Venise 2011 : jour 9

Simon Riaux | 9 septembre 2011
Simon Riaux | 9 septembre 2011

Ça y est, la 68ème Mostra de Venise touche à sa fin ! Alors que nombre de festivaliers et journalistes ont déjà quitté les lieux (rendant l'accès aux séances beaucoup plus simple), la Team EL se scinde en deux. En effet, obligé de rentrer à Paris, je quitte Geoffrey, qui sera donc seul à Venise pour vous narrer l'ultime journée de cette manifestation haute en couleur, et nous donnera donc son opinion sur le très attendue Texas Killing fields, de la fille du sieur Mann, dont nous aurons le loisir de vous présenter quelques interviews.

 

 


 

 

Nous ne nous attarderons sur ses adieux déchirants et sur les larmes que nous échangèrent au crépuscule de cette aventure humaine hors du commun, car l'émotion nous étreint plus que de raison. Et puis, comme je rédige ce compte-rendu depuis l'avion brinquebalant d'une compagnie low cost, les tremblements de la cabine m'empêchent de taper correctement sur le clavier de mon ordinateur.

Bref, depuis notre dernier récit quotidien, Mon acolyte et moi-même avons vu deux films, et pas des moindres. En premier lieu le Faust de Aleksandr Sokurov, qui nous divisa profondément. Geoffrey y vit une oeuvre passéiste, dont l'utilisation du mythe de Faust tenait plus de la cosmétique que de la véritable adaptation. Ce furent surtout les partis pris esthétiques du réalisateur qui l'agacèrent, leur aspect hors du temps lui sembla passéiste et hermétique. « On dirait une parodie de deux heures trente d'un mauvais Herzog, je ne comprends même pas que quelqu'un ose faire un truc pareil de nos jours, c'est abominable, » furent en gros les premiers mots de mon camarade au sortir de la projection.

 

 


 

 

Pour ma part, je pensais tout l'inverse, considérant le film comme une réussite esthétique totale, un tableau vivant certes hors du temps, mais pas passéiste pour un sou. Au Contraire, Sokurov manie énormément d'influences, qu'il fait cohabiter avec une aisance déconcertante, passant d'un bain monstrueux, digne des Aventures du baron de Munchausen à un enterrement que l'on jurerait sorti d'une peinture flamande. Qui de nous deux détient la vérité ? Disons que si vous avez appréciez le colossal Molloch du même auteur, vous devriez trouver grandiose son Faust.

Après plusieurs journées de déceptions amères, de films dont on se demandait quel était la légitimité au sein de la sélection, on craignait que le Friedkin n'ait été sélectionné que grâce au nom de son illustre réalisateur. Blasphème ! Honte sur nous ! Car Killer Joe est une véritable pépite de rage (jamais contenue), de violence, et d'humour tordu. McConaughey y fait exploser son image de beau gosse trop lisse en incarnant jusqu'au bout des ongles un tueur au sang de reptile, qui au nom de sa bluette naissante avec une gamine issue d'une famille dégénérée, va dispenser quelques leçons de savoir mourir autour de lui. Le réalisateur étonne encore, tant il fait preuve d'une liberté et d'une folie dont beaucoup devraient s'inspirer. Un festival d'ironie et de mauvais esprit euphorisant.

 À demain pour un ultime compte-rendu et le bilan de cette édition 2011 !

 


 

 

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