Cannes wars Épisode 9
Last days of Cannes
Quoi de plus «eqtrange» et de plus bizarre pour un critique de
«cinzma» n'ayant pas la «prioritd» dans la salle de presse du palais et
n'«ayan ;» pas d'ordinateur assez élaboré pour pouvoir se connecter
dans la spendide salle design «blamc oç »anges wifi et se retrouver
dans une salle de presse qvec un «clqvier» anglais ! C'est ça aussi le
festival de Cannes. Bon, trève de plaisanteries et de fautes de frappe
(vive le querty !), je vais quand même essayer d'apprendre leur langage.
Jeudi
enfin, les spectateurs ont compris qu'ils regardaient un film au palais
du plus grand festival de cinéma du monde. À vrai dire, de Wim Wenders,
l'ami allemand, on n'attendait plus grand-chose depuis ses Ailes du désir,
trop occupé à nous livrer des road-movies high tech et existentiels ou
encore des documentaires sur la salsa à Cuba. Et pourtant, dès les
premières images de Don't come knocking, on comprend ce que
cinéma veut dire. Avec un CinémaScope « bigger than life », Wenders
filme dans une photographie éblouissante, d'une profondeur superbement
imposante comme personne ne l'avait fait depuis Anthony Mann ou John
Ford. Vient s'associer à ce plaisir des yeux, celui des oreilles, avec
la fascinante musique de T.Bone Burnett qui reprend là brillamment le
flambeau de l'habituel compagnon de route du cinéaste, Ry Cooder.
Don't come knocking
agit comme une fulgurante piqûre de rappel et on se souvient alors à
quel point Wenders peut être un très grand réalisateur et l'un des
rares à savoir filmer l'Ouest (c'est ici encore plus mémorable que dans
son célèbre Paris Texas). À ce titre, la présence de Sam Shepard à l'écran est tout sauf un hasard lorsqu'on se souvient de son influence sur Paris Texas.
Pour accompagner l'acteur, Wenders s'est offert un casting hors norme :
Sarah Polley qui hante le film de son physique si particulier, Tim Roth
en agent du fisc impeccable, Jessica Lange de plus en plus belle avec
l'âge et la déjantée Fairuza Balk, sans oublier une revenante
savoureuse, Eva Marie Saint.
L'amateur
de cinéma tout aussi enthousiaste qu'il soit a peur à la fin du film :
ça fait ringard d'applaudir à un film de Wim Wenders. Pourtant, quand
la lumière s'est rallumée, ça a été le triomphe, une salle comble
debout applaudissant pendant vingt minutes sans interruption. C'est la
première fois que cela se produit cette année. Wim Wenders a réussi un
sans faute : il nous a emmené quelque part dans l'Ouest, signant
peut-être son film le plus abouti. Il y avait quelque chose de
fascinant à voir Jim Jarmush présent deux rangs plus loin en train de
regarder le film qu'il avait rêvé de faire. En effet, Jarmush, deux
jours auparavant, nous avait raconté exactement la même histoire : un
père à la recherche de son enfant. Mais Jarmush, cinéaste de l'errance,
avait fait « juste » un bon film et n'avait rien sublimé, se contentant
de filmer, avec son habituelle humilité, le jeu tout en retenue de Bill
Murray. Wenders lui a réalisé une Palme d'Or. Merci Wim !
Maintenant sur la croisette, tout semble se jouer entre Wim Wenders et Jim Jarmusch. On entend beaucoup dire que Don't come knocking
aurait la Palme tandis que Bill Murray aurait le prix d'interprétation
masculine. Pour l'auteur de ces lignes, le doute n'est pas permis : le
fameux coup de poing tant attendu en début de festival, c'est bien le
père Wenders qui me l'a asséné. Si Kusturica et son jury ne lui donne
pas, le cinéaste aura au moins le certitude de gagner la palme le plus
sincère, celle du public.