Italie à main armée

Patrick Antona | 13 juillet 2006
Patrick Antona | 13 juillet 2006

Italie à Main Armée : Braquage réussi pour Neo Publishing

La sortie de trois films majeurs de la production italienne (tendance série B) des années 70, dans la collection Italie à main armée dédiée au néo-polar violent si caractéristique de cette époque, est une très bonne entrée en matière pour mettre le focus sur une contrée où le cinéma est dorénavant une industrie sinistrée. Car en cette époque bénie, nos voisins transalpins sont les maîtres du cinéma d'action made in Europe. Alors que la critique officielle n'a d'yeux que pour les œuvres de Dino Risi, Luigi Comencini ou Ettore Scola, Cinecitta produit en parallèle nombre de westerns, de films d'horreur et d'actions, de thrillers (le giallo), de comédies, le tout saupoudré d'une bonne dose d'érotisme qui ont rempli avec succès les salles de cinéma le samedi soir. Dans cette production pléthorique, où il faut bien tirer le bon grain de l'ivraie, il est un genre qui, à lui tout seul, est resté comme le miroir d'une époque troublée, immortalisée sous le nom des « Années de Plomb » : ce genre-phare c'est le néo-polar italien ou Poliziotteschi en version originale.

Historiquement né avec Bandits à Milan, signé Carlo Lizzani en 1968 (diffusé au printemps dernier à la Cinémathèque de Paris), cette nouvelle approche d'aborder le film policier, très inspirée des films américains de Robert Aldrich et de Don Siegel, décrivant de manière frontale une criminalité galopante qui se répand dans les grandes cités italiennes, ne fait que retranscrire de manière spectaculaire le malaise qui commence à gagner la civilisation occidentale moderne. Avec la contestation venue d'extrême gauche qui aboutira à la création des Brigades Rouges, les vagues d'attentats (dont certains perpétrés par les officines de l'Etat comme il en est question dans Romanzo Criminale) qui ensanglanteront la Péninsule pendant plus de vingt ans, l'influence manifeste de la Mafia jusque dans les antichambres du pouvoir, le cinéma policier italien trouvera le terreau idéal pour accoucher d'œuvres qui sont restées uniques à ce jour.

Si de grands réalisateurs habitués des festivals comme Carlo Lizzani, Francesco Rosi ou Pasquale Squitieri se sont frottés au genre, le film policier italien sera le moyen à toute une frange de faiseurs du B-Movie à l'Italienne de gagner leurs lettres de noblesse et de sortir (de manière certes temporaire) de l'ornière artistique dans laquelle ils se trouvaient. De Sergio Martino à Sergio Sollima, en passant par Enzo G. Castellari et Lucio Fulci, pratiquement tous les artisans du cinéma de genre ont livré, par le biais de films commerciaux et souvent complaisants en ce qui concerne la représentation de la violence, toute une flopée de titres dont beaucoup sont considérés comme des « petits » classiques. Rome violente, La Rançon de la peur, Milan Calibre 9, Un citoyen se rebelle, pour n'en citer que quelques uns, surprennent encore de nos jours par leur audace visuelle ou leur vision pessimiste et sans concession, reflet d'un contexte socio-politique en pleine instabilité.

 


Très peu diffusé hors d'Italie ou uniquement dans les cinémas de quartier, le néo-polar italien a plus connu de succès grâce à l'émergence de la VHS dans les années 80, mais pour uniquement se contenter de copies en VF (au doublage de bonne facture il faut le noter) et à la qualité des plus aléatoires, sans parler des versions amputées et recadrées. Donc rendons hommages à Neo Publishing de nous permettre la découverte d'un genre encore très peu connu des amateurs par le biais de ces trois films disponibles dans des éditions DVD de qualité : Milano Trema : la Polizia vuole giustizia (Rue de la violence,1973) de Sergio Martino, Milano odia : la Polizia non pro sparare (La rançon de la peur,1974) d'Umberto Lenzi et Roma a mano armata (Brigade spéciale,1976) toujours d'Umberto Lenzi deux ans plus tard.

 

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Après avoir parcouru les tests précités, vous pourrez vous plonger dans les entretiens réalisés par Flavien Bellevue, qui n'a pas hésité à se rendre courageusement à Valenciennes pour y rencontrer les glorieux artisans du cinéma B à l'italienne, Alberto de Martino, Luigi Cozzi, Sergio Martino et Enzo G. Castellari, toujours disponibles pour livrer leurs souvenirs.

 

 

 


 

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