Toronto 2011 : Jour 3

Laurent Pécha | 12 septembre 2011
Laurent Pécha | 12 septembre 2011

Un rédac chef, ça montre toujours l'exemple d'où une absence totale de compte-rendu depuis presque 3 jours. Mais voilà, j'ai une grosse, une énorme excuse et même plus d'une. C'est qu'au TIFF, ils montrent des films les organisateurs : résultat, les horaires se sont considérablement élargis, de 7h30 du mat à 3h du mat. Et comme entre les deux, je cours de projection en projection, sortant même de certaines avant pour parvenir à celle d'après à l'heure, pas facile d'écrire. Sans parler des tapis rouge pour interroger de la star.

Et justement, quand on parle de tapis rouge, il faut bien revenir sur mon autre excuse pour ne pas avoir donné signe de vie depuis 72 heures : son nom, Ryan Gosling. Ryan, j'ai commencé à le rater à la conférence de presse du Clooney pour cause de salle prise d'assaut et par la même occasion j'ai aussi raté la dernière projection de The Raid, le film au buz de folie, mix entre Ong Bak et A toute épreuve (pour les plus enthousiastes). Le prochain qui me demande si je l'ai vu et ce que j'en pense, je le trucide d'ailleurs. Pour le savoir sur EL, il faudra attendre un mois et son passage attendu à Sitges. Hors de question de faire à nouveau fanny au bar pour mon ultime chance de rencontrer l'homme qui hante mes nuits. Direction ma place réservée pour le tapis rouge de Drive. Pour être sûr de mettre tous mes atouts de mon côté, je prends comme assistante une jolie attaché de presse du festival, toute heureuse de me rendre service. Sûrement mon charme naturel, je ne vois que ça !


L'évènement était à la hauteur de mes attentes. La foule de jeunes filles était là en délire pour accueillir le héros local qui risque fort d'avoir sa statue dans toutes les villes canadiennes d'ici peu. Les « Ryan, we love you et autres Ryan, you're so sexy » étaient de mise. Et moi, d'attendre fébrilement ce Paul Newman des temps modernes. Notre échange fut court et bon (bientôt les images de notre sex-tape) et Ryan, en toute modestie à ma question êtes-vous un super-héros sans costume, me répondit « je suis juste un petit canadien ».  So long my friend et pour nos amies lectrices (et même lecteurs aussi sous le charme que moi), je le confirme : cet homme est...vous pouvez mettre tous les superlatifs que vous voulez !

Bon sinon y a pas que Ryan dans la vie (ah ben si je m'en réfère aux milliers de textos envoyés par Laure et Perrine me demandant de leur préparer leur contrat de mariage avec le jeune homme). Il y a donc les films et depuis samedi, votre serviteur en a vu un sacré paquet. Revue de presse :

 

Alexander Payne se perd à Hawaï 

La rencontre Payne-Clooney déçoit. On est ici loin de retrouver le cinéaste inspiré de Sideways. La route des vins californiens convenait magnifiquement au spleen poétique de Payne, celui d'Hawaï nettement moins. On y suit l'ami George en pleine crise : sa femme est dans le coma suite à un accident de bateau et elle va bientôt mourir, il doit s'occuper de ses deux filles, ce qu'il n'a jamais fait et il doit gérer la succession familiale synonyme de gros sous et de tensions entre les différents cousins. Et par-dessus tout, il apprend, de la bouche de sa fille aînée, que sa femme avait une liaison. Bref, ça va mal pour mister Expresso qui a un mal fou à se montrer totalement convaincant dans le ton tragi-comique qu'affectionne Payne, lui pourtant bien habitué au genre avec ses expériences avec les Coen. Jamais déplaisant, The Descendants imprime un rythme longuet tout ne sachant jamais créer un réelle empathie pour son héros. (3/5)

 

 

 

Du film choral à la Meirelles

Le très hype réalisateur, Fernando Meirelles, joue avec 360 la carte du gros, très gros film choral avec interaction entre les personnages pour mieux relier les différentes saynètes de vie entre elles. Comme trop souvent avec ce genre d'expérience, on s'attache plus à certaines histoires qu'à d'autres et le risque du film bancal pointe alors son nez. Meirelles parvient en grande partie à l'éviter par son regard très juste et sobre sur ses personnages en quête d'amour, pris eux aussi dans le gros spleen de la vie. Mais il joue trop avec le feu et finit par se brûler : en castant des stars (Jude Law, Rachel Weisz, Anthony Hopkins, Ben Foster, Jamel Debouze), il créé le désir chez le spectateur de les voir souvent à l'écran. Or, ce sont les segments avec celles-ci qui s'avèrent les moins aboutis, engendrant une vraie frustration au moment où la lumière se rallume.  (3/5).

 

 

 

Le Shaun of the dead cubain

On appelle ça un buz qui se dégonfle. Déjà, à Cannes, au marché, on avait pu voir des extraits de ce Juan of the dead qui avaient bien atténué notre enthousiasme. La découverte du métrage dans son intégralité a renforcé ce sentiment. Si on passe outre quelques passages et répliques assez rigolotes sur la condition des cubains au regard du monde qui les entoure, Juan of the dead souffre d'un côté artisanal bien trop potache pour réellement espérer ne serait-ce qu'effleurer la réussite du film d'Edgar Wright. On appelle ça une déception ! (2/5).

 

 

 

Du Wu Xia Pian autre

Avec son titre qui pourrait faire croire à la suite des aventures de Jason Bourne, The sword identity cache en fait un Wu Xia Pian bien différent ce que le cinéma chinois a su offrir par le passé. D'ailleurs, le catalogue du TIFF ne le cachait pas en qualifiant le film de « very special ». On y suit l'itinéraire d'une épée singulière et son propriétaire qui sont rejetés par tous les clans chinois du fait que l'arme semble être d'origine japonaise. Pour ceux qui s'attendent à un film enchaînant les combats spectaculaires, la déception sera grande. Dans The Sword identity, ce sont les dialogues et la philosophie qui priment sur l'affrontement. Quitte à rendre le film incroyablement austère ! (2/5)

 

La folie de la Midnight madness

On y reviendra dans un article spécifique (avec vidéo à l'appui) mais il y a un truc à ne pas rater quand on va au TIFF, c'est la Midnight Madness, l'endroit où l'ambiance devient folle. Projetés à minuit devant un public de fins connaisseurs qui sait parfaitement manifester son bonheur ou le contraire, sélectionnés avec un enthousiasme débordant par Colin Geddes (les introductions du bonhomme sont juste énormes), les films ont ici un écrin de choix. C'est un peu le festival de Cannes des films d'horreur ou du moins comme le dit son programmateur des films qui sont là pour réveiller son public. On en a eu la preuve avec You're next, un slasher parodique du mec qui avait commis A horrible way to die (j'ai encore les yeux qui saignent en repensant à son film vu à Sitges l'an dernier).

Qu'importe si le film est au premier ou second degré, le résultat dans la salle est sans appel : ça se bidonne comme jamais. Ca hurle son plaisir devant la succession de meurtres grand guignolesque, ça rigole à tout va devant les twists débilos et le jeu outrancier des acteurs (avec au passage le retour de Barbara « Re-animator » Crampton en mère de famille, le temps passe vite). Bref, c'est un régal qui ne durera que le temps de la projection. Mais quelle expérience. Donc c'est du 3,5/5 en festival et du 2,5/5 max dans une salle normale.



To be continued...

 

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