L'autre Orange Mécanique : le grand film punk que vous ne connaissez pas (et c'est bien dommage)

Geoffrey Fouillet | 19 octobre 2023
Geoffrey Fouillet | 19 octobre 2023

Avant d’incarner Alex DeLarge, Malcolm McDowell partait déjà en vrille dans la peau de Mick Travis, le héros rebelle de if...., Palme d’or en 1969.

Attention, accrochez-vous : il existe une autre Nouvelle Vague que celle attribuée au cinéma français, et elle a déferlé sur le Royaume-Uni quelques années plus tôt sous le nom de "Free Cinema". Si plusieurs cinéastes anglais ont surfé dessus, avec l’envie de renverser la vapeur, Lindsay Anderson s’est finalement distingué du lot, notamment grâce à l’uppercut If… qui lui a valu de décrocher la récompense suprême au Festival de Cannes.

Parmi tous les films ayant fait souffler un vent de révolution à l’écran (de Metropolis à V pour Vendetta, et on s’en tiendra là, rassurez-vous), If…. reste un cas d’école bien plus radical que la plupart des brûlots du même genre, et c’est à Malcolm McDowell, alors nouveau visage un tantinet menaçant du cinéma britannique, que revient la responsabilité de mettre le feu aux poudres.

 

if.... : photo, Malcolm McDowellC’est sa tournée, et il régale (vous voilà prévenus)

 

(IN)DISCIPLINE, QUAND TU NOUS TIENS

Plus il y a d’interdits, plus le désir de les transgresser est fort, c’est bien connu. Dès l’ouverture du film, ce constat s’impose non sans ironie. D’abord, on entend une jeune assemblée entonner avec ferveur un cantique religieux. Puis l’instant d’après, les voix angéliques cèdent la place à un boucan de tous les diables. Nous voici alors dans un prestigieux collège/pensionnat pour garçons, et la fine fleur de demain se réduit à une horde d’élèves qui se bousculent, se battent et s’insultent entre eux.

La note d’intention est claire : il n’y a d’autorité que celle que la jeunesse se donne. Pourtant, l’École a tout de l’empire despotique, et Anderson s’amuse de cet environnement ultra-rigide pour glisser lentement, mais sûrement vers l’anarchie, incarnée par Mick et ses deux acolytes, Johnny et Wallace. Si les plans fixes sont légion et entérinent la domination du corps professoral sur les élèves, on remarque aussi quelques bizarreries stylistiques, notamment des transitions aléatoires de la couleur au noir et blanc.

 

if.... : photoQui sort du rang scelle son sort

 

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commentaires
Geoffrey Crété - Rédaction
19/10/2023 à 21:35

Quelques éléments de réponse, et quelques rappels possibles pour les gens qui lisent à chaque fois que je parle de tout ça.

1) On est les premiers à reconnaître volontiers qu'on est loin d'être irréprochables. On a fait plein de titres ratés, exagérés, grossiers, et on en fera encore. Je l'ai déjà dit et je le redirai encore.

2) Les titres sont un défi de plus en plus grand parce que les règles posées par Google/Discover (qui représente jusqu'à 80% de l'audience d'un site comme EL) sont aussi carrées que tristes, mais qu'on a vu un vrai bond dans les lectures quand on l'a appliqué. Il faut donc faire avec. On se retrouve à passer énormément de temps sur ces titres, avec les problématiques du quotidien (parfois, personne n'a le temps, l'envie, l'énergie... parce qu'on préfère écrire des articles, des vidéos ou des podcasts, donc c'est une petite partie du métier qui devient de plus en plus grosse). Et quand on a la flemme, ou pas l'inspiration, qu'on est crevés ou découragés, on constate rapidement que chaque titre pas bien travaillé et construit selon les règles, ça équivaut à quasi condamner l'article.

3) Le titre a un but : donner envie. Que ce soit le titre de couverture d'un magazine, ou de l'article sur internet.
Si on est trop froid, trop simple (par exemple, "If : retour sur ce grand film de Lindsay Anderson"), ça réduit considérablement la vie de l'article, on l'a vu pendant des années à faire ces titres là, avant de tester la "méthode normale d'internet" depuis quelques temps. L'écart est proprement hallucinant.
Si on abuse trop pour faire provoc (par exemple, "Oublie Orange Mécanique, ce film est vraiment mieux"), ça va naturellement énerver. On cherche donc l'équilibre. Et on en revient au point numéro 1 : on peut se tromper, clairement.

4) Ceci étant dit, on s'adresse bien à un public très large. Ici, on veut pas simplement être lus par les gens connaisseurs et convaincus. On veut faire découvrir If à nos lecteurs et lectrices qui ne l'auraient pas vu, ne le connaîtraient pas, et pourraient avoir envie si on leur donnait un petit "truc" comme argument. On s'est dit qu'Orange mécanique avait du sens, et qu'on en parlait plus en détail dans l'article. L'objectif du titre devient alors double : intéresser/ne pas repousser les gens qui connaissent + intéresser/attirer les gens qui ne connaissent pas. C'est pas toujours facile, mais on fait au mieux.

5) Les titres sont des portes d'entrée, mais derrière, on a toujours des articles écrits avec la même passion, et qu'on essaye de maintenir aussi longs, fouillés et intéressants, peu importe les règles Google qui incitent aux articles courts et superficiels.

6) On réfléchit très sérieusement à où va Ecran Large, notamment à une manière de défendre notre territoire et trouver le bon équilibre entre "on doit respecter les règles de Google sinon on disparaît" et "on veut créer un espace qui satisfait l'équipe et le lectorat fidèle, notamment avec l'offre abonnés". On sait que plein de fidèles sont très exigeants et ils/elles ont raison, et nous les premiers on rêve de pouvoir aller plus à fond dans notre direction à nous, et pas trop influencés/bloqués par Google. Gros travail, beaucoup de facteurs, mais on s'accroche et c'est un chantier toujours ouvert.

Pour conclure.
Si besoin était : absolument zéro mépris dans ce titre. On passe notre temps à répéter notre approche : pas de hiérarchie des arts, toujours encourager les débats, et toujours garder un peu de légèreté. Ce titre est-il parfait ? Non. Aucun ne l'est, et certainement pas sur EL. Ce film est-il connu au point d'avoir été vu par tout le monde et sonner comme une évidence ? ... Franchement, j'en doute fortement.

Mais pour moi, si quelqu'un a vu ce film et considère qu'il est ultra connu, le titre donnera envie de répondre "pff non mais calmez vous, je l'ai vu, plein de gens l'ont vu". Y voir une marque de mépris, de "on vous apprend la vie bande de veaux incultes", c'est très mal nous connaître. Donc je préfère le réaffirmer.

Wooster
19/10/2023 à 20:00

Je me souviens avoir vu ce film il y a très longtemps et je l’avais beaucoup aimé à l’époque.
Cela dit, c’est un film dont je n’ai jamais vu d’edition DVD, et qui ne doit pas passer souvent à la télé. Je ne pense pas que ce soit faire insulte à quiconque d’estimer qu’il est tombé aux oubliettes pour les moins de 40 ans (en tout cas l’immense majorité) tout simplement parce qu’ils n’ont jamais eu l’opportunité de le voir.

Eomerkor
19/10/2023 à 19:10

Le rapport avec Orange mécanique c'est Malcolm Mcdowell qui y joue les sales gosses. Pour le reste je le trouve assez différent. C'est plus un film sur une révolte contre le système et la fameuse éducation à l'anglaise qui a fait mal à tant de derrières qu'une critique de la société et de sa violence. Le film est génial. Malcolm Mcdowell est génial.
Autre film des sixties sur la révolte contre l'autorité. The Loneliness of the Long Distance Runner. Je l'ai vu à peu près en même temps qu'If... Tom Courtenay (King & Country) est plus sage mais la fin est nettement plus "punk" je trouve !

Cidjay
19/10/2023 à 17:38

en fait c'est simple, il manque juste "peut-être" dans le Titre, et ça change tout !

L'autre Orange Mécanique : le grand film punk que vous ne connaissez peut-être pas (et c'est bien dommage)

Si je dis : Chez écran Large Personne ne connais Spookies, et c'est la honte. c'est le plus grand film du siècle... Bah, ne fait j'en sais rien du tout, et ce serait très présomptueux de ma part de croire que je sais ce qu'il y a dans vos têtes.
Le mot "condescendant" que j'ai utilisé dans mon précédent message n'était peut-être pas le bon, présomptueux, en revanche, est mieux choisi.

Geoffrey Crété - Rédaction
19/10/2023 à 17:21

Je veux bien entendre mille critiques sur tout ce qu'on fait. On y a droit sur nos avis, nos titres, nos images, nos blagues, nos tronches. C'est le jeu.

Mais dire que ce titre est extrêmement méprisant...
On s'adresse depuis toujours à un public large. Si vous connaissez ce film, super ! Mais plein de gens ne le connaissent pas, on constate ça tous les jours avec des réactions sur les articles, vidéos, podcast, réseaux sociaux... sur quantité de sujets, depuis des années. Et aucun problème à ne pas connaître des oeuvres. J'en découvre encore chaque semaine.

RobinDesBois
19/10/2023 à 15:23

Vu y a un bail. J'ai pas du tout accroché, je me rappelle surtout de la fin inutilement provocatrice. Rien à voir avec Orange Mécanique en tout cas, sur la forme comme sur le fond.

Cidjay
19/10/2023 à 15:16

C'est vrai que Geoffrey s'était déjà exprimé sur les titres Pµtaclic, mais j'avoues que quand je lis des titres condescendant comme ça, j'ai toujours envie de répondre avec la même façon pour que vous ressentiez mon ressenti, du genre :

Pourquoi écran large est en train de mourrir et tente (Pitoyablement) de prendre son lectorat pour des demeurés avec des titres dignes de jeuxvideo.com ?

(humour hein ! ^^)

Le Serpent
19/10/2023 à 15:05

Un de mes films préférés hihi...non mais faut prendre le titre au 2nd degrés :-)

John X
19/10/2023 à 14:48

@Constantnie
?????????????????????
Une colère (encore, une de plus) inexplicable, incompréhensible et qui n'a certainement aucune raison d'être au sujet de cet article.
"If" et la vague "Free Cinema" me sont (m'étaient) parfaitement inconnu (pas d'insulte merci) c'est donc l'occasion pour moi de découvrir.
Et oui nous sommes souvent différents, un commentaire portant sur : "comment et ou découvrir ce genre cinematographique" serait bien plus utile à la communauté des lecteurs.

The insider38
19/10/2023 à 13:57

Perdu ! Et si je connais ! Je l’ai même vu en salle à l’époque ! J’etai ado !!!

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