty derrière la caméra, c'est que peu importe à quel point on est minimaliste, rien n'est perdu, rien n'est gâché. C'est fou de voir capturé tout ce que vous avez donné. C'est superbe. »

Une technique dont le réalisateur a su brillamment tirer parti, et qu'il semble désireux de réutiliser dans un avenir proche. « Je crois que oui, j'aimerais envisager la 3D comme un élément à part entière dans le futur, sans aucun doute. Je voudrais l'inclure dans mes prochains films. » Voilà qui augure encore de quelques belles claques cinématographiques.

 


 

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